Comment enrichir une terre pauvre ?
Comment enrichir une terre pauvre ? Me voici à nouveau confronter à cette question. C’est le quatrième terrain que je cultive et ce dernier a particulièrement un sol pauvre. C’est d’autant plus contrastant qu’il est riche en vie. On pourrait dire que le terrain est pauvre pour nos cultures dégénérées mais en aucun cas pauvre pour les essences sauvages.
Comment rendre un sol fertile par hasard !
Je ne vais pas vous faire saliver plus longtemps ! Je vais vous donner le meilleur tout de suite. Ce meilleur finalement tient à peu de chose et c’est le fruit du hasard.
Si vous me suivez, vous savez que j’ai cultivé un terrain en Normandie. Pour me protéger de mon voisin agriculteur, j’ai installé des grosses buttes sur les limites de propriétés. Pour éviter que les buttes ne se couvrent d’herbes indésirables, j’ai couvert les buttes avec du carton et une bonne épaisseur de broyat de bois. Je ne dis plus BRF pour ne plus heurter les puristes ! 😊 J’ai longtemps pratiqué cette couverture épaisse, avec du broyat, dans mon potager en carrés. Je recommande cette technique pour faire les allées entre les planches de cultures.
Cependant des buttes ne sont pas des allées ! La première penche plus que la seconde. Plus sérieusement, le broyat de bois sur les buttes à tendance à glisser sur la pente pour s’entasser dans le bas. Les oiseaux venant accélérer considérablement ce glissement. Du coup, je me suis vite retrouvé avec 40 cm de broyat en bas et les cartons à nu sur le haut.
Comme j’avais fait livrer auparavant vingt mètres cube de ce broyat, j’ai complété le manque sur le haut des buttes avec une nouvelle couche de broyat et pour ne plus le voir descendre, j’ai recouvert celui-ci d’une bonne couche de foin. Je crois que je n’ai jamais fait un paillage aussi épais ! Largement plus de 50 cm aux pieds des buttes.
Le miracle de la vie du sol
C’est là que ça devient intéressant ! Pour préparer notre déménagement, j’ai cet hiver déraciné quelques arbres fruitiers pour les mettre en attente dans les buttes. C’est en creusant dans le pied de la butte que j’ai pu constater le miracle de la vie ! Ok, j’en rajoute, mais en voyant toute cette vie, j’ai ressenti beaucoup de joie. Sous la couche de foin, le broyat de bois à l’abri et dans une humidité constante s’est couvert d’un réseau de mycéliums important et le nombre de gros vers de terre a littéralement explosé dans ce substrat. L’explosion de la vie se voit aussi à l’extérieur, les plantes sont particulièrement exubérantes.
La méthode accélérer pour régénérer la terre
Sur notre nouveau terrain, les conditions de sol sont assez difficiles pour l’instant. Les fortes pentes et les orages violents contribuent largement à l’érosion du sol. De plus, la composition du sol montre qu’il y a peu d’argile et peu d’humus. Pour rendre encore plus difficile la culture, durant l’été, le sol cuit. Les fortes chaleurs finissent par détruire les micro-organismes du sol qui pourraient contribuer à son amélioration. Comment faire pousser nos légumes sur ce sol peu favorable, qui sèche très vite.
On doit impérativement créer du sol fertile à partir de cette terre pauvre. Selon moi, pour aller vite, il n’y a pas cinquante solutions. Apporter un maximum de matière organique. J’ai facilement disponible du bois sur le terrain, du fumier de cheval chez le voisin et des déchets de bois à la scierie du coin. Mon intention est de couvrir les parcelles, que je compte cultiver, d’une couche d’au moins 20 cm de broyat de bois qui sera ensuite recouvert de foin pour maintenir de l’humidité dans le broyat de bois.
Les broussailles pour régénérer les sols
Vingt centimètre de broyat pour couvrir 200 mètres carrés ça fait 20 mètres cubes de broyat ! autant dire que le fruit de notre travail de débroussaillage risque d’être insuffisant pour nos projets de culture. C’est comme ça que j’ai fini par me mettre en recherche de broyat de bois. Je suis finalement tombé sur la vidéo de Nicolas Brahic et de sa méthode de régénération des sol pauvres à partir des broussailles.
J’ai pu discuter au téléphone avec Nicolas qui a confirmé ce que j’ai pu constater dans mes buttes en Normandie. Pour que les processus de dégradation du bois puissent facilement se mettre en place, il faut maintenir une humidité constante. Soit en pulvérisant de l’eau régulièrement, soit en couvrant le bois. Les broussailles sont une ressource à exploiter pour améliorer nos sols. Nos deux parcelles de bois de 3500 m2 serviront à augmenter notre production de broyat de bois dans les années à venir. Pour cette première année sur notre nouveau terrain, je compte me faire livrer 20 m3 de buxor. Le broyat prédigéré que propose Nicolas.
Pour que les mécanismes de transformation du broyat se mettent en place, il faut bien sur des bonnes conditions mais aussi du temps. C’est ce que j’ai aussi constaté dans mes propres tas de broyat. Après au moins six mois de mis en tas, les réseaux de mycélium commencent à se développer et les populations de micro-organismes grandissent. Ce qui veut dire, qu’il faut avoir toujours sur le terrain un tas de bois broyé. C’est un peu comme le levain que le boulanger doit conserver pour faire son pain. Le levain du jardinier est le tas de bois broyé conservé à l’humidité.
Combinaison gagnante pour améliorer sa terre
Dans la pratique, à l’époque où j’écris cet article c’est quasiment la canicule, les sols sont brulés par le soleil. Trop de chaleur dans le sol, ne favorisent pas la vie qu’il faudrait y maintenir. Il est urgent pour nous de couvrir au mieux nos future parcelles. De plus, après avoir étaler le broyat de bois et le paillage courant de l’été, il nous reste l’opportunité de cultiver un engrais vert durant l’automne. Aux vues des pratiques de maraîchage sur sol vivant, je compte utiliser le pouvoir des racines pour faire le lien entre le broyat de bois et le maigre sol minéral en-dessous. Cette culture d’engrais vert ne sera pas ponctuelle mais annuelle. C’est-à-dire que, sur le potentiel carbone que représente le broyat de bois, les cultures annuelles d’engrais verts, apporteront les restes des éléments nécessaires à nos propres cultures. En bref, on doit dans une même action :
- Protéger notre sol du soleil et de l’érosion
- Améliorer la terre pour la rendre fertile
- Créer des conditions favorables au développement de la vie du sol
- Produire de la biomasse
- Produire notre nourriture
Finalement pour solutionner ces cinq problèmes, je dirais qu’il n’y a que deux actions à mettre en place :
- Couvrir le sol avec le broyat de bois et le foin
- Cultiver des engrais verts
Nous verrons dans les prochains articles, comment mettre en œuvre ces deux actions.
Salut moi dans la belle province du Québec (montérégie) ce printemps j’ai mis une bonne couche épaisse de feuille morte sur les fraises framboise et ma nouvelle vigne ca commence a disparaître tranquillement mes 3 plants de beuet paillis de cèdres grâce au commentaire de Loic et autre sur le net j’ai commencer a mettre du paillis de matériaux de construction broyer avec un peu de chaux alentour des tomates célerie, piments cette autonme je vais voir quoi cela donne du brf dans les quincaillerie dans le pépénières dans ma région pas vue en petit sacs comme le paillis de cèdres. M.TC broyer c’est une litière pour les vaches on prend avec quoi on a sur la mains merci et lâcher pas
Bonjour !
Qu’en est-il du chiendent et autre liseron ou équivalent sous cette couche épaisse ? Je cherche à étendre aussi mon potager, mais sur un endroit infesté de chiendent …
Bonjour, le mien aussi est couvert de chiendent. Il meurt petit a petit sous l’épaisse couche de carton et de foin
Bonjour Loïc, Beaucoup de commentaires négatifs sur la technique d’arrachage des buis et la mécanisation. Qu’en dites vous ?
Bonjour, dites nous ce que vous avez lu. Vous avez un lien ?
Bonjour, ce sont tous les commentaires laissés sous la vidéo Kaisen sur Nicolas Brahic (voir votre lien)
voila sa réponse : Nous ne touchons pas aux arbres, qui sont essentiels pour notre biotope. Nous nous concentrons sur la broussaille, de façon sélective et nette. Sélective grâce à une pince sécateur que nous avons co-conçue, permettant de cueillir plant par plant, et d’épargner les arbres ou essences à préserver. Nette, car la coupe s’effectue à ras du sol. Cela permet de conserver l’ensemble du système racinaire, et donc de favoriser une repousse plus rapide. Finalement, nous sommes assez proches d’une moisson, avec une ressource réellement renouvelable.
L’aération des zones par notre action est favorable à la biodiversité, au pastoralisme, et moins exposées au risque d’incendie. Il s’agit d’un exemple d’agro-sylvo-pastoralisme, adapté à notre milieu particulier Larzacois.
Notre activité est suivie par différents organismes, professionnels et acteurs. Elle doit être respectueuse de l’environnement à toutes les étapes, pour nos valeurs, et pour le cadre dans lequel nous avons la chance de vivre (patrimoine mondial de l’Unesco, Natura2000).
Bonjour à toutes et à tous
La moutarde comme engrais vert est très bien aussi, je m’en sers chaque année avec succès, mais il faut des hivers froids pour la détruire. Les vesces conviennent très bien sur sol sec et chaud et pauvre, vu que c’est une légumineuse elle va enrichir le sol. Le trèfle blanc est très bien, son développement n’est pas trop prononcé et pourrait éventuellement rester entre les légumes, c’est aussi une légumineuse. Voilà toute mon expérience en ce domaine. Et je cultive pour 5 ménages (ma famille ).
Je démarre un nouveau potager dans le sud ouest à la limite de la foret des landes, j’attends de l’eaupour semer de l’engrais vert et tester. J’habitais le nordf de la france et d’une terre argileuse et difficilement travaillable, trop mouillé en hiver et trop sec en été, avec un paillage de 20 cm environ en permanence, j’ai créé un sol vivant. Ce système sera mis en place dès la fin de l’été dans l’endroit ou j’habite.
Merci pour votre article.
En fait 1% de Matière organique ajoutés c’est 13,5 litres d’eau stocké en plus dans le sol .
Chaque 1% c’est de l’eau stockée en plus et 13, 5l/m2 c’est énorme…un peu de math…ca fait 47 m3 sur une parcelle de 3500m2!….
C’est pour cela qu’il est très rare d’avoir à arroser des buttes forestières
Une bénédiction pour capturer la moindre goutte de rosée du matin ou de pluie d’orage en été.
Les sols minéralisés n’absorbent que très peu d’eau en comparaison, l’eau ruisselle pour finir directement dans les rivières.
La MO est l’oasis des mycorhyses, des lombrics et autres insectes fouisseurs.
Bonjour
installé dans le lot sur le causse du Quercy je suis confronté au mème problème.
Lorsque je suis arrivé j ai pas mal nettoyé mon terrain et aussi beaucoup broyé de bois.
j ‘ai constaté que l’humidité restait , et surtout que le mycorhize s’y développait rapidement
j ai aussi beaucoup paillé.
Avec la canicule je constate que seul les zones avec un paillage suffisant d ‘au moins 30 cm reste humide.
La question que je me pose c est est que la paille va finir par se dégrader?
Bonjour, oui sans aucun doute ! la paille fini par se dégrader
Bonjour ,
Qu’en pensez vous du polyter , l’avez vous déjà testé . Merci pour votre retour d’expérience.
Rosa
bonjour, personnellement avant d’en mettre dans mon jardin, je le testerai dans des jardinières. De plus je préfère nettement essayer de créer de l’humus qui retient très bien l’eau plutôt que l’aller vers une solution chimique.
Bonjour Loic
un grand merci pour cet article car j’ai le même souci pour mettre en place mes carrés, le terrain n’avait jamais été cultivé, au pied de la forêt, la terre était sous des chênes et complètement stérile.
je paille donc les carrés l’hiver, puis l’été autour des plants, je laisse des soins sauvages, cette année j’ai semé un petit coin de phacélie…
.bref ! je tâtonne et j’observe ! il y a aussi les moyens physiques et financiers qui ne sont pas égaux pour tous ^_^ 20 ans de moins seraient bienvenus (lol)
donc je vais suivre l’évolution de votre nouvelle aventure avec beaucoup d’intérêt ^_^
Bonjour Muriel, j’aimerais bien savoir comment vont évoluer tes plantations. Moi ça fait deux ans que j’ai acheté à Boismorand, ça veut tout dire, comme toi des chênes, des chênes et quelques bouleaux, et une terre morte ! pas le moindre vers à l’horizon. J’ai fait une butte et 5 lasagnes, mais cette année avec la chaleur et la sècheresse je n’ai rien comme légume. Sur la butte l’année dernière j’avais eu énormément de tomate. Je couvre de foin, de paille de mes poules, de compost maison, rien n’y fait la vie ne revient pas. J’ai semé pour les abeilles, de l’engrais vert aussi, tout est cuit avant même d’avoir monté en graine. Mes arbustes périclitent, enfin c’est désespérant. Je suis un peu pressée aussi, j’ai 65 ans !!! Bon courage à vous, et vivement le retour de la pluie !!
Bonjour, c’est sec ou humide sous le paillage ?
Pourquoi ne parlez vous pas des mycorhizes. Vous savez pourtant bien que c’est la solution ! Vous avez peur de faire de la peine à Bayer/Monsanto ?
Jacques Mermoud
pointzero@canl.nc
Bonjour Jacques, je ne vois pas en quoi je fais de la peine a Monsanto en omettant de parler des mycorhizes. L’association des champignons et des racines fait partie effectivement des processus qui vont transformer une terre pauvre.