Paillage : la stratégie de l’étouffement
Les vertus du paillage sont multiples et j’aimerais m’attarder dans cet article sur la fonction d’étouffement du paillage. Quand on veut transformer une prairie, une pelouse ou une friche en jardin potager, il faut passer par la première étape qui consiste à enlever la végétation existante. Pour supprimer toute cette végétation, il y a plusieurs méthodes dont la plus connue qui consiste à mettre un bon coup de charrue ou de bêche. Non seulement cette méthode est néfaste pour la vie du sol mais en plus, elle demande beaucoup d’efforts et elle active la germination des millions de graines déjà contenues dans le sol. La meilleure méthode pour nettoyer une zone c’est d’étouffer la végétation, et là encore plusieurs stratégies sont possibles.
Étouffement sous des bâches de plastique
Pour étouffer la végétation vous pouvez simplement poser dessus une bâche en plastique noir, style les bâches d’ensilage. Cette pratique est efficace, et vous pouvez réutiliser les bâches. Seulement il y a quelques inconvénients à la méthode. Si les herbes sous la bâche sont coriaces, style chardon, ronce, jeunes arbres etc. vous avez de grande chance de percer votre bâche. De plus, la bâche est légère et elle pourra se soulever selon la vigueur des plantes en-dessous. Ce qui veut dire qu’il faut les lester pour que l’opération soit efficace. Une autre alternative serait d’utiliser des bâches EPDM, c’est très efficace car ces bâches sont lourdes et plus résistantes. Mais le prix est assez dissuasif.
Étouffement sous un paillage organique
Plus en accord avec la vie du sol, tous les paillages organiques peuvent aussi être utilisés pour étouffer la végétation en-dessous. Le meilleur paillage étant celui que vous avez facilement sous la main et en quantité. Disons que pour la plupart d’entre nous le foin et la paille sont faciles à obtenir. Après avoir fauché ou même simplement couché la végétation, il suffit de recouvrir toute la surface avec une bonne épaisseur. Mais qu’est ce que l’on entend par bonne épaisseur ? C’est-à-dire suffisamment épais pour que la lumière n’atteigne pas le sol et pour épuiser les plantes qui disposent d’assez de ressources pour traverser. C’est là que ça devient plus compliqué ! Sur cette photo, on voit bien que le chiendent arrive par endroit à traverser mon épais paillage de foin. C’est seulement là où il y a plus de 30 cm bien tassé qu’il ne peut pas traverser. Si cette méthode a le mérite de favoriser la vie du sol, elle demande beaucoup de matière pour être efficace. Pour étouffer le chiendent sur cette petite zone, on a dû utiliser un demi round-baller.
La stratégie combinée
Pour améliorer la technique de l’étouffement avec de la matière végétale, et éviter d’en utiliser trop, l’idéal est de la combiner avec l’utilisation des cartons d’emballage. Je parle des cartons marrons avec de simple impression en noir dessus. Il est préférable d’écarter les cartons imprimer en couleur ou blanchie. Les cartons pourraient aussi être utilisés seuls pour maintenir une zone sans végétation, mais pas dans l’optique de supprimer une végétation déjà bien installé. L’intérêt de combiner les cartons et la paille ou le foin, c’est de faire une barrière très efficace contre la lumière. Le meilleur moment pour utiliser cette stratégie, c’est quand il y a encore de l’humidité dans le sol. Car les cartons vont se ramollir et venir coller sur les herbes. De plus avec le poids du paillage au-dessus, les plantes dessous n’ont aucune chance.
Pour réussir à étouffer toute végétation il y a 2 points importants
- Réussir à bloquer le passage de la lumière
- Maintenir un certain poids sur la végétation
La stratégie gagnante : étouffement et amendement
Lorsque j’ai créé mes buttes sur mon ancien potager en Normandie, j’ai dans un premier temps utilisé beaucoup de broyat de bois pour contenir le développement des indésirables. Comme je disposais facilement de gros volumes, j’ai mis de grosse épaisseur, seulement le broyat de bois ne tient pas bien dans la pente des buttes et il finit par se retrouver au pied de celles-ci. Pour éviter d’avoir à remettre sans cesse du broyat, j’ai fini par opter pour le foin. Par-dessus le broyat, j’ai mis une bonne couche de foin.
Le résultat est là et la végétation est relativement bien contenu, à part quelques chardons récalcitrants. Mais le réel bénéfice de ce paillage n’est pas là : Il est en-dessous du tapis de foin. Le broyat de bois étant protéger par le foin, il reste en permanence dans l’humidité et sa décomposition s’en trouve accélérée. En soulevant le foin, j’ai pu découvrir l’incroyable réseau de mycéliums dans le broyat. Voilà la nouvelle stratégie que j’utilise maintenant, c’est de l’étouffement combiné avec de l’amendement. Sur la zone que je souhaite désherber, je commence par étaler une couche de broyat de bois ou de feuilles mortes, puis selon le type de végétation à faire disparaître, je place des cartons recouverts de foin.
Un grand merci pour toutes ces explications précises et nombreuses.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le paillage tellement cette technique pour recouvrir les sols est riche en enseignements.
Les techniques de jardinage traditionnelles s’en trouvent remises en question pour le bonheur de la biodiversité. Mon principal objectif était de réduire ma consommation d’eau en période sèche. J’ai découvert avec le paillage beaucoup d’autres avantages. On bêche surtout beaucoup moins et plus facilement car la terre reste humide toute l’année. De plus le paillage apporte de la chaleur même en automne et maintient les légumes sur pied plus longtemps.
ça a l’air en effet d’être une stratégie efficace !
Avant je passais des heures a désherber, bien que ce travail fût pour moi un moment de calme après le boulot, il faut avouer que la pénibilité de l’opération me faisait parfois regretter d’y passer autant de temps. Mais… depuis l’arrivée des bottes de foin, mon temps passé au potager s’apparente plus à du vrai loisir !!