8 Techniques de Jardinage Expliquées : Le Guide Complet 2025
Sommaire
Quand j’ai commencé à jardiner en 2009, j’étais complètement perdu face aux différentes techniques de jardinage. Potager en carrés, buttes, lasagnes, planches permanentes… tous ces mots se mélangeaient dans ma tête. Pire encore : je croyais qu’un “potager en carrés” signifiait simplement un potager fait de petits carrés de bois !
16 ans plus tard, après avoir cultivé en Normandie, vécu en appartement avec une terrasse, et maintenant installé en Aveyron avec un grand terrain, j’ai testé 8 techniques différentes. J’ai construit des bacs surélevés, créé des buttes, expérimenté les wicking beds, et aujourd’hui je mixe plusieurs approches selon mes besoins.
Ce que j’ai compris : il n’existe pas UNE bonne technique de jardinage. Il y a celle qui correspond à votre terrain, votre dos, votre temps disponible et vos objectifs. Certaines techniques privilégient le confort (bacs surélevés), d’autres la productivité (planches permanentes), d’autres encore résolvent des contraintes spécifiques (sol pollué, terrasse, dos fragile).
Dans ce guide complet, je vous présente les 8 techniques que j’ai testées, avec leurs vrais avantages et inconvénients vécus sur le terrain. Plus important encore : je vais vous aider à choisir LA technique qui vous correspond.
Pourquoi J’ai Testé 8 Techniques en 16 Ans
Mon parcours de jardinier ressemble probablement au vôtre : plein d’enthousiasme au départ, quelques erreurs coûteuses, et une évolution progressive vers ce qui fonctionne vraiment.
Mon évolution en 4 phases
2009-2014 : Le débutant enthousiaste (Normandie)
J’ai commencé par créer de simples planches bordées en bois, surtout pour l’esthétique. Puis je me suis lancé dans ce que je croyais être du “potager en carrés”… alors que je construisais simplement des carrés de potager ! Je ne connaissais pas la méthode de Mel Bartholomew avec ses subdivisions en cases de 30×30cm.
2015-2018 : La quête du confort
Mon dos a commencé à protester. J’ai construit mes premiers bacs surélevés de 60-70cm de haut, puis des potagers sur pieds pour jardiner complètement debout. C’est là que j’ai découvert le seuil des 40cm : en dessous, vous améliorez juste l’esthétique ; au-dessus, vous changez radicalement votre façon de jardiner.
2018-2019 : La contrainte urbaine
Déménagement en appartement. Impossible d’abandonner le jardinage ! J’ai transformé ma terrasse avec des wicking beds (bacs auto-irrigants). Cette expérience m’a appris à cultiver hors-sol et à optimiser chaque centimètre carré.
2019-2025 : La maturité productive (Aveyron)
Aujourd’hui, avec plus d’espace, j’ai arrêté de chercher LA technique parfaite. Je mixe intelligemment :
- Potager à plat pour les grosses productions (courges, pommes de terre)
- Carrés de potager pour les cultures intensives et bien suivies (salades, radis)
- Bacs surélevés pour jardiner debout sur mes légumes préférés (tomates, courgettes)
Cette diversité n’est pas de l’indécision : c’est de la maturité. Chaque technique a ses forces, l’important est de les utiliser au bon endroit.
Tableau Comparatif : Les 8 Techniques de Jardinage
Avant de détailler chaque technique, voici un tableau pour vous aider à y voir clair rapidement :
| Technique | Description | Confort dos | Coût | Productivité | Idéal pour |
|---|---|---|---|---|---|
| Potager à plat | Rangées traditionnelles au sol | ⭐ | ⭐ | ⭐⭐⭐⭐⭐ | Grande surface, production maximale |
| Planche permanente | Bandes fixes jamais retournées | ⭐⭐ | ⭐⭐ | ⭐⭐⭐⭐⭐ | Sol vivant, maraîchage écologique |
| Potager en carrés | Modules 1,20m divisés en cases 30×30cm | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐ | Débutants, pédagogie, petit espace |
| Bac potager (20-40cm) | Bordure bois basse posée au sol | ⭐⭐ | ⭐⭐ | ⭐⭐⭐ | Esthétique, organisation, sol moyen |
| Bac surélevé (40-80cm) | Structure haute, sol recréé | ⭐⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐⭐ | Confort, dos fragile, sol pauvre |
| Buttes | Terre montée en relief | ⭐⭐ | ⭐⭐ à ⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐⭐ | Drainage, permaculture, sol humide |
| Culture lasagne | Superposition de couches | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐ à ⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐ | Création sol rapide, gros volumes déchets |
| Hors-sol/intérieur | Bacs sur pieds, wicking beds | ⭐⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐⭐⭐ | ⭐⭐ | Terrasse, balcon, sol impossible |
Légende :
- ⭐ = Faible / ⭐⭐⭐⭐⭐ = Excellent
- Confort dos : Capacité à jardiner sans se pencher
- Coût : Investissement matériaux et temps de construction
- Productivité : Rendement par m² de surface totale occupée
Technique #1 : Le Potager en Bac Surélevé (40-80cm)
Qu’est-ce qu’un potager en bac surélevé ?
Un potager en bac surélevé, c’est une structure en bois (ou métal, pierre) d’au moins 40cm de hauteur posée au sol, sans fond, remplie d’un mélange de terre fertile.
La hauteur change tout :
- 20-40cm : Simple bordure esthétique, vous restez connecté au sol d’origine
- 40-60cm : Seuil critique → vous créez un nouveau contexte de sol indépendant
- 60-80cm : Jardinage semi-debout, confort optimal
- 80cm+ : Jardinage totalement debout, idéal dos fragile ou PMR
Le point clé : à partir de 40cm, vous n’êtes plus dépendant de la qualité de votre sol. Vous pouvez installer un bac surélevé sur un terrain caillouteux, argileux compact, ou même pollué : le sol que vous créez à l’intérieur sera totalement indépendant.
Attention à ne pas confondre :
- Bac surélevé SANS fond (connecté au sol, vers de terre circulent) = ce dont je parle ici
- Bac sur pieds AVEC fond (culture hors-sol, comme une grosse jardinière) = technique #8
Avantages et inconvénients
✅ Avantages que j’ai vécus
Confort exceptionnel
Après 16 ans de jardinage, c’est l’argument qui a fini par me convaincre. À 54 ans, jardiner debout ou presque change radicalement le plaisir de cultiver. Plus de douleurs lombaires après 2h de désherbage.
Sol parfait dès le départ
J’ai construit mes premiers bacs surélevés sur un terrain argileux impossible à travailler. En créant mon propre mélange de terre, compost et matières organiques, j’ai obtenu des récoltes exceptionnelles dès la première année. Pas besoin d’attendre 3-4 ans que le sol s’améliore.
Drainage et réchauffement
Le sol se réchauffe plus vite au printemps (15 jours d’avance sur mes cultures à plat). L’excès d’eau s’évacue naturellement, impossible d’avoir les pieds dans la boue.
Esthétique et structure
Mon potager est devenu un vrai jardin. Les bacs structurent l’espace, c’est propre, organisé. Mes visiteurs sont toujours impressionnés.
❌ Inconvénients réels
Coût initial significatif
C’est LA raison pour laquelle j’ai réduit le nombre de bacs dans mon potager actuel. Un bac de 2m×1m×0,60m représente :
- 80-120€ de bois (douglas non traité)
- 600-800 litres de mélange de remplissage
- 4-6h de construction
Pour un potager de 8 bacs : comptez 800-1200€ + weekend complet de travail.
Arrosage plus fréquent
Le sol surélevé se dessèche plus vite, surtout en été. J’arrose 2 fois par semaine contre 1 fois pour mes cultures à plat. Solution : pailler généreusement (15-20cm) ou installer un goutte-à-goutte.
Pas adapté aux grosses cultures
Les courges, potirons, pommes de terre qui s’étalent ou ont besoin de volume sont difficiles en bac. Pour ces légumes, je suis revenu au potager à plat.
Durée de vie limitée du bois
Même en douglas classe 3, comptez 8-12 ans avant de devoir remplacer les planches en contact avec le sol. C’est un investissement à renouveler.
Pour qui cette technique ?
👍 Le bac surélevé est fait pour vous si :
- Vous avez des problèmes de dos, genoux, ou mobilité réduite
- Votre sol est pauvre, argileux, caillouteux ou pollué
- Vous recherchez le confort avant la productivité maximale
- Vous avez un budget de 500-1500€ à investir dans votre potager
- Vous aimez l’esthétique structurée et soignée
- Vous cultivez des légumes “classiques” (tomates, salades, courgettes, haricots)
👎 Passez votre chemin si :
- Votre priorité est la productivité maximale (préférez les planches permanentes)
- Votre budget est serré (commencez par le potager à plat ou en carrés)
- Vous voulez cultiver des courges, potirons, pommes de terre en quantité
- Vous n’avez pas accès à de gros volumes de matériaux de remplissage
Mon conseil personnel :
Si vous débutez, ne construisez pas 10 bacs d’un coup. Commencez par 2-3 bacs pour tester la technique, comprendre les contraintes d’arrosage et de remplissage. Vous pourrez toujours en ajouter les années suivantes. Lisez ce guide complet sur le potager surélevé.
Aujourd’hui, dans mon potager en Aveyron, j’ai gardé 4 bacs surélevés uniquement pour mes légumes préférés que je veux suivre de près (tomates anciennes, aubergines, poivrons). Le reste est en planches à plat ou en carrés de potager.
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Technique #2 : Le Potager en Carrés (Méthode Mel Bartholomew)
La vraie méthode du potager en carrés
Attention, grosse confusion que j’ai moi-même faite pendant des années : le “potager en carrés” n’est pas un potager fait de carrés en bois !
La vraie définition :
Le potager en carrés (Square Foot Gardening en anglais) est une méthode de jardinage intensive inventée par Mel Bartholomew dans les années 1980. Le principe :
- Structure de base : Cadre de 120cm × 120cm (4 pieds × 4 pieds)
- Subdivision : Divisé en 16 cases de 30cm × 30cm (grille visible)
- Densité de plantation : Chaque case accueille 1, 4, 9 ou 16 plants selon la taille du légume
- Rotation simplifiée : On cultive case par case, pas ligne par ligne
Ce que j’ai fait (et qui n’était PAS du potager en carrés) :
En 2010, j’ai construit de petits cadres carrés de 60cm×60cm et 80cm×80cm en pensant faire du “potager en carrés”. En réalité, je créais juste des carrés de potager (des structures carrées), mais sans appliquer la méthode Bartholomew.
La vraie méthode implique une densité de plantation très précise, basée sur l’espacement naturel de chaque légume. Un radis = 16 par case. Une salade = 4 par case. Un chou = 1 par case.
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Pédagogie exceptionnelle pour débutants
C’est LA méthode que je recommande aux vrais débutants. La grille 30×30cm rend visible l’organisation, vous ne plantez jamais “au hasard”. Vous savez exactement combien de plants mettre dans chaque case.
Facilité d’entretien
120cm×120cm = taille parfaite pour atteindre le centre sans piétiner. Finies les contorsions ou les planches posées entre les rangs. Chaque case est accessible.
Esthétique et propreté
Un potager en carrés bien fait, avec sa grille visible, c’est visuellement magnifique. Idéal si votre potager est visible depuis votre terrasse ou vos voisins. Ça ne fait pas “potager chaotique” mais “jardin organisé”.
Rotation facilitée
Vous raisonnez case par case. Une case se libère (radis récoltés) ? Vous replantez immédiatement autre chose. Pas de grosse réflexion sur la rotation des planches entières.
Accessible financièrement
Un cadre de 120×120 coûte 30-50€ en matériaux. Beaucoup moins qu’un bac surélevé de même surface.
❌ Inconvénients
Productivité limitée
C’est le gros défaut. Les allées entre les carrés représentent 40-50% de la surface totale. Si vous visez l’autonomie alimentaire ou le rendement maximum, le potager en carrés est frustrant.
Exemple concret : Mon potager faisait 50m² de surface totale, mais seulement 25m² étaient réellement cultivés. Les 25m² restants = allées.
Taille des carrés contraignante
120×120cm, c’est parfait pour les légumes moyens (salades, radis, carottes). Mais pour les tomates tuteurées, courgettes, courges, ou artichauts, c’est trop petit. Vous vous retrouvez à bricoler des extensions.
Grille qui s’abîme
La grille de subdivision (en bois, ficelle ou plastique) se dégrade avec le temps, l’humidité, le paillage. Vous devez la refaire tous les 2-3 ans.
Pas adapté au maraîchage
Si vous évoluez vers une production plus importante, vous allez vite sentir les limites. C’est ce qui m’est arrivé : après 5 ans, j’ai abandonné les carrés pour des planches plus longues et productives.
Pour qui cette technique ?
👍 Le potager en carrés est fait pour vous si :
- Vous êtes débutant et la grille vous rassure
- Vous avez peu de temps (entretien facile et rapide)
- Votre potager fait moins de 30-40m²
- Vous jardinez pour le plaisir et la pédagogie (enfants++)
- L’esthétique compte pour vous
- Vous ne visez pas l’autonomie alimentaire complète
👎 Passez votre chemin si :
- Vous voulez maximiser la productivité
- Vous avez un grand terrain disponible (100m²+)
- Vous visez l’autonomie alimentaire
- Vous cultivez beaucoup de courges, tomates, ou légumes volumineux
Mon retour d’expérience :
J’ai pratiqué le potager en carrés de 2010 à 2015. C’était parfait pour débuter, comprendre les bases, et prendre confiance. Mais en évoluant vers plus de production, j’ai ressenti la frustration du gâchis de place.
Aujourd’hui, j’ai gardé 2 carrés de 120×120 uniquement pour les cultures “suivies” : radis, salades à couper, aromatiques, essais de nouvelles variétés. Tout le reste est en planches longues ou bacs surélevés.
Mon conseil : le potager en carrés est une excellente porte d’entrée, mais pas une finalité. Considérez-le comme une école. Vous y apprenez les bases, puis vous évoluez naturellement vers des techniques plus productives. Pour aller plus loin, lisez ce guide complet sur le potager en carrés.
Technique #3 : La Planche Permanente sur Sol Vivant
Qu’est-ce qu’une planche permanente ?
La planche permanente, c’est l’évolution moderne du potager traditionnel. Le principe est simple mais révolutionnaire :
Les 3 règles d’or :
- Jamais de retournement du sol (exit bêche et motoculteur)
- Allées et planches fixes (on ne piétine JAMAIS les zones de culture)
- Sol constamment couvert (paillage permanent 10-20cm)
Dimensions typiques :
- Largeur planches : 80cm à 120cm (selon votre portée)
- Longueur : Variable, souvent 5-10m
- Allées : 30-40cm
L’idée : en arrêtant de retourner la terre, vous laissez la vie du sol (vers, champignons, bactéries) faire le travail à votre place. Le sol devient de plus en plus fertile d’année en année, sans apport massif d’engrais.
Différence avec le potager traditionnel :
- Avant : On retourne, on bêche, terre à nu, sol compacté par le passage
- Maintenant : Sol jamais travaillé, toujours paillé, structure préservée
C’est la technique utilisée par les maraîchers modernes en “sol vivant” ou “MSV” (Maraîchage sur Sol Vivant).
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Fertilité croissante dans le temps
C’est le gros argument. Les 2-3 premières années, vous ne voyez pas forcément la différence. Mais à partir de la 4ème année, le sol devient extraordinairement fertile. J’ai des planches permanentes installées en 2019 : aujourd’hui, la terre est grumeleuse, noire, pleine de vers. Je n’apporte presque plus de compost.
Travail réduit
Plus de labour, plus de bêchage. Au printemps, j’écarte le paillage, je plante, je remets le paillage. À l’automne, j’ajoute une couche. C’est tout. Gain de temps : 60-70% vs potager traditionnel.
Rétention d’eau exceptionnelle
Le paillage permanent limite l’évaporation. J’arrose 1 fois par semaine en été contre 2-3 fois pour mes bacs surélevés. Économie d’eau énorme.
Respect de la vie du sol
Si vous êtes sensible à l’écologie et la permaculture, c’est cohérent. Vous travaillez AVEC la nature, pas contre elle.
Productivité maximale par m²
Pas de gâchis de place : 70-80% de la surface est cultivée (vs 50% pour le potager en carrés). Si vous avez peu de terrain et voulez produire beaucoup, c’est top.
❌ Inconvénients
Démarrage lent
Les 2-3 premières années, le sol met du temps à se structurer. Vos récoltes seront correctes mais pas exceptionnelles. Il faut de la patience et de la confiance.
Apprentissage nécessaire
Ce n’est pas “instinctif”. Vous devez comprendre la vie du sol, le paillage, la gestion des adventices sous couvert. Certains débutants se découragent.
Besoin de gros volumes de paillage
Pour 50m² de planches, comptez 2-3m³ de paillage par an (foin, paille, BRF, feuilles mortes). Si vous n’avez pas de source gratuite, ça peut coûter 100-200€/an.
Moins esthétique que des bacs
Soyons honnêtes : des planches paillées, c’est moins “joli” que des bacs surélevés en bois. Si l’esthétique compte beaucoup pour vous, ça peut déranger.
Pour qui cette technique ?
👍 La planche permanente est faite pour vous si :
- Vous avez un sol déjà correct (pas pollué, pas compacté béton)
- Vous visez l’autonomie alimentaire ou une grosse production
- Vous adhérez à la philosophie du sol vivant et de la permaculture
- Vous avez accès à du paillage en quantité (agriculteur voisin, déchetterie verte)
- Vous êtes patient (résultats vraiment visibles année 3-4)
- Vous voulez réduire votre travail sur le long terme
👎 Passez votre chemin si :
- Votre sol est très pauvre, pollué, ou caillouteux (préférez les bacs)
- Vous voulez des résultats spectaculaires dès la 1ère année
- Vous avez des problèmes de dos (jardinage semi-penché)
- Vous n’avez pas accès à du paillage gratuit
- L’esthétique “potager structuré” est une priorité
Mon retour d’expérience :
Depuis 2019 en Aveyron, j’ai converti 60% de mon potager en planches permanentes. C’est devenu ma base de production : pommes de terre, courges, haricots, carottes. Les résultats sont maintenant exceptionnels avec très peu de travail.
Mais je n’ai pas tout converti : j’ai gardé mes bacs surélevés pour le confort sur certains légumes, et mes carrés pour les cultures intensives suivies. L’idéal selon moi : 70% planches permanentes + 20% bacs + 10% carrés.
Technique #4 : Les Buttes de Permaculture
Les 3 types de buttes (classique, bio-intensive, Hügelkultur)
Quand on parle de “buttes”, il y a en fait 3 techniques très différentes regroupées sous ce terme. Clarifions tout ça :
1. La butte classique (ou butte simple)
= Terre montée en relief, forme arrondie, 20-40cm de haut
Principe : On remonte la terre des allées pour créer une élévation. Rien d’autre.
Avantage : Drainage amélioré, réchauffement plus rapide, plus de surface cultivable (les côtés de la butte)
Inconvénient : Travail physique important au démarrage, butte qui s’affaisse avec le temps
2. La butte bio-intensive (planche surélevée)
= Planche étroite (40-60cm), très fertile, creusement profond (double bêchage)
Principe : Technique du maraîchage bio-intensif : on travaille le sol en profondeur (60cm), on amende massivement en compost, on crée une planche bombée très fertile.
Avantage : Rendements exceptionnels (2-3× un potager classique), idéal petite surface
Inconvénient : Technique exigeante, demande expérience et gros apports de compost (20-30 tonnes/ha/an)
3. La butte Hügelkultur
= Butte sur base de bois enterré + compost + terre, 60-120cm de haut
Principe : On enterre du bois (branches, troncs), on recouvre de compost, feuilles, puis terre. Le bois se décompose lentement (5-15 ans) en libérant chaleur et nutriments.
Avantage : Fertilité longue durée, rétention d’eau exceptionnelle (le bois = éponge), recyclage de gros volumes de bois
Inconvénient : Travail colossal au démarrage, attire parfois les rongeurs, tassement les premières années
Avantages et inconvénients
✅ Avantages (communs aux 3 types)
Drainage amélioré
Si vous avez un sol argileux, humide, ou des zones d’eau stagnante, les buttes résolvent le problème. L’eau s’écoule naturellement vers les côtés.
Réchauffement rapide
La terre surélevée chauffe plus vite au printemps. Gain de 10-15 jours sur les plantations précoces (radis, salades, pommes de terre).
Surface de culture augmentée
Grâce aux côtés inclinés, vous cultivez plus sur la même surface au sol. Une butte de 50cm de large et 30cm de haut offre 70-80cm de surface de plantation.
Recyclage de matériaux
Surtout pour l’Hügelkultur : idéal si vous avez des volumes de bois de taille à valoriser.
❌ Inconvénients
Travail physique important
Créer des buttes, c’est physique. Déplacer de la terre, creuser, entasser… Prévoyez un weekend complet pour 20-30m² de buttes.
Tassement progressif
Les buttes s’affaissent avec le temps (pluie, tassement naturel). Vous devez les “remonter” tous les 2-3 ans, surtout les classiques et Hügelkultur.
Dessèchement rapide
Le sommet des buttes sèche plus vite. Arrosage plus fréquent nécessaire, sauf si paillage généreux (15-20cm).
Technique exigeante (bio-intensive)
La butte bio-intensive demande une vraie maîtrise : double bêchage, apports massifs de compost, gestion précise des rotations. Pas pour débutants.
Rongeurs (Hügelkultur)
Le bois enterré attire parfois campagnols et mulots qui y creusent des galeries. Peut devenir problématique.
Pour qui cette technique ?
👍 Les buttes sont faites pour vous si :
Butte classique :
- Sol argileux, lourd, humide (drainage indispensable)
- Vous aimez le travail physique ponctuel
- Vous voulez optimiser surface cultivable
Butte bio-intensive :
- Vous êtes jardinier expérimenté
- Petite surface (50-100m²) mais gros besoins de production
- Vous avez accès à du compost en quantité (plusieurs m³/an)
- Vous visez l’autonomie alimentaire sur petit espace
Hügelkultur :
- Vous avez de gros volumes de bois de taille à recycler
- Terrain sec où rétention d’eau est un enjeu
- Vous cherchez une fertilité longue durée (5-10 ans)
- Vous êtes patient (résultats optimaux année 2-3)
👎 Passez votre chemin si :
- Problèmes de dos ou mobilité réduite (jardinage penché, travail physique)
- Sol déjà bien drainé et fertile (pas besoin de buttes)
- Vous voulez du “prêt à jardiner” rapidement
- Vous n’avez pas les matériaux nécessaires (bois pour Hügelkultur, compost pour bio-intensive)
Mon retour d’expérience :
J’ai testé les 3 types de buttes à différentes périodes. Aujourd’hui, je n’ai plus de buttes permanentes. Pourquoi ?
- Trop de travail de maintenance (tassement, remontage)
- Mes bacs surélevés offrent les mêmes avantages (drainage, chaleur) avec moins d’efforts
- Le travail physique ne correspond plus à mes 54 ans
Mais : Si j’avais un terrain très humide ou argileux, je referais des buttes classiques sans hésiter. C’est la solution la plus efficace pour ce type de sol.
Technique #5 : Le Potager Traditionnel à Plat
L’évolution du potager traditionnel
Le potager traditionnel, c’est celui de nos grands-parents : de longues rangées de légumes, cultivées à plat, avec des allées entre les rangs pour passer avec la brouette ou le motoculteur.
Mais attention : Le potager traditionnel a évolué ! Il y a deux mondes :
Le potager traditionnel “d’hier” (que je déconseille) :
- Labour annuel au motoculteur
- Terre retournée, structure détruite
- Sol à nu entre les rangs
- Binages fréquents pour limiter les adventices
- Apports massifs d’engrais chimiques ou organiques
C’est ce modèle que je critiquais dans la version 2014 de cet article. Et je maintiens : ce modèle est épuisant, pas durable, et destructeur pour la vie du sol.
Le potager traditionnel “d’aujourd’hui” (que je pratique) :
- Sol JAMAIS retourné
- Paillage permanent ou semi-permanent
- Allées fixes, zones de culture fixes
- Compost en surface uniquement
- Respect de la vie du sol
C’est ce deuxième modèle que j’ai adopté en Aveyron depuis 2019. Et c’est devenu ma base de production pour les légumes “en quantité” : pommes de terre, courges, haricots, oignons.
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Productivité maximale absolue
Rien ne bat le potager à plat pour produire en volume. 100m² de potager à plat bien géré = 150-200kg de légumes/an (voire plus).
Pourquoi ? Parce que vous utilisez quasi 100% de la surface. Pas d’allées larges, pas de bordures, pas de structures. Juste de la terre cultivée.
Coût zéro
Aucun investissement matériel. Vous n’achetez ni bois, ni visserie, ni géotextile. Vous utilisez la terre que vous avez.
Idéal pour les grosses cultures
Pommes de terre sur 30m², courges sur 20m², haricots sur 15m² : c’est dans le potager à plat que ces cultures prennent tout leur sens. Elles ont besoin de volume et d’espace.
Facilité de mécanisation (si grand terrain)
Si vous avez 200-500m² de potager, vous pouvez utiliser une grelinette attelée, un semoir, une arracheuse de pommes de terre. Impossible dans des bacs.
❌ Inconvénients
Travail physique
Jardiner à plat = jardiner penché. À 54 ans, après 2h de désherbage ou de récolte, j’ai mal au dos. C’est une réalité.
Dépendant de la qualité du sol
Si votre sol est mauvais (argileux, caillouteux, pauvre), vos 2-3 premières années seront décevantes. Le temps que le sol s’améliore.
Entretien régulier nécessaire
Même en sol vivant avec paillage, le potager à plat demande une présence régulière : arrosage, surveillance ravageurs, désherbage ponctuel.
Esthétique moins soignée
Soyons honnêtes : un potager à plat paillé, c’est moins “Instagram-friendly” que des bacs surélevés alignés. Si vous recevez beaucoup, ça peut compter.
Pour qui cette technique ?
👍 Le potager à plat est fait pour vous si :
- Vous visez l’autonomie alimentaire complète (famille de 4 = 100-150m²)
- Vous avez un terrain spacieux (80m²+)
- Vous cultivez beaucoup de pommes de terre, courges, haricots
- Votre budget jardinage est limité (coût zéro)
- Vous avez moins de 50 ans et un dos en bonne santé
- Vous êtes prêt à investir du temps régulièrement
👎 Passez votre chemin si :
- Vous avez des problèmes de dos, genoux, ou mobilité réduite
- Votre sol est très mauvais (préférez les bacs)
- Vous cherchez une solution esthétique et structurée
- Vous voulez minimiser le temps d’entretien
- Vous avez moins de 50m² disponibles
Mon retour d’expérience :
En 2014, je critiquais le potager traditionnel. 11 ans après, je le pratique à nouveau… mais en version moderne (sol vivant, pas de labour, paillage).
Pourquoi ce revirement ? Parce que j’ai compris que :
- Chaque technique a sa place : le potager à plat pour la production en volume
- L’autonomie alimentaire nécessite du volume : impossible de produire 150kg de pommes de terre en bacs
- On peut mélanger les techniques : 70% à plat + 30% en bacs = équilibre parfait
Aujourd’hui, mes 3 zones :
- 60m² à plat (pommes de terre, courges, haricots, oignons)
- 20m² en bacs surélevés (tomates, aubergines, poivrons, courgettes)
- 10m² en carrés (salades, radis, aromatiques, essais variétés)
Ce mix me permet de produire 200+ kg de légumes/an tout en préservant mon dos sur les cultures “à suivi rapproché”.
Technique #6 : La Culture en Lasagne
Qu’est-ce que la lasagne au jardin ?
La culture en lasagne, ce n’est pas vraiment une technique de jardinage permanente. C’est plutôt une méthode de création de sol rapide et fertile.
Le principe (comme la lasagne alimentaire) :
On superpose des couches alternées :
- Couche brune (carbone) : Cartons, feuilles mortes, paille, BRF
- Couche verte (azote) : Déchets de tonte, fumier, déchets de cuisine, compost
On répète ces couches 4-6 fois jusqu’à obtenir une hauteur de 40-80cm.
Ce qui se passe :
Les couches se décomposent en 3-6 mois, générant de la chaleur (comme un compost). Au final, vous obtenez 20-30cm de sol riche et grumeleux, prêt à cultiver.
Où utiliser la lasagne :
- Pour remplir des bacs surélevés (au lieu d’acheter des m³ de terre)
- Pour créer des buttes fertiles rapidement
- Pour transformer une pelouse en potager sans décaisser (cartons étouffent l’herbe)
- Pour recycler de gros volumes de déchets verts
Important : La lasagne n’est PAS une technique de culture permanente. C’est une technique de DÉMARRAGE. Une fois installée et décomposée, vous cultivez dessus comme sur n’importe quel autre sol.
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Création de sol ultrarapide
C’est l’argument massue. Vous pouvez transformer un terrain caillouteux, une pelouse, ou un sol pauvre en potager fertile en 1 seule journée de travail. En 3-6 mois, c’est cultivable.
Recyclage de gros volumes
Si vous avez un grand terrain arboré, la lasagne est parfaite pour valoriser :
- Tontes de pelouse
- Feuilles mortes
- Tailles de haies
- Branchages broyés (BRF)
J’ai recyclé 5-6m³ de déchets verts en une seule lasagne de 20m².
Pas de labour, pas de décaissement
Vous posez la lasagne PAR-DESSUS le sol existant. Pas besoin de creuser, retourner, décaisser. Le carton à la base étouffe l’herbe et les adventices.
Sol très fertile dès la 1ère année
Grâce à la décomposition des matières organiques, vous obtenez un sol riche en humus. Mes premières tomates sur lasagne ont donné 8-10kg/pied.
❌ Inconvénients
Tassement important
Une lasagne de 60cm de haut au départ se tassera à 20-25cm après 6 mois. C’est normal (décomposition), mais ça surprend.
Besoin de GROS volumes de matériaux
Pour 10m² de lasagne :
- 15-20 cartons
- 200-300L de déchets verts (tonte, feuilles)
- 100-150L de fumier ou compost
- 200-300L de paille ou foin
Si vous n’avez pas accès à ces matériaux gratuitement, ça peut coûter 100-200€.
Pas cultivable immédiatement
Il faut attendre 3-6 mois que la lasagne se décompose. Si vous installez une lasagne en octobre, vous ne planterez qu’en mars-avril. En urgence, c’est frustrant.
Attire parfois des rongeurs
Les couches de matières organiques en décomposition attirent campagnols et mulots. Pas systématique, mais ça m’est arrivé sur 2 lasagnes sur 5.
Quand utiliser cette technique ?
👍 La lasagne est faite pour vous si :
- Vous avez un sol très pauvre, pollué, ou caillouteux (impossible à cultiver directement)
- Vous voulez créer un potager sur une pelouse sans décaisser
- Vous avez accès à de gros volumes de déchets verts gratuitement
- Vous remplissez des bacs surélevés et voulez économiser sur la terre achetée
- Vous êtes patient (attente 3-6 mois avant culture)
👎 Passez votre chemin si :
- Votre sol est déjà correct (inutile de faire une lasagne)
- Vous voulez cultiver immédiatement (préférez acheter de la terre)
- Vous n’avez pas accès aux matériaux en volume
- Vous voulez une structure permanente (la lasagne se tasse et disparaît)
Mon retour d’expérience :
J’ai utilisé la technique lasagne 5 fois :
- 2011 : Remplissage de mes premiers bacs surélevés (économie 800€ de terre)
- 2013 : Création d’une butte de 15m² sur terrain caillouteux
- 2015 : Transformation d’une pelouse de 20m² en potager
- 2018 : Remplissage de mes bacs sur la terrasse en appart (wicking beds)
- 2020 : Création d’une butte Hügelkultur (bois + lasagne)
Bilan : La lasagne est un outil, pas une méthode permanente. Je l’utilise ponctuellement quand j’ai besoin de créer du sol rapidement ou de recycler de gros volumes. Mais je ne “jardine pas en lasagne” de façon permanente.
Mon conseil : Si vous débutez et que votre sol est mauvais, la lasagne est LA solution pour démarrer rapidement. Mais ne vous limitez pas à ça. Une fois le sol créé, adoptez les techniques de culture permanente (paillage, sol vivant).
Technique #7 : Le Bac Potager (20-40cm)
La différence avec le bac surélevé
C’est une confusion ultra-courante : on parle de “bac” pour désigner deux choses très différentes.
Bac potager (20-40cm) :
- Simple bordure basse posée au sol
- Objectif : Esthétique + organisation + légère amélioration du sol
- Le sol d’origine reste majoritaire
- Coût : 30-60€ par bac de 2m×1m
Bac surélevé (40-80cm+) :
- Structure haute créant un sol totalement indépendant
- Objectif : Confort + création d’un nouveau sol fertile
- Le sol d’origine ne compte presque plus
- Coût : 80-150€ par bac de 2m×1m
Le seuil des 40cm :
En dessous de 40cm, vous êtes dans la logique “bordure au sol” : le sol d’origine compte encore beaucoup. Les racines plongent dedans, les vers y circulent, l’eau en provient.
Au-dessus de 40cm, vous changez de monde : vous créez un sol totalement indépendant. Les racines restent majoritairement dans le bac, le sol d’origine n’a presque plus d’influence.
Cette distinction est cruciale pour choisir la bonne hauteur selon vos besoins et votre budget.
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Budget accessible
C’est l’argument principal. Un bac de 20-30cm coûte 2-3× moins cher qu’un bac de 60cm :
- Moins de bois (hauteur réduite)
- Moins de terre de remplissage (200-300L vs 800L)
- Construction plus rapide (2h vs 4-6h)
Pour un premier potager, c’est beaucoup plus abordable.
Esthétique et organisation
Même à 20cm, un cadre en bois structure visuellement le potager. Ça ne fait plus “terrain vague”, mais “jardin organisé”. Idéal si votre potager est visible depuis la maison.
Amélioration modérée du sol
En apportant 20-30cm de bonne terre par-dessus votre sol existant, vous améliorez quand même les conditions de culture. C’est mieux que rien, surtout sur sol moyen.
Bon compromis débutant
Si vous hésitez entre potager à plat et bacs surélevés coûteux, le bac potager 20-30cm est un excellent compromis. Vous testez l’organisation en cadres, sans exploser le budget.
❌ Inconvénients
Pas de création de sol indépendant
Vous restez dépendant de la qualité de votre sol d’origine. Si votre sol est argileux, caillouteux, ou pollué, 20cm de bonne terre par-dessus ne suffiront pas.
Confort limité
Jardiner dans un bac de 20-30cm = jardiner quasi au sol. Vous êtes toujours penché. L’amélioration de confort est minime vs le potager à plat.
Confusion avec les vrais bacs surélevés
Beaucoup de jardineries vendent des “bacs surélevés” de 20-30cm en faisant croire qu’on jardine debout. C’est du marketing trompeur. À 20cm, vous ne jardinez PAS debout.
Investissement “entre-deux”
Si votre objectif est vraiment le confort (dos fragile), vous serez déçu et devrez reconstruire des bacs plus hauts. Vous aurez dépensé 2 fois.
Pour qui cette technique ?
👍 Le bac potager (20-40cm) est fait pour vous si :
- Vous avez un sol correct à bon (pas besoin de le remplacer totalement)
- Votre budget est limité (300-500€ pour un petit potager)
- Vous recherchez surtout l’esthétique et l’organisation
- Vous testez le concept “potager en cadres” avant d’investir plus
- Vous n’avez pas de problème de dos particulier
👎 Passez votre chemin si :
- Votre sol est très mauvais (préférez des bacs 60cm+ ou la lasagne)
- Vous avez des problèmes de dos (ça ne résout rien, allez direct en 60-80cm)
- Vous voulez un sol totalement indépendant
- Vous visez le confort du jardinage debout
Mon retour d’expérience :
J’ai commencé par des bacs de 20-30cm en 2009-2011. À l’époque, je trouvais ça parfait : esthétique, organisé, abordable.
Mais 3-4 ans après, deux problèmes :
- Mon dos commençait à souffrir (jardinage toujours penché)
- Mon sol argileux limitait quand même mes cultures
J’ai fini par surélever ces bacs à 60cm en ajoutant des planches supplémentaires. Coût total : quasi identique à si j’avais construit des bacs de 60cm dès le départ.
Mon conseil :
- Si votre sol est bon et votre dos en forme : Les bacs 20-30cm sont un excellent choix, économique et efficace.
- Si votre sol est mauvais OU votre dos fragile : Ne perdez pas de temps, allez direct en 60-80cm. Vous économiserez temps et argent sur le long terme.
Les bacs 20-40cm sont parfaits comme solution esthétique sur bon sol, mais ne sont PAS une solution de confort ou de création de sol.
Technique #8 : Le Potager Hors-Sol et Intérieur
Wicking beds et culture sur pieds
Le potager hors-sol, c’est la solution ultime quand vous n’avez PAS accès à la terre :
- Balcon ou terrasse en appartement
- Toit-terrasse
- Sol pollué ou totalement impropre
- Intérieur (avec éclairage artificiel)
Attention à la confusion :
- Bac surélevé SANS fond = toujours connecté au sol = PAS du hors-sol
- Bac sur pieds AVEC fond = déconnecté du sol = VRAI hors-sol
En hors-sol, vous créez un écosystème totalement artificiel. Pas de vers de terre qui remontent du sol, pas d’échange avec la terre naturelle, pas de capillarité. Tout doit être apporté : eau, nutriments, fertilité.
Les solutions hors-sol :
1. Wicking bed (mon préféré)
= Bac auto-irrigant avec réserve d’eau en bas
Fonctionnement :
- Fond étanche avec réservoir d’eau (20-40cm)
- Système de capillarité (tissu, tuyau perforé)
- Terre par-dessus (40-60cm)
- L’eau remonte par capillarité, arrosage autonome 1-2 semaines
J’ai cultivé une terrasse entière en wicking beds pendant 1 an. Autonomie en eau : 10-15 jours en été. Un luxe.
2. Bac sur pieds classique
= Bac bois/métal sur pieds, 60-100cm de haut
Plus simple que le wicking bed, mais arrosage manuel nécessaire (tous les 2 jours en été).
3. Culture d’intérieur
= Avec lampes horticoles LED
Je déconseille fortement sauf si vraiment aucune autre option. Coût énergétique énorme pour quelques feuilles de salade. Exception : herbes aromatiques en hiver.
Avantages et inconvénients
✅ Avantages
Solution quand il n’y a pas d’alternative
En appartement, c’était ma seule option. J’ai produit tomates, courgettes, salades, herbes aromatiques sur 8m² de terrasse. Mieux que rien !
Autonomie en eau (wicking bed)
La réserve d’eau capillaire est géniale. Pas d’arrosage quotidien, même en pleine canicule. Idéal si vous partez en vacances.
Contrôle total du sol
Vous créez exactement le sol que vous voulez : léger, drainant, riche. Pas de contrainte liée au terrain.
Mobilité
Vous déménagez ? Vous emportez vos bacs. J’ai gardé mes wicking beds de l’appartement et les ai ramenés en Aveyron.
❌ Inconvénients
Coût prohibitif
Un wicking bed de 1m×0,5m×0,6m coûte :
- 100-150€ de matériaux (bois, liner, tuyaux)
- 200-300L de terreau/compost (30-50€)
- Système d’irrigation (20-40€)
Total : 150-250€ par bac. Pour 10m² de terrasse : 1500-2500€.
Fertilité à recréer constamment
Contrairement au bac sans fond (connecté au sol), le hors-sol s’épuise vite. Vous devez apporter compost, engrais, ou renouveler partiellement la terre tous les 2 ans.
Poids important (terrasse/balcon)
200L de terre + réservoir d’eau = 250-300kg par bac. Vérifiez la charge admissible de votre balcon/terrasse (limite souvent 200-350kg/m²).
Arrosage fréquent (sans wicking bed)
Un bac classique sur pied sèche très vite. Arrosage tous les 2 jours en été, voire tous les jours en canicule.
Cultures limitées
Oubliez pommes de terre, courges, ou arbustes fruitiers. Le volume limité restreint aux légumes moyens : tomates, salades, courgettes, aubergines, herbes.
Pour qui cette technique ?
👍 Le potager hors-sol est fait pour vous si :
- Vous êtes en appartement (balcon, terrasse, toit)
- Votre sol est pollué ou totalement impropre (ancienne friche industrielle)
- Vous êtes locataire et voulez du “transportable”
- Vous avez un budget conséquent (1000-2000€ pour 10m²)
- Vous cultivez surtout légumes d’été + aromatiques
👎 Passez votre chemin si :
- Vous avez accès à de la terre naturelle (préférez TOUJOURS un bac sans fond)
- Votre budget est limité
- Vous voulez produire en volume (autonomie alimentaire)
- Vous visez des cultures volumineuses (courges, pommes de terre)
Mon retour d’expérience :
J’ai cultivé en wicking beds pendant 1 an (2018-2019) sur ma terrasse d’appartement. Bilan mitigé :
✅ Ce qui a marché :
- Tomates cerises : 4-5kg par pied
- Courgettes : 8-12 fruits par plant
- Salades à couper en continu
- Herbes aromatiques en abondance
❌ Ce qui a échoué :
- Tomates “grosses” : Manque de volume racinaire
- Concombres : Trop gourmands en eau malgré réservoir
- Poivrons : Croissance limitée, fruits petits
Coût final : 2000€ pour 10m² de terrasse équipée. Production : ~50kg de légumes sur l’année. Rentabilité financière : nulle. Mais le plaisir de cultiver en ville : inestimable.
Mon conseil :
Si vous êtes en appartement et que vous aimez jardiner, foncez. Mais ne vous attendez pas à l’autonomie alimentaire ni à la rentabilité. C’est un loisir, pas une solution de production.
Si vous avez accès à un jardin partagé ou ouvrier, privilégiez ça. Vous produirez 5× plus pour 10× moins cher.
Technique #9 : La Permaculture (Ce N’est PAS Une Technique !)
Pourquoi la permaculture n’est pas une méthode de jardinage
La confusion que 90% des jardiniers font :
“Je veux faire un potager en permaculture” = phrase que j’entends (et que j’ai dite !) des centaines de fois.
La réalité :
La permaculture n’est PAS une technique de jardinage. C’est une philosophie de conception (design) qui s’applique à TOUS les domaines de la vie : agriculture, habitat, énergie, eau, relations sociales.
Définition précise :
Permaculture = PERManent + agriCULTURE = créer des systèmes durables, résilients, qui s’auto-entretiennent en imitant les écosystèmes naturels.
Ce n’est pas “comment planter des tomates”, c’est “comment concevoir un système où les tomates poussent avec le moins d’intervention possible”.
Inventeurs : Bill Mollison et David Holmgren (années 1970, Australie)
Les 3 éthiques de la permaculture
Toute démarche permacole repose sur ces 3 piliers :
- Prendre soin de la Terre (préserver les sols, l’eau, la biodiversité)
- Prendre soin des Humains (santé, bien-être, partage)
- Partager équitablement (redistribuer les surplus, limiter la consommation)
Ce que ça veut dire concrètement pour votre potager :
- Ne pas détruire la vie du sol (exit labour, pesticides)
- Créer des systèmes qui produisent sans épuiser
- Partager vos récoltes, vos graines, vos connaissances
Alors, comment “jardiner en permaculture” ?
La vraie question est : Quelles techniques de jardinage (parmi les 8 précédentes) respectent les principes permacoles ?
Réponse : Presque toutes, si vous les pratiquez avec l’esprit permacole !
Techniques compatibles permaculture (par ordre de cohérence) :
- Planche permanente sur sol vivant (technique #3)
- ✅ Sol jamais retourné
- ✅ Paillage permanent
- ✅ Système qui s’auto-fertilise avec le temps
- ➡️ C’est LA technique permacole par excellence
- Buttes de permaculture (technique #4)
- ✅ Recyclage de matériaux (Hügelkultur)
- ✅ Création d’écosystèmes fertiles durables
- ✅ Rétention d’eau, drainage naturel
- Culture en lasagne (technique #6)
- ✅ Recyclage de déchets organiques
- ✅ Création rapide de fertilité
- ✅ Pas de labour
- Potager traditionnel moderne (technique #5)
- ✅ SI pratiqué en sol vivant (paillage, pas de labour)
- ❌ SI pratiqué à l’ancienne (labour, chimie)
- Bac surélevé sans fond (technique #1)
- ⚠️ Compatible SI connecté au sol
- ✅ Permet de cultiver sur sol pauvre sans le détruire
- ⚠️ Moins “permacole” que planches (structure artificielle)
- Potager en carrés (technique #2)
- ⚠️ Compatible MAIS perte d’espace (allées)
- ✅ Bon pour débuter et apprendre
- ⚠️ Pas optimal en permaculture (on préfère maximiser production)
- Bac/carré potager (technique #7)
- ⚠️ Neutre, dépend de comment on l’utilise
- Hors-sol (technique #8)
- ❌ Pas vraiment permacole (déconnecté du sol, artificiel)
- ⚠️ Acceptable si c’est la SEULE option (balcon)
Les principes permacoles appliqués au potager
Au-delà de la technique, voici comment jardiner “en permaculture” :
1. Observer avant d’agir
- Passez 1 saison à observer votre terrain (soleil, vent, eau, faune)
- Ne construisez pas 10 bacs au hasard le 1er weekend
- Mon erreur : J’ai construit mes premiers bacs au mauvais endroit (trop d’ombre). 300€ perdus + 1 an de récoltes médiocres.
2. Chaque élément remplit plusieurs fonctions
- Une haie = brise-vent + habitat auxiliaires + mulch (feuilles) + fruits (si fruitière)
- Un poulailler = œufs + fumier + désherbage + compost accéléré
- Exemple perso : Mes bacs surélevés = production + compostage de surface + rétention d’eau paillage
3. Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments
- Arrosage = paillage + mare + récup eau pluie + plantes couvre-sol
- Fertilité = compost + paillage + engrais verts + vers de terre
- Ne jamais dépendre d’UN SEUL système
4. Zéro déchet
- Tout ce qui sort du jardin y retourne (sauf maladies)
- Feuilles mortes → paillage
- Épluchures → compost
- Tailles → BRF ou lasagne
- Objectif : Ne plus acheter d’engrais ni terreau après 3 ans
5. Favoriser la biodiversité
- Fleurs mellifères entre les légumes
- Haies diversifiées
- Mare ou point d’eau
- Refuges à insectes
- Résultat chez moi : Quasi zéro traitement (même bio) depuis 3 ans
6. Travailler AVEC la nature, pas contre
- Pas de guerre contre les limaces → canards, refuges hérissons
- Pas de guerre contre pucerons → coccinelles, chrysopes
- Sol qui se compacte → couvre-sol, paillage, vers (pas motoculteur)
7. Le problème est la solution
- Sol argileux → buttes pour drainage (pas décaissement)
- Déchets verts abondants → lasagne (pas déchetterie)
- Pente → terrasses retenant l’eau (pas nivellement)
8. Viser l’autonomie progressive
- Année 1 : Produire quelques légumes
- Année 3 : Produire + ses graines
- Année 5 : Sol auto-fertile + graines + plants à partager
- Mon parcours : 16 ans pour atteindre 70% autonomie légumes + 100% graines
Mon avis personnel après 16 ans
Ce que j’ai appris sur la permaculture :
✅ Ce qui est précieux :
- Le cadre de pensée (observer, expérimenter, s’adapter)
- L’éthique (respect du vivant, partage)
- Les principes de design (zonage, guildes, succession)
❌ Ce qui peut être paralysant :
- Le dogmatisme de certains permaculteurs (“il FAUT faire comme ça”)
- La culpabilité si on n’est pas 100% permacole
- L’attente de perfection qui empêche de démarrer
Mon approche aujourd’hui :
Je m’inspire des principes permacoles SANS m’interdire le pragmatisme :
- Mes planches permanentes = 100% permacole (sol vivant, paillage, zéro intrant)
- Mes bacs surélevés = moins permacole (structure artificielle) MAIS ils me permettent de jardiner debout à 54 ans
- Mon potager à plat = partiellement permacole (sol vivant, mais production intensive)
La permaculture, c’est un idéal vers lequel tendre, pas une religion à suivre aveuglément.
👍 L’approche permacole est faite pour vous si :
- Vous voulez créer un système durable, pas juste “faire des tomates”
- Vous êtes patient (résultats visibles année 3-5)
- Vous aimez observer, expérimenter, comprendre
- Vous avez au moins 100-200m² (permaculture = vision globale)
- L’écologie et le respect du vivant sont importants pour vous
- Vous visez l’autonomie progressive (légumes, graines, fertilité)
👎 Passez votre chemin si :
- Vous voulez des résultats immédiats (année 1)
- Vous cherchez une “recette” toute faite
- Vous avez un petit espace (10-30m²) → privilégiez technique adaptée
- Vous voulez juste quelques tomates sans réfléchir système global
Mon conseil :
Ne commencez PAS par “faire de la permaculture”. Commencez par choisir UNE technique de jardinage parmi les 8 précédentes (selon votre sol, dos, objectif), puis intégrez progressivement les principes permacoles :
- Année 1 : Choisir technique + produire premiers légumes
- Année 2 : Ajouter paillage permanent
- Année 3 : Créer biodiversité (fleurs, haies)
- Année 4 : Autonomie graines + compostage complet
- Année 5+ : Système mature, quasi autonome
La permaculture n’est pas un point de départ. C’est une direction.
📊 TÉLÉCHARGEZ LE TABLEAU COMPARATIF COMPLET (PDF)
Retrouvez les 8 techniques sur 1 page A4 imprimable :
- Avantages / Inconvénients détaillés
- Coûts / Temps / Difficulté
- Recommandation par profil
Comment Choisir VOTRE Technique de Jardinage ?
Vous venez de lire 8 techniques différentes. Peut-être que vous êtes encore plus confus qu’au départ ! C’est normal. Laissez-moi vous aider avec un cadre décisionnel simple en 3 questions.
Répondez à ces 3 questions :
Question 1 : Quel est l’état de votre sol ?
Votre sol est bon (terre noire, grumeleuse, vers de terre visibles) :
→ Vous avez de la chance ! Pas besoin de structures coûteuses.
→ Techniques recommandées :
- Planche permanente (productivité maximale)
- Potager à plat (si grand terrain)
- Bac potager 20-30cm (si vous voulez structurer esthétiquement)
Votre sol est moyen (argileux, un peu compact, pauvre en humus) :
→ Améliorable, mais ça prendra 2-3 ans.
→ Techniques recommandées :
- Bac potager 30-40cm (amélioration + esthétique)
- Potager en carrés (si petit espace)
- Culture lasagne pour démarrer rapidement
Votre sol est mauvais (très argileux, caillouteux, pollué, stérile) :
→ Ne perdez pas de temps à l’améliorer.
→ Techniques recommandées :
- Bac surélevé 60-80cm (vous créez votre propre sol)
- Butte Hügelkultur (si gros volumes de bois)
- Potager hors-sol (si sol pollué ou terrasse)
Question 2 : Avez-vous besoin de jardiner debout ?
Vous avez moins de 45 ans, dos en bonne santé :
→ Le confort n’est pas un critère prioritaire pour le moment.
→ Privilégiez : Productivité et budget
→ Techniques recommandées :
- Potager à plat
- Planche permanente
- Bac potager 20-30cm
Vous avez 45-60 ans, début de douleurs dorsales :
→ Anticipez. Le confort deviendra crucial dans 5-10 ans.
→ Optez pour un mix :
- 70% bacs surélevés 40-60cm (cultures principales)
- 30% à plat (grosses productions type courges)
Vous avez 60+ ans, dos fragile, ou problèmes de genoux :
→ Le confort est NON négociable.
→ Techniques recommandées :
- Bac surélevé 60-80cm (obligatoire)
- Potager sur pieds avec fond (si terrasse)
- Abandon du potager à plat (trop pénible)
Mon conseil personnel à 54 ans :
J’ai commencé à avoir mal au dos vers 48 ans. Si c’était à refaire, j’aurais investi dans les bacs surélevés dès 40 ans. N’attendez pas d’avoir mal pour anticiper.
Question 3 : Quel est votre objectif (loisir ou production) ?
Objectif : Plaisir, pédagogie, loisir en famille
→ Privilégiez esthétique, facilité, et aspect ludique
→ Techniques recommandées :
- Potager en carrés (parfait débutants et enfants)
- Bac surélevé 40-60cm (structuré et beau)
- Bac potager 20-30cm (économique et joli)
Objectif : Compléter les courses, 30-50% légumes
→ Mix entre plaisir et efficacité
→ Techniques recommandées :
- 50% planche permanente (production)
- 30% bacs surélevés (confort cultures intensives)
- 20% carrés (aromatiques et essais variétés)
Objectif : Autonomie alimentaire complète (80-100% légumes)
→ Productivité maximale absolue
→ Techniques obligatoires :
- 80% planche permanente ou potager à plat (volume)
- 15% bacs surélevés (cultures exigeantes)
- 5% carrés (production continue salades/radis)
Surface nécessaire selon objectif :
- Loisir/complément : 20-40m²
- 50% autonomie : 60-100m²
- Autonomie complète (famille 4) : 120-200m²
Le Seuil des 40cm : Ce Qui Change Tout
Si vous ne devez retenir QU’UNE chose de cet article, c’est ce seuil critique : 40cm de hauteur changent radicalement votre façon de jardiner.
Pourquoi 40cm est un seuil magique ?
Sous 40cm : Vous êtes “au sol”
- Le sol d’origine reste prédominant
- Les racines plongent majoritairement dans le sol naturel
- Les vers de terre circulent librement entre sol et bac
- Vous dépendez toujours de la qualité de votre terrain
- Confort minimal (vous jardinez penché)
Au-dessus de 40cm : Vous créez un “nouveau monde”
- Le sol d’origine devient secondaire
- Les racines restent majoritairement dans le bac (sauf arbustes)
- Vous contrôlez totalement composition et fertilité
- Confort significatif (jardinage semi-debout à 40-60cm, debout à 70-80cm)
- Indépendance vis-à-vis du terrain
Pourquoi j’insiste sur ce seuil ?
Parce que c’est le piège dans lequel je suis tombé (et 90% des jardiniers tombent) :
2010 : Je construis des “bacs surélevés” de 25cm
→ Je crois créer un sol indépendant
→ En réalité, je fais juste des bordures esthétiques
→ Mon sol argileux limite toujours mes cultures
2015 : Je surélève à 60cm
→ LÀ, je découvre la vraie différence
→ Sol totalement indépendant, fertile dès la 1ère année
→ Confort de jardinage incomparable
Coût de mon erreur :
- 300€ de matériaux “perdus” (bacs 25cm inutilisables seuls)
- 2 années de récoltes décevantes
- Reconstruction complète nécessaire
Le tableau des hauteurs
| Hauteur | Sol d’origine | Racines | Confort | Usage |
|---|---|---|---|---|
| 0-20cm | Dominant | 80% en dessous | Aucun | Bordure esthétique |
| 20-40cm | Important | 60% en dessous | Faible | Organisation + amélioration |
| 40-60cm | Secondaire | 70% dans le bac | Bon | Création sol + confort modéré |
| 60-80cm | Négligeable | 90% dans le bac | Excellent | Jardinage debout + indépendance totale |
| 80cm+ | Aucun | 100% dans le bac | Maximum | PMR, dos très fragile |
Mon conseil pour éviter mon erreur
Si votre objectif est de créer un sol indépendant (terrain pauvre/pollué), ne descendez jamais sous 50cm. Vous économiserez argent et frustration.
Si votre objectif est le confort (dos fragile), visez directement 70-80cm. Ne passez pas par la case 40-50cm, vous serez déçu et devrez rehausser.
Les seules situations où moins de 40cm suffit :
- Votre sol est déjà bon → 20-30cm = amélioration + esthétique
- Budget très serré et vous testez le concept
- Vous êtes jeune (30 ans) et visez surtout l’organisation
Dans tous les autres cas : 40cm minimum, idéalement 60cm.
Ma Recommandation Selon Votre Profil
Après 16 ans d’expérience et 8 techniques testées, voici ce que je recommande selon votre situation précise :
Vous débutez et avez peu de temps
Votre situation :
- Vous n’avez jamais jardiné (ou presque)
- Vous avez 2-4h par semaine maximum
- Vous voulez que ce soit simple et rassurant
- Vous avez 20-30m² disponibles
Ma recommandation : Potager en carrés (technique #2)
Pourquoi ?
- Grille 30×30cm = vous savez exactement où et quoi planter
- Petite surface facile à gérer
- Évolutif : vous ajoutez des carrés au fur et à mesure
- Entretien rapide (120cm accessible sans piétiner)
Budget démarrage : 200-400€
- 3-4 cadres 120×120 (150-250€ bois)
- Terre de remplissage (50-100€)
- Outils de base (40-50€)
Ce que vous produirez la 1ère année :
- 30-40kg de légumes
- Apprentissage des bases
- Confiance acquise
Évolution naturelle :
Après 2-3 ans, vous ajouterez des planches permanentes pour les grosses productions (pommes de terre, courges), tout en gardant vos carrés pour l’intensif.
Vous avez un dos fragile
Votre situation :
- Problèmes lombaires, sciatique, arthrose genoux
- Jardiner penché = douleur garantie après 1h
- Vous avez 40-60m² disponibles
- Budget : 1000-1500€ possible
Ma recommandation : Bacs surélevés 70-80cm (technique #1)
Pourquoi ?
- Jardinage totalement debout = zéro douleur
- Vous jardinerez 2-3× plus longtemps sans souffrir
- Sol créé = récoltes garanties dès année 1
- Durée 10+ ans = investissement rentable
Budget démarrage : 1200-1800€
- 5-6 bacs 2m×1m×70cm (900-1200€)
- Remplissage terre/compost (250-400€)
- Système arrosage goutte-à-goutte optionnel (150-200€)
Erreur à éviter :
Ne construisez PAS des bacs de 40-50cm “pour économiser”. Vous serez déçu du confort (toujours un peu penché) et vous devrez rehausser. Allez directement sur 70cm minimum.
Ce que vous produirez :
- 80-120kg de légumes/an (tomates, courgettes, salades, haricots)
- Jardinage jusqu’à 70-80 ans sans douleur
- Plaisir retrouvé (vs abandon par douleur)
Complément possible :
Si vous voulez produire plus (pommes de terre, courges), ajoutez 20-30m² de potager à plat avec paillage permanent. Vous y allez juste pour planter au printemps et récolter en automne (6-8h/an max).
Vous visez l’autonomie alimentaire
Votre situation :
- Famille de 4 personnes
- Objectif : 80-100% des légumes en autonomie
- Terrain disponible : 150-200m²
- Vous acceptez d’investir du temps (6-10h/semaine en saison)
Ma recommandation : Mix 70% planches permanentes + 20% bacs + 10% carrés
Décomposition :
100m² de planches permanentes (technique #3) :
→ Productions volumineuses :
- Pommes de terre : 150-200kg/an
- Courges/potirons : 80-120kg/an
- Haricots verts/secs : 30-40kg/an
- Oignons, ail, échalotes : 25-30kg/an
- Carottes, betteraves : 40-60kg/an
30m² de bacs surélevés 60cm (technique #1) :
→ Cultures intensives à suivi rapproché :
- Tomates : 80-120kg/an
- Courgettes : 40-60kg/an
- Aubergines, poivrons : 15-25kg/an
- Concombres : 40-60kg/an
20m² de carrés (technique #2) :
→ Production continue petits légumes :
- Salades : 150-200 salades/an
- Radis : récolte tous les 3-4 semaines
- Herbes aromatiques en abondance
- Épinards, mâche en hiver
Budget démarrage : 1500-2500€
- Planches permanentes : 400-600€ (bordures bois + paillage initial)
- Bacs surélevés : 800-1200€
- Carrés : 200-400€
- Outils qualité : 100-300€
Production totale attendue : 600-800kg de légumes/an
= Quasi autonomie complète pour famille de 4
Temps nécessaire :
- Mars-juin : 8-12h/semaine (plantations, semis)
- Juillet-septembre : 6-8h/semaine (entretien, récoltes)
- Octobre-février : 2-4h/semaine (nettoyage, planification)
Moyenne annuelle : 5-6h/semaine
Cette configuration est exactement celle que j’ai adoptée en Aveyron depuis 2020. Elle me permet de produire 700kg de légumes/an, avec un équilibre parfait entre productivité (planches), confort (bacs), et suivi intensif (carrés).
Vous êtes en appartement
Votre situation :
- Balcon ou terrasse (5-15m²)
- Pas d’accès à la terre naturelle
- Budget limité (culture hors-sol = cher)
- Vous voulez quand même jardiner
Ma recommandation : 2 wicking beds + bacs classiques
Pourquoi les wicking beds en priorité ?
- Autonomie arrosage 10-15 jours (vs 2 jours pour bac classique)
- Parfait si vous partez en weekend ou vacances
- Légumes “gourmands” réussissent mieux (tomates, courgettes)
Configuration optimale 10m² de terrasse :
2 wicking beds 1m×0,5m×0,6m (180€ chacun) :
→ Cultures intensives :
- 3-4 pieds de tomates cerises : 15-20kg/an
- 2 pieds de courgettes : 15-20 courgettes/an
- 6-8 salades en rotation continue
4 bacs classiques 0,8m×0,4m×0,4m (60€ chacun) :
→ Cultures rapides et aromatiques :
- Radis, salades à couper
- Basilic, persil, ciboulette, menthe
- Épinards, mâche en hiver
- Fraisiers (3-4kg/an)
Budget total : 600-900€
- Wicking beds : 360-400€
- Bacs classiques : 240-300€
- Terreau/compost : 100-150€
- Arrosoir, petits outils : 40-50€
Ce que vous produirez :
- 50-80kg de légumes/an (surtout tomates, courgettes, salades)
- Aromatiques fraîches toute l’année
- Beaucoup de plaisir et fierté
Erreurs à éviter :
1. Surcharger la terrasse
Vérifiez la charge admissible (souvent 250-350kg/m²). Un wicking bed plein = 250-300kg.
2. Croire à l’autonomie alimentaire
En appart, vous compléterez vos courses, pas plus. Acceptez-le.
3. Négliger l’arrosage (bacs classiques)
Sans wicking bed, c’est tous les 2 jours en été. Si vous partez souvent, privilégiez les wicking beds.
Mon retour d’expérience :
J’ai cultivé ma terrasse d’appartement pendant 1 an (2018-2019). Investissement : 2000€. Production : ~60kg. Rentabilité financière : 0.
Mais le plaisir de récolter mes propres tomates en ville, de cuisiner avec mes herbes fraîches, et la fierté de montrer mon “mini-potager” à mes amis : inestimable.
Si vous êtes en ville et aimez jardiner, foncez. Mais gardez des attentes réalistes : c’est un loisir, pas une solution d’autonomie.
Conclusion : Trouvez Votre Technique et Lancez-Vous
Vous avez maintenant toutes les clés pour choisir votre technique de jardinage. Vous l’avez compris : il n’y a pas UNE méthode parfaite, mais celle qui correspond à votre terrain, votre dos, votre temps et vos objectifs.
Mon dernier conseil : commencez petit. Ne construisez pas 10 bacs ou 100m² de planches d’un coup. Testez avec 10-20m², observez, apprenez. Vous ajusterez les années suivantes.
Le jardinage, c’est comme la vie : on évolue. J’ai changé de technique 6 fois en 16 ans. C’est normal et sain.
Et maintenant ? Téléchargez le guide PDF complet avec les tableaux comparatifs, le framework décisionnel en 3 questions, et les schémas explicatifs pour choisir en 5 minutes votre technique idéale.
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- Tableaux comparatifs détaillés
- Framework décisionnel 3 questions
- Schémas et infographies
- Plans de bacs surélevés inclus
Bon jardinage !
Loïc
Bonjour Loïc j’ai suivi la formation en octobre 2017. Puis-je toujours avoir accès à l’Université. Merci
Bonjour Philippe, c’est rétabli !
Bonjour Loic merci pour cet article très intéressant (comme toujours).
Effectivement, les planches de culture sont la méthode la plus facile pour débuter, je peux en témoigner.
Merci encore de faire autant d’effort pour produire du contenu concret à l’usage de ceux qui se lancent !
j’aimerai démarrer en permaculture – j’ai déjà préparé des bandes ou j’ai a l’automne empilé branchages et herbes arrachées aux alentours
Bonjor Loïc,
Il semble que les commentaires datent un peu, sans doute le texte également.
“Ce modèle de jardinage est très proche de celui de notre agriculture. Hors, on sait aujourd’hui que ce modèle n’est pas durable et qu’il est voué à disparaître.”
L’agriculture a beaucoup évolués, on ne le dit jamais assez.
Pendant d’interminbles années on a dit “produisez, vous devez nourrir le monde à n’importe quel prix”. Les agriculteurs n’ont fait que mettre en pratique ce que les gestionnaires et leurs intérêts demandaient.
2021 les voit différents: plus de travail de la terre, limitation des intrants, traitements à bon escient au grammes près, et dans l’extrême nécessité, car gardons en tête que ce sont les pères nourriciers de tous ceux qui n’ont pas de jardins…et c’est quand même la majorité!
Quand on a faim on veux du blé. Point.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, la faim/fin, ne justifie pas les moyens. Mais nous revenons de loin…
Par ailleurs j’apprécie beaucoup vos idées et ce que vous nous faites partager et c’est pourquoi il me semblait que vous pouviez entendre ce petit apparté.
Merci encore du travail accompli et partagé.
Geneviève.
Bonjour Loic, mon fils m’a fait une butte en lasagnes qui a été envahie par la menthe qui s’est propagée un peu partout, c’est un cauchemard !!! Impossible de m’en débarrasser ! Y’a t il une solution ? Merci d’avance Élisabeth
Bonjour elisabeth, comme quoi le cauchemar de l’un peut être le rêve de l’autre. Ne devriez vous pas plutôt vous réjouir ? Vous pouvez récolter cette menthe et la faire sécher. A force de la récolter et de cultiver au même endroit elle finira par disparaître
Bonjour Caroline. J’y arrive avec à peu près le rythme que vous indiquez, avec des planches de permaculture. Beaucoup de couverture du sol ( brf…) Et j’ai ajouté une irrigation de sauvetage pour les périodes sèches ( système de tuyaux parallèles tous les 40cm distribués par un même tuyau depuis le puits ,+/-robinets d’arrêt si pas de besoin, horloge sur la prise d’alimentation de la pompe )
Le pb c’est que en y allant aussi peu il faut BEAUCOUP travailler qd on y est, alors si c’est un rassemblement familial….pas facile pour une maîtresse de maison…..il faut aussi prévoir une vraie grosse semaine de travail à l’automne et à la sortie de l’hiver. Rapprocher un peu les we en avril-mai,ce qui permettra aussi de ne pas se laisser dépasser par les besoins de tonte, . Et faire vos semis en godets dans votre habitation principale. Mais au total quel bonheur ce potager : délassement cérébral, beauté du jardin, satisfaction de récolter et déguster ses propres légumes…Et merveilleux moments avec mes petits enfants pendant leurs vacances ! Je cultive environ 100m2, en comptant les petits fruits rouges , les aromates, les artichauts imposants…Et les fleurs à couper.
N’hesitez pas à vous lancer, et commencez par une petite planche ! Benedicte
Bonjour Loic
Je souhaiterais débuter un potager dans la maison de campagne familiale, ou je ne vais qu’une fois par mois anviron passer le week-end. Je me demande quel type de potager choisir. Le format carré me semble bien pour une débutante mais sera-t-il compatible avec un entretien intermittent ? Je n’ai pas de problème d’espace par contre, le terrain est large, avec une terre argileuse
Merci beaucoup !
Bonjour Caroline
une fois par mois ! 🙁 c’est pas beaucoup ça !
Je vous conseille d’opter pour des planches de cultures permanentes.
Des carrés, des rectangles, peut importe ! mais pas un potager traditionnel a plat ! Vous allez vous dégouter !
loic
Loïc, bonjour
Toujours oas de lien pour técharger votre guide. 🙁
Help!
Merci d’avance.
j’aimerai avoir le livre… en fait
c’est possible?? 🙄
😳 pas ok avec les arbres ..mais j’aime pouvoir tenir en main ce que je lis!!
hihi, mon age peut être?!
Merci Loïc.
Daolys
Bonjour lOÏC
Après plusieurs démarches infructueuse pour le guide
toujours pas de guide 🙁
Merci de me conseiller
jean claude
envoyé en express ! 🙂
Bonjour Loïc. Après 2 ans de potager classique. L’an dernier j’ai mis en place 6 carrés. Sans rien autour, juste la terre prise dans les allées. Tu m’as fait découvrir la permaculture et j’ai été complètement conquise. Je n’en suis pas encore là mais je vais adopter une autre méthode cette année. J’ai réuni 3 carrés ensemble pour avoir 2 rectangles. Et je vais semer et planter en petites quantités par ci par là, légumes et fleurs. L’avantage que j’y vois c’est de dérouter les insectes nuisibles, mouches, pucerons, piérides. Et aussi de moins me prendre la tête avec les rotations de culture. Plus on mélange, moins on a de risque de mettre la même chose au même endroit. Je continuerai les associations favorables les plus connues mais là aussi sans chercher la perfection. Etant envahie par les escargots et quelques limaces j’ai une idée que je vais mettre en place dès que je vais commencer les cultures. Je vais faire une haie très serrée autour des rectangles, avec des branches de chêne vert qui sont piquantes et des branches de romarin pour l’odeur. Il y en a beaucoup dans ma région. J’espère qu’ils seront déroutés par l’odeur et découragés par le piquant des feuilles. Un peu de boulot mais pas désagréable et çà serait génial si çà marchait. Et pourquoi pas aussi en mettre au milieu des semis pour éviter que les chats ne viennent y faire leurs besoins. Après ces grands froids, vivement le printemps. En tout cas je suis très motivée et merci pour ton blog très intéressant.