Bois raméal fragmenté au potager : paillage et amendement

Sommaire
1. Comprendre le BRF : origines, définitions et principes de base
Le BRF, ou Bois Raméal Fragmenté, est un matériau issu du broyage de jeunes rameaux d’arbres et d’arbustes, principalement feuillus. “Raméal” fait référence aux branches jeunes, encore vivantes, riches en nutriments et en composés organiques. Ce bois, une fois broyé en fragments de quelques centimètres, devient un allié précieux pour le jardinier soucieux de la fertilité de son sol et de l’équilibre de son potager.
Cette méthode a été popularisée dans les années 1970 par des chercheurs québécois, notamment en lien avec les travaux de Gilles Lemieux. Elle s’inspire du fonctionnement naturel des forêts, où les branches tombées se décomposent lentement à la surface du sol, nourrissant toute la chaîne du vivant souterrain.
À ne pas confondre avec le paillis (souvent fait de paille, de feuilles mortes ou d’écorces), ni avec le compost (qui a déjà subi une fermentation), le BRF est un amendement de surface vivant, encore peu transformé, qui agit sur le long terme. Le broyat grossier de bois sec ou le mulch industriel, souvent à base d’écorce, n’ont pas les mêmes propriétés biologiques.
2. Pourquoi utiliser du BRF au potager ?
Amélioration de la structure du sol
Le BRF est une véritable cure de jouvence pour les sols fatigués, tassés ou appauvris. En se décomposant lentement, il stimule les champignons lignivores, essentiels à la formation d’un humus stable. Il augmente la porosité du sol, facilite le travail des racines et améliore l’infiltration de l’eau.
Stimulation de la vie biologique
Le BRF est un festin pour les organismes du sol : bactéries, vers de terre, collemboles, cloportes, champignons… Il relance toute la chaîne trophique du sol, qui va ensuite nourrir les plantes. C’est un catalyseur de biodiversité.
Réduction des besoins en arrosage
En formant une couverture permanente et en améliorant la rétention d’eau dans le sol, le BRF réduit drastiquement les besoins en arrosage, ce qui est précieux en période de sécheresse.
Lutte contre les adventices
Comme tous les bons paillis, le BRF limite la germination des plantes indésirables. En formant une barrière physique et en modifiant la température du sol, il rend la vie plus difficile aux graines d’adventices.
Création d’humus durable
Contrairement au compost qui se minéralise plus rapidement, le BRF produit un humus de type forestier, stable et riche en carbone. Cet humus est plus durable dans le sol et contribue à la fertilité à long terme.
3. Les limites et risques associés au BRF
La faim d’azote
La faim d’azote est la principale crainte des jardiniers. Lors de la décomposition du bois riche en carbone, les micro-organismes puisent de l’azote dans le sol pour équilibrer leur régime. Ce phénomène peut temporairement priver les plantes de cet élément vital, surtout les jeunes plants et légumes-feuilles. Il faut donc éviter d’incorporer du BRF dans la terre en période de culture intensive ou de le poser juste avant des semis.
Le choix des essences

Tous les bois ne se valent pas. Les feuillus tendres (noisetier, charme, tilleul) sont idéaux. Les résineux (pin, sapin) doivent être utilisés avec prudence à cause de leurs composés antiseptiques. Les bois durs (chêne, châtaignier) se décomposent plus lentement et peuvent acidifier le sol temporairement.
Le type de sol
Sur un sol argileux et compact, le BRF peut former une croûte en surface si mal réparti. Dans un sol sableux, il se décompose plus vite mais peut aussi accentuer le drainage excessif. L’observation est essentielle.
La lenteur de l’effet
Le BRF n’est pas un engrais. Ses effets ne se ressentent pas immédiatement mais sur plusieurs saisons. Il ne convient pas aux cultures exigeantes sur une terre pauvre si on n’ajoute pas d’éléments complémentaires (fumier mûr, compost).
Approvisionnement et logistique
Produire du BRF suppose un broyeur adapté, du bois jeune en quantité et un peu d’organisation. On peut parfois s’approvisionner auprès d’élagueurs ou de collectivités, à condition de vérifier l’origine du bois.
4. Comment bien utiliser le BRF au potager ?
Quand l’appliquer ?
Idéalement à l’automne, quand les arbres sont taillés et que le sol est encore chaud. Cela laisse le temps aux micro-organismes d’entamer leur travail avant la reprise des cultures. Au printemps, il faudra utiliser un BRF déjà partiellement décomposé.
Comment l’appliquer ?
En surface, en couche de 3 à 5 cm maximum. Ne jamais enfouir le BRF frais. Il agit en surface, comme dans la litière forestière. Enfoui, il provoquerait une faim d’azote plus marquée et asphyxierait la vie du sol.
Choisir les bons bois
Privilégiez les rameaux de moins de 7 cm de diamètre, issus de tailles récentes. Plus le bois est jeune, plus il est riche en nutriments. Feuillus tendres, arbres fruitiers, arbustes à croissance rapide sont parfaits.
BRF frais ou mûr ?
Un BRF frais stimule la vie fongique mais demande plus d’azote. Un BRF précomposté (quelques semaines en tas) est plus doux pour le potager. Les deux peuvent se compléter.
Combinaisons intéressantes
Le BRF peut être associé à du compost mûr, du fumier bien décomposé ou à une couche de déchets de cuisine. On peut aussi l’étaler après un engrais vert fauché. Ces associations limitent la faim d’azote et accélèrent les bénéfices.
5. Cas particulier : utiliser le BRF dans les carrés potagers
Contexte spécifique des carrés potagers
Les bacs surélevés ont un volume limité et un équilibre biologique plus fragile. L’effet de la faim d’azote y est donc plus immédiat. D’autant que les cultures y sont souvent plus intensives et rapprochées.
Où et comment l’appliquer ?
Le BRF doit rester en surface. Évitez d’en incorporer dans la couche de culture. Vous pouvez en mettre 2 à 3 cm en paillage, autour des plantes installées. Il est préférable d’utiliser du BRF précomposté pour limiter les effets indésirables.
Précautions spécifiques
Dans les bacs, surveillez de près la croissance des jeunes plants. Si une jaunisse apparaît (signe de faim d’azote), complétez avec un engrais organique riche en azote (purin d’ortie, compost de fumier, tourteaux végétaux).
Associations utiles
Associez le BRF à d’autres paillis : tontes séchées, paille, feuilles mortes, pour créer une couverture riche et équilibrée. Vous pouvez aussi placer le BRF sur les zones non cultivées du bac pour préparer la terre entre deux saisons.
6. Retours d’expérience et bonnes pratiques
Témoignages et résultats observés
De nombreux jardiniers amateurs rapportent une amélioration notable de la structure de leur sol au bout de 1 à 2 ans. Les vers de terre abondent, la terre devient plus souple, plus sombre, plus vivante.
Certains ont toutefois expérimenté une baisse de rendement la première année, en raison d’une faim d’azote mal anticipée. C’est pourquoi les apports combinés et les ajustements sont essentiels.
Erreurs fréquentes à éviter
- Mettre du BRF frais dans le sol au moment des semis
- Utiliser des bois contaminés ou traités
- En mettre une couche trop épaisse (risque de fermentation)
- Utiliser du BRF seul sans apport complémentaire dans un sol pauvre
Suivi et ajustements
Observez l’état de vos plantes, de votre sol, et ajustez vos pratiques. Le jardinage avec BRF est une aventure sur plusieurs saisons. Il faut parfois un à deux ans pour en ressentir pleinement les bénéfices.
7. Pour aller plus loin : BRF et résilience au jardin
Le BRF s’intègre parfaitement dans une démarche de permaculture et de résilience alimentaire. Il valorise une ressource locale et gratuite, entretient un sol vivant, limite les besoins en eau, en désherbage, et réduit la dépendance aux engrais extérieurs.
En période de sécheresse croissante et d’instabilité climatique, c’est une technique précieuse pour maintenir la fertilité de son potager tout en respectant les cycles naturels. Utiliser du BRF, c’est aussi s’inscrire dans une logique de long terme : nourrir le sol pour qu’il nourrisse les plantes… durablement.
8. Conclusion
Le BRF est un outil puissant pour le jardinier qui souhaite enrichir son sol, économiser ses efforts et construire un potager durable. Mais il demande une bonne compréhension de son fonctionnement et de la vie du sol. Utilisé avec discernement, en complément d’autres pratiques (compostage, engrais verts, paillis divers), il permet de recréer un sol forestier fertile, capable de soutenir une grande diversité de cultures.
Dans un carré potager, ses bénéfices sont réels mais doivent être équilibrés avec soin, pour éviter les déséquilibres. Comme toujours en permaculture, l’observation et l’adaptation sont les clés du succès. À vous de jouer, pas à pas, branche après branche !
Un petit plus qui vous donnera un grand résultat : Lorsque vous avez mis en place votre BRF Ajouter quelques centimètres de “terre noire comportant du mycélium” c’est le top.
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Bien, j’ai des “tonnes” de branchages de charmes et d’érables issus de mes haies (jardin à la française et jardin médiéval)…. j’ai une broyeuse….. le mieux est de broyer du “vert” ou du sec ????
Bonjour Loïc,
Je débure mon jardin en carré et en lasagna, je paille mon terrain avec tout ce que je trouve, même du carton (sans trop de peinture) et même du vieux bois sec que je broie. J’espère que je ne fais pas de travers ?
Bonne journée
Lauzic
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Salut Loïc, merci pour le lien vers notre livre 😉 !
Bonjour!
Moi je paille avec des paillettes de chanvre en attendant de me lancer dans le BRF. Je me suis pas mal renseignée aussi mais je n’ai toujours pas trouvé le courage de m’y mettre, pourtant une asso près de chez moi loue un broyeur à 5€ la journée! Par contre, j’ai un peu peur à la “faim d’azote”, pas toi? Tu as paillé de cette façon ton potager?
Bonjour Stéphanie,
Effectivement le broyage de conniferes ne doit pas representer plus de 10 % des essences Broyées. à la limite utilise le brf de cypres pour tes allées, sinon j’ai lu sur d’autre site que les fraisiers semblaient s’accomoder de ce paillage.
Concernant la faim d’azote le phénomene ne se produit que si tu incorpores le BRF dans les premiers cm du sol, par contre en paillage il n’y a pas de risque sinon tu as toujours la possibilité d’apporter de l’azote (sous forme de corne broyée par ex) mais cela a un coup, laissons faire dame nature et tachons de la copier au mieu comme dans les forêt. j’utilise le paillage BRF depuis quelque années et je n’y trouve que des avantages. Alors si le coeur t’en dit lance toi!…..
Bon courage
Francis
Salut Fabienne,
pour compléter la réponse de Dior:
Un épandage automnal sera préférable du point de vue de du risque de faim d’azote.
Des BRF avec feuilles provoquerons moins de faim d’azote, du fait de l’azote contenu dans les feuilles.
une première culture de légumineuses (fèves par exemple) permet de fixer de l’azote de l’air pour éviter ce problème.
Du BRF légèrement composté l’évite aussi en grande partie.
Voilà, bon courage à toi!
Aux jardins familiaux de Pertuis nous avons de très bonnes relations avec la municipalité et au moment de l’élagage, les services municipaux nous livrent le BRF. Les non résineux vont dans les jardins et les broyats de résineux sont à part. Les broyats de résineux servent pour les allées des jardins uniquement, cela évite en plus la pousse des mauvaises herbes. Lors d’orages violents comme il s’en produit dans le midi, ce paillage évite d’avoir des allées impraticables et draine l’eau.
Tu crois que les coupes des haies peuvent convenir ?
Mes voisins m’envahissent de cyprès (qu’ils ne taillent plus jamais) mais j’ai peur que cela acidifie encore plus mon sol argileux-siliceux…
Quant à mon lonicera nitida, il est bien maigre pour couvrir mon potager… Mais ses branches peu ligneuses peuvent être facilement broyées par ma tondeuse !
Bonjour Fabienne 🙂
Il faut éviter les résineux. Pour la matiere premiere, il faut etre a l’affut ! 🙂 Les trotoirs des villes sont souvent riches de dechets vert !
Salut Fabienne,
C’est vrai qu’il est généralement admis qu’on doit éviter les résineux (même si j’ai de plus en doute sur la pertinence de cela, mais bon passons). Toutefois, toutes les études effectuées et ayant suivi le pH ne montre aucune acidification, que ce soit avec du feuillus ou du résineux!
Bonjour Gilles
Cette idée que le paillage avec des résineux acidifie le sol, ne viendrait pas de l’image que l’on a des sous bois de sapin et de pins ?
Comment peux on mesurer le ph d’un sol ? avec le papier ph comme a l’école ?
Je pourrai épiloguer très longtemps là dessus ;-). Il est vrai que nous avons beaucoup d’idées reçues sur les résineux, du genre: “rien ne pousse sous un résineux”. Si cela est souvent vrai avec un sapin, un épicéa ou un pin parasol, ça l’est beaucoup avec un pin d’alep ou un pin maritime. Quelle différence principale entre les trois premières espèces et les deux autres: leur ombre est beaucoup plus dense… Cela n’a donc rien à voir avec une éventuelle acidité. D’ailleurs si tu compare l’humus dans une forêt d’épicéa et dans une forêt de hêtres voisine, tu trouvera beaucoup de points communs! Pourtant le hêtre est un feuillus et n’a pas la mauvaise réputation de ses cousins résineux…
Pour mesurer le pH d’un sol, j’utilise un pH mètre Hanna, facile à trouver en ligne. par contre il faut avoir des solutions d’étalonnage ce qui n’est pas forcément très pratique. Tu peux en effet le mesurer aussi avec du papier pH, en diluant ton sol préalablement séché (le plus simple est au four à micro-ondes) dans son volume d’eau distillée.
Super informative wirintg; keep it up.