Culture de la terre en synergie par Emilia Hazelip : une solution d’avenir face aux défis écologiques

Agriculture en synergie avec émilia hazelip

Sommaire

1. Présentation d’Emilia Hazelip

Contexte historique et influences

Emilia Hazelip est une figure clé dans l’histoire des pratiques agricoles alternatives, notamment grâce à sa contribution à l’agriculture synergique. Son travail s’inscrit dans un contexte de remise en question des modèles agricoles conventionnels, qui, dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, ont montré leurs limites environnementales et sociales.

Elle s’inspire directement des travaux révolutionnaires de Masanobu Fukuoka, un agriculteur et microbiologiste japonais connu pour avoir développé la méthode de l’agriculture naturelle, décrite dans son ouvrage La révolution d’un seul brin de paille. Fukuoka prônait une approche de l’agriculture sans labour, basée sur l’observation et le respect des dynamiques naturelles. Emilia adapte ces principes à des climats et des sols européens, tout en intégrant des éléments issus de la permaculture, un concept élaboré par Bill Mollison et David Holmgren dans les années 1970. La permaculture met l’accent sur la conception de systèmes résilients, inspirés des écosystèmes naturels.

Le contexte historique de l’époque, marqué par les crises écologiques et la montée des préoccupations environnementales, a influencé Emilia Hazelip dans son engagement pour un modèle agricole respectueux des sols et de la biodiversité. Elle participe ainsi à un mouvement global en faveur de l’autonomie alimentaire et de la régénération des écosystèmes.


Parcours personnel et professionnel

Emilia Hazelip naît en 1938 à Barcelone, en Espagne, au cœur de la guerre civile espagnole. Sa jeunesse est marquée par un contexte de lutte sociale et d’instabilité, ce qui façonne probablement son engagement pour des solutions alternatives et plus équitables. Dans les années 1960, Emilia quitte l’Espagne pour voyager à travers l’Europe et les États-Unis. Ces voyages lui permettent de rencontrer des pionniers de l’agriculture alternative et de découvrir des pratiques agricoles issues d’autres cultures.

Dans les années 1970, elle commence à travailler sur l’application pratique des principes de l’agriculture naturelle de Fukuoka en Europe. Cependant, elle réalise rapidement que le climat tempéré de l’Europe nécessite des ajustements significatifs. En parallèle, elle s’intéresse aux travaux émergents sur la permaculture et commence à développer sa propre approche, qu’elle appellera plus tard l’agriculture synergique.

Emilia Hazelip consacre sa vie à expérimenter, documenter et transmettre ses techniques agricoles. Elle met en place des jardins expérimentaux en France, en Espagne et en Italie, où elle affine ses méthodes. À travers des conférences, des ateliers pratiques et des vidéos pédagogiques, elle devient une ambassadrice des pratiques agricoles durables en Europe.


Rôle dans la diffusion de l’agriculture synergique

Emilia Hazelip joue un rôle crucial dans l’adaptation et la diffusion des principes de l’agriculture naturelle et synergique en Europe. Contrairement à Fukuoka, dont les travaux restaient souvent spécifiques au Japon, elle s’attache à rendre ces concepts accessibles aux jardiniers et agriculteurs européens.

Le jardin d'Emilia Hazelip

Sa vision repose sur quatre grands principes :

  1. Le non-travail du sol : elle insiste sur l’importance de ne pas perturber les micro-organismes et la structure du sol.
  2. La couverture permanente : Emilia encourage l’utilisation d’un paillage organique permanent pour protéger le sol et favoriser l’autofertilité.
  3. Les associations de cultures : en combinant des plantes complémentaires, elle améliore la santé des cultures et réduit les besoins en intrants.
  4. L’autonomie du sol : elle défend l’idée que le sol peut se régénérer et se fertiliser seul, grâce à une gestion équilibrée des cycles naturels.

Emilia transmet son savoir à travers des vidéos comme La culture en buttes selon Emilia Hazelip, où elle explique avec pédagogie comment mettre en place un jardin synergique. Ces ressources ont permis à de nombreux jardiniers amateurs de s’initier à ses méthodes.

Malheureusement, Emilia Hazelip décède en 2003, avant d’avoir pu formaliser l’ensemble de ses travaux. Malgré tout, son héritage perdure grâce à la communauté d’agriculteurs et de jardiniers qui continuent d’expérimenter et de partager ses pratiques. Elle est aujourd’hui reconnue comme une pionnière de l’agroécologie en Europe et une source d’inspiration pour ceux qui cherchent à cultiver en harmonie avec la nature.


2. Principes de l’agriculture synergique

L’agriculture synergique, conceptualisée par Emilia Hazelip, repose sur des principes fondamentaux qui s’inspirent de l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka, enrichis par les observations et expériences qu’elle a menées dans des contextes européens. Ces principes sont guidés par une vision écologique et systémique, où l’agriculteur travaille avec la nature plutôt que contre elle. Voici les piliers essentiels de cette méthode.


Respect et régénération du sol

Le respect du sol est au cœur de l’agriculture synergique. Emilia Hazelip considère le sol comme un organisme vivant, abritant une multitude de micro-organismes, champignons, bactéries et insectes qui assurent sa fertilité. Dans cette approche, il ne s’agit pas seulement de préserver la qualité du sol, mais de contribuer activement à sa régénération.

Contrairement à l’agriculture conventionnelle, qui épuise souvent les sols en utilisant des engrais chimiques et des pratiques destructrices, l’agriculture synergique cherche à améliorer le sol année après année. Cette régénération repose sur plusieurs pratiques clés :

  • L’apport constant de matière organique (via un paillage ou des résidus végétaux).
  • Le maintien d’une vie microbienne active, essentielle pour la transformation de la matière organique en nutriments assimilables par les plantes.
  • La suppression de toutes les pratiques qui perturbent ou détruisent la structure du sol, comme le labour ou les intrants chimiques.

Le sol devient ainsi un partenaire autonome et fertile, capable de nourrir les cultures sans besoin d’interventions extérieures.


Couverture permanente et autofertilité

Un principe central de l’agriculture synergique est de maintenir le sol toujours couvert. Cette couverture permanente, obtenue grâce à un paillage (foin, paille, feuilles mortes, herbes coupées), remplit plusieurs fonctions vitales :

  1. Protection contre les intempéries : La couverture protège le sol de l’érosion causée par la pluie ou le vent et régule les variations de température.
  2. Favorisation de la vie du sol : En limitant les perturbations, la couverture favorise l’activité des micro-organismes et des lombrics, qui jouent un rôle clé dans la transformation de la matière organique.
  3. Maintien de l’humidité : En réduisant l’évaporation, le paillage limite les besoins en arrosage, rendant les systèmes plus résilients face à la sécheresse.
  4. Apport d’éléments nutritifs : Au fur et à mesure de sa décomposition, la matière organique enrichit naturellement le sol, créant un système d’autofertilité.

Ce principe libère les jardiniers et agriculteurs de la dépendance aux engrais chimiques ou aux amendements coûteux, tout en garantissant une fertilité durable.


Association et diversité des cultures

L’agriculture synergique s’inspire directement des écosystèmes naturels, où la biodiversité joue un rôle clé dans l’équilibre des systèmes. Emilia Hazelip promeut la culture en association, où différentes plantes sont cultivées ensemble pour profiter de leurs interactions positives.

Certaines plantes s’entraident naturellement :

  • Les légumineuses, comme les haricots ou les pois, fixent l’azote de l’air et enrichissent le sol, ce qui profite à des plantes gourmandes comme les tomates ou les courges.
  • Les plantes aux racines profondes, comme les carottes ou les panais, ameublissent le sol en profondeur et facilitent l’accès à l’eau pour les autres cultures.
  • Les fleurs mellifères, comme la bourrache ou les soucis, attirent les pollinisateurs et éloignent certains ravageurs.

La diversité des cultures limite également les risques de propagation des maladies et des parasites, un problème fréquent dans les monocultures. Emilia Hazelip encourage une approche de jardinage où chaque espace est intensément utilisé, avec des plantes complémentaires qui se renforcent mutuellement.


Absence de labour et de compactage du sol

Un autre principe fondamental de l’agriculture synergique est le refus du labour. Labourer le sol perturbe les écosystèmes complexes qui se forment sous la surface, détruit les structures naturelles et expose la matière organique à une dégradation rapide.

En agriculture synergique, le sol est travaillé par la nature elle-même :

  • Les lombrics et autres organismes vivants assurent l’aération et l’ameublissement du sol.
  • Les racines des plantes, en se décomposant, laissent des canaux naturels qui facilitent l’infiltration de l’eau et le développement des nouvelles cultures.
  • Les cycles naturels de croissance et de décomposition des plantes contribuent à enrichir la structure du sol.

Par ailleurs, l’agriculture synergique veille à limiter le compactage du sol, un problème fréquent dans les systèmes agricoles conventionnels où les machines lourdes tassent la terre. Cela passe par l’utilisation de chemins fixes pour circuler dans le jardin ou la parcelle, afin de ne jamais marcher sur les zones cultivées.


Importance de l’observation des processus naturels

Pour Emilia Hazelip, l’agriculture synergique n’est pas une simple technique, mais un mode de pensée et d’observation. Elle insiste sur le rôle central de l’agriculteur ou du jardinier en tant qu’observateur attentif des cycles naturels.

Comprendre et respecter les interactions entre le sol, les plantes, l’eau, les insectes et les micro-organismes est essentiel pour réussir dans cette approche. L’observation permet de :

  • Identifier les besoins réels des plantes sans intervention excessive.
  • Reconnaître les déséquilibres (apparition de parasites, maladies, carences) et trouver des solutions naturelles pour y remédier.
  • Ajuster les pratiques en fonction des conditions locales (climat, type de sol, biodiversité présente).

L’observation régulière des parcelles encourage également une relation plus intime avec la terre et une compréhension plus fine des écosystèmes, ce qui est au cœur de la philosophie synergique.


En résumé : L’agriculture synergique repose sur une approche respectueuse et holistique, où le sol, les plantes et les micro-organismes sont perçus comme les membres d’un écosystème vivant et interdépendant. En mettant l’accent sur le respect du sol, la diversité des cultures, l’absence de labour et l’observation des cycles naturels, Emilia Hazelip offre une méthode durable et accessible, adaptée aux agriculteurs et jardiniers soucieux de préserver l’environnement tout en assurant une production saine et abondante.


3. Mise en place d’un potager synergique

Créer un potager synergique nécessite une planification réfléchie et une mise en œuvre en harmonie avec les principes fondamentaux de l’agriculture synergique. Chaque étape vise à maximiser l’autonomie et la fertilité naturelle du sol tout en optimisant l’utilisation de l’espace disponible. Voici les étapes essentielles pour installer un potager synergique fonctionnel et durable.


Création des buttes : dimensions, orientation et construction

Les buttes sont l’élément central du potager synergique. Elles permettent d’améliorer la structure du sol, de favoriser son drainage et d’augmenter la surface cultivable.

Dimensions des buttes

  • Largeur : Les buttes doivent être suffisamment étroites pour permettre de cultiver et de récolter sans marcher dessus. Une largeur idéale est de 1 m à 1,20 m.
  • Hauteur : La hauteur varie selon la qualité du sol et les besoins. Une butte de 30 à 50 cm est généralement suffisante pour une bonne aération et un bon drainage. Si le sol est très pauvre ou compacté, des buttes plus hautes (jusqu’à 80 cm) peuvent être nécessaires.
  • Longueur : La longueur dépend de l’espace disponible, mais il est conseillé de diviser les longues buttes en sections pour faciliter l’entretien.

Orientation des buttes

L’orientation des buttes est cruciale pour optimiser l’ensoleillement et protéger les cultures :

  • Dans les régions tempérées, une orientation nord-sud permet un ensoleillement uniforme sur les deux côtés de la butte.
  • Dans les régions très chaudes, une orientation est-ouest peut limiter l’exposition directe aux heures les plus chaudes de la journée.
  • Pensez à intégrer la direction dominante des vents pour protéger les cultures fragiles.

Construction des buttes

  1. Préparation du sol : Délimitez l’emplacement des buttes et des allées. Retirez les grosses pierres et débroussaillez si nécessaire, mais évitez de retourner le sol.
  2. Superposition des couches : Les buttes sont construites selon une méthode en lasagnes :
    • Première couche : des matériaux grossiers comme des branchages ou des bûches, pour favoriser le drainage et fournir une structure.
    • Deuxième couche : des matières riches en carbone (paille, feuilles mortes).
    • Troisième couche : des matières riches en azote (déchets de cuisine, fumier bien décomposé).
    • Couche finale : une couche de terre fine ou de compost mûr pour accueillir les semis et plantations.
  3. Stabilisation : Une fois la butte montée, arrosez abondamment pour compacter légèrement les couches et initier le processus de décomposition.

Gestion des allées et zones de passage

Les allées jouent un rôle essentiel dans le potager synergique, en évitant le compactage des buttes et en facilitant la circulation.

Largeur des allées

  • Les allées doivent être assez larges pour permettre de travailler confortablement, généralement entre 30 et 50 cm.
  • Si vous utilisez une brouette ou un chariot, prévoyez des allées principales de 80 cm à 1 m de largeur.

Aménagement des allées

  1. Délimitation claire : Utilisez des bordures en bois, en pierres ou simplement des branches pour marquer la séparation entre les buttes et les allées.
  2. Revêtement des allées :
    • Optez pour des matériaux organiques comme les copeaux de bois, la paille ou les écorces, qui se décomposeront lentement et enrichiront le sol à long terme.
    • Vous pouvez également utiliser des graviers ou des dalles pour des allées plus durables et moins sujettes à l’humidité.
  3. Gestion des zones de passage : Évitez de marcher sur les buttes en vous limitant aux allées. Si nécessaire, installez des passerelles en bois ou des planches temporaires pour atteindre certaines zones.

Choix des matériaux pour le paillage

Le paillage est un élément fondamental de l’agriculture synergique, garantissant la protection du sol, la limitation des mauvaises herbes, et l’apport progressif de nutriments.

Types de matériaux pour le paillage

  1. Matériaux organiques :
    • Paille : Légère et facile à manipuler, elle offre une bonne protection contre l’évaporation.
    • Foin : Riche en nutriments, mais peut contenir des graines, nécessitant un désherbage régulier.
    • Feuilles mortes : Idéales pour enrichir le sol, mais leur décomposition est plus lente.
    • Tontes de gazon : Riche en azote, mais à utiliser en fines couches pour éviter la fermentation.
    • Copeaux de bois : Excellents pour les allées ou les cultures pérennes, mais se décomposent lentement.
  2. Matériaux recyclés : Carton non imprimé, papier journal ou tissus naturels, utilisés comme première couche sous un paillage organique pour limiter les adventices.

Épaisseur du paillage

Une épaisseur de 5 à 10 cm est idéale pour protéger le sol tout en permettant à l’eau de s’infiltrer. Ajustez selon les saisons :

  • En été, utilisez une couche plus épaisse pour réduire l’évaporation.
  • En hiver, une couche plus fine peut favoriser le réchauffement du sol.

Organisation spatiale : intégration des arbres et cultures complémentaires

Un potager synergique ne se limite pas aux buttes : il intègre également les arbres fruitiers, les cultures vivaces et les associations végétales pour maximiser la biodiversité et les interactions positives.

Intégration des arbres

Les arbres fruitiers ou arbres à noix peuvent être intégrés autour du potager ou même entre les buttes, en respectant certaines règles :

  • Distance : Placez les arbres à une distance suffisante pour éviter qu’ils ne fassent de l’ombre excessive aux cultures (au moins 3 à 5 m selon leur taille).
  • Choix des variétés : Optez pour des arbres adaptés à votre climat, avec des porte-greffes adaptés à la taille de votre espace.
  • Compostage en place : Pratiquez le “compostage de surface” au pied des arbres pour enrichir le sol sans effort.

Cultures complémentaires

L’association des cultures est essentielle pour réduire les maladies, éloigner les ravageurs et optimiser l’espace :

  • Associez des plantes de hauteurs différentes (ex. maïs, haricots grimpants et courges dans le système des “trois sœurs”).
  • Mélangez des cultures gourmandes avec des plantes améliorantes, comme les légumineuses.
  • Plantez des fleurs utiles (soucis, capucines, bourrache) pour attirer les pollinisateurs et repousser les nuisibles.

En résumé : Mettre en place un potager synergique demande une réflexion approfondie sur l’organisation de l’espace, le choix des matériaux et l’intégration des éléments naturels. En construisant des buttes adaptées, en aménageant des allées fonctionnelles, en utilisant des paillages diversifiés et en favorisant la complémentarité entre les arbres et les cultures, vous créerez un écosystème autosuffisant et résilient. Ce modèle de jardinage, inspiré des processus naturels, offre des récoltes abondantes tout en respectant profondément la vie du sol et de ses habitants.


4. Pratiques et techniques de culture

Dans un potager synergique, les pratiques et techniques de culture sont axées sur l’imitation des processus naturels et le respect des cycles biologiques. Ces méthodes permettent non seulement de garantir une production saine et abondante, mais aussi de préserver et de régénérer la fertilité du sol sur le long terme.


Méthodes de semis et plantation directe

Le semis et la plantation directe sont les bases de tout potager synergique. Ces techniques doivent être adaptées aux besoins des plantes et aux caractéristiques spécifiques de chaque butte.

Semis en pleine terre

Le semis en pleine terre est une méthode idéale pour les cultures rustiques ou peu exigeantes, comme les radis, les carottes ou les épinards. Voici quelques recommandations :

  • Préparation du sol : La couche supérieure de la butte, composée de compost mûr ou de terre fine, doit être légèrement ameublie sans être retournée.
  • Sillons peu profonds : Creusez des sillons peu profonds (1 à 2 cm) pour les petites graines, et légèrement plus profonds (3 à 5 cm) pour les graines plus grosses.
  • Espacement : Respectez les distances entre les graines pour éviter la compétition et faciliter l’entretien. Par exemple, semez les carottes tous les 2 à 3 cm et les radis tous les 5 cm.
  • Protection : Recouvrez les graines d’une fine couche de compost ou de terre et arrosez doucement pour favoriser la germination.

Plantation directe de plants

Pour les plantes nécessitant un départ en pépinière (tomates, courges, poivrons, etc.), la plantation directe dans le potager doit respecter certains principes :

  • Préparation des trous : Creusez des trous légèrement plus larges que la motte du plant, en veillant à ameublir le fond pour favoriser l’enracinement.
  • Ajout de compost : Enrichissez chaque trou avec une poignée de compost bien décomposé.
  • Positionnement : Placez le plant au bon niveau : le collet (jonction entre la tige et les racines) doit être juste au-dessus du sol. Pour les tomates, vous pouvez enterrer une partie de la tige pour encourager le développement des racines.
  • Arrosage : Arrosez généreusement immédiatement après la plantation pour aider à stabiliser la motte et éviter le stress hydrique.

Entretien du paillis : renouvellement et gestion

Le paillis est un élément clé dans l’agriculture synergique. Il protège le sol, limite les mauvaises herbes, conserve l’humidité et enrichit le sol en se décomposant.

Renouvellement du paillis

  • Fréquence : Renouvelez le paillis dès qu’il commence à se décomposer ou que le sol devient visible. Généralement, cela se fait 2 à 3 fois par an.
  • Quantité : Une couche de 5 à 10 cm est idéale. En été, privilégiez une couche plus épaisse pour éviter l’évaporation, tandis qu’en hiver, une couche plus fine permet au sol de se réchauffer plus rapidement.
  • Types de paillis : Alternez entre des matériaux riches en carbone (paille, copeaux de bois) et des matériaux riches en azote (tontes de gazon, feuilles vertes) pour maintenir un bon équilibre.

Gestion des adventices

Même avec un paillage, certaines mauvaises herbes peuvent apparaître :

  • Arrachage manuel : Arrachez-les dès leur apparition, en veillant à ne pas perturber le sol.
  • Renforcement du paillis : Si les adventices sont nombreuses, ajoutez une couche supplémentaire de paillis pour étouffer leur croissance.

Rotation et association intelligente des cultures

La rotation et l’association des cultures sont des stratégies essentielles pour prévenir l’appauvrissement du sol et limiter les maladies.

Rotation des cultures

  • Principe : Ne replantez pas la même famille de plantes au même endroit pendant plusieurs années consécutives. Par exemple, si vous avez cultivé des tomates (famille des solanacées) sur une butte, plantez-y des légumineuses l’année suivante.
  • Avantages : Cela réduit le risque de maladies spécifiques et permet de reconstituer les nutriments dans le sol.
  • Exemple de cycle de rotation :
    • Année 1 : Légumes gourmands (courges, tomates).
    • Année 2 : Légumineuses (pois, haricots) pour enrichir le sol en azote.
    • Année 3 : Légumes racines (carottes, betteraves).
    • Année 4 : Légumes feuilles (salades, épinards).

Association des cultures

Certaines plantes s’entraident naturellement lorsqu’elles sont cultivées côte à côte :

  • Les “trois sœurs” : Associez le maïs, les haricots grimpants et les courges. Le maïs sert de tuteur aux haricots, tandis que les courges couvrent le sol pour limiter les mauvaises herbes.
  • Protection naturelle : Plantez des soucis ou des capucines près des tomates pour repousser les pucerons.
  • Compatibilité : Évitez de planter des légumes de la même famille trop proches les uns des autres (par exemple, évitez de regrouper les choux et les radis).

Gestion des nuisibles et équilibre naturel

Dans un potager synergique, la gestion des nuisibles repose sur l’équilibre naturel et la biodiversité. L’objectif est de limiter leur impact sans recourir aux produits chimiques.

Prévention

  • Favoriser les auxiliaires : Attirez les insectes utiles comme les coccinelles, qui se nourrissent de pucerons, en plantant des fleurs mellifères (bourrache, phacélie).
  • Diversité des cultures : Un potager diversifié est moins vulnérable aux attaques massives de nuisibles. Alternez les types de plantes pour brouiller les pistes des ravageurs.

Contrôle naturel

  • Pièges et barrières : Utilisez des colliers en carton autour des plants pour éloigner les limaces ou installez des pièges à bière pour les capturer.
  • Préparations naturelles : Vaporisez des infusions de plantes (ortie, prêle) pour renforcer les plantes et repousser les insectes indésirables.
  • Interventions manuelles : Ramassez les nuisibles visibles (chenilles, doryphores) tôt le matin ou le soir.

Restaurer l’équilibre

Si un déséquilibre persiste, il peut être utile d’analyser la cause sous-jacente :

  • Manque de biodiversité ? Ajoutez des fleurs et des habitats pour les auxiliaires.
  • Sol déséquilibré ? Vérifiez le niveau de matière organique et ajustez le paillage ou le compostage.

En résumé : Les pratiques et techniques de culture dans un potager synergique sont conçues pour travailler avec la nature, pas contre elle. En optimisant les méthodes de semis et de plantation, en entretenant le paillis, en pratiquant la rotation des cultures et en favorisant un équilibre naturel face aux nuisibles, vous construisez un écosystème résilient et productif. Ces approches permettent non seulement d’obtenir de belles récoltes, mais aussi de préserver la santé du sol pour les générations futures.


5. Avantages écologiques et pratiques de l’agriculture synergique

L’agriculture synergique est bien plus qu’une méthode de culture alternative. C’est une approche qui allie respect de l’environnement, efficacité pratique et résilience. Voici les principaux avantages qu’elle offre, aussi bien pour la nature que pour les jardiniers.


Préservation de la biodiversité du sol

L’agriculture synergique place la vie du sol au cœur de ses pratiques, car un sol vivant est la clé d’une agriculture durable et fertile.

Richesse microbienne

Le non-labour et la couverture permanente du sol permettent de préserver et de développer la vie microbienne, essentielle pour :

  • La décomposition de la matière organique : Les microorganismes transforment les résidus végétaux en nutriments assimilables par les plantes.
  • La symbiose racinaire : Les mycorhizes (champignons bénéfiques) créent des réseaux souterrains qui aident les plantes à mieux absorber l’eau et les minéraux.

Faune auxiliaire

En favorisant les habitats naturels grâce au paillage et à la diversité des cultures, cette méthode attire et protège les insectes auxiliaires, tels que :

  • Les vers de terre, qui aèrent le sol.
  • Les carabes et coccinelles, qui régulent les populations de nuisibles.

Équilibre naturel

La biodiversité du sol assure également un équilibre naturel qui réduit les risques de maladies et d’invasions massives de ravageurs. Ce fonctionnement harmonieux limite le besoin d’interventions extérieures.


Réduction des intrants chimiques et des efforts physiques

L’agriculture synergique se distingue par sa capacité à fonctionner avec peu d’intrants et un minimum de travail, ce qui en fait une méthode particulièrement accessible.

Réduction des intrants chimiques

  • Fertilisation naturelle : Grâce au paillage et aux cycles de décomposition, le sol s’enrichit en matière organique sans avoir besoin d’engrais chimiques.
  • Absence de pesticides : La biodiversité et les associations de cultures réduisent naturellement les pressions exercées par les nuisibles. Les plantes poussent dans un environnement équilibré et sont donc moins sujettes aux maladies.
  • Eau économisée : Le paillage limite l’évaporation et conserve l’humidité dans le sol, réduisant considérablement les besoins en arrosage.

Réduction des efforts physiques

  • Absence de labour : En abandonnant le labour, le travail physique lourd est éliminé. Les jardiniers n’ont plus besoin de retourner la terre, ce qui préserve leur santé tout en limitant la perturbation des écosystèmes souterrains.
  • Gestion simplifiée : Une fois les buttes en place et le paillis installé, l’entretien se limite à des gestes légers comme la taille, le renouvellement du paillage ou la récolte.

Résilience face au changement climatique

Dans un contexte où le climat devient de plus en plus imprévisible, l’agriculture synergique se révèle particulièrement adaptée pour faire face à ces défis.

Gestion des extrêmes climatiques

  • Résistance à la sécheresse : Le sol couvert conserve l’humidité et protège les racines des températures élevées.
  • Absorption des excès d’eau : Les buttes surélevées et la structure du sol vivant favorisent le drainage naturel, réduisant ainsi les risques d’asphyxie des plantes en cas de fortes pluies.

Adaptabilité des cultures

La diversité des plantes cultivées dans un potager synergique augmente la résilience face aux aléas climatiques. Si certaines variétés souffrent, d’autres peuvent compenser les pertes.

Stockage du carbone

En enrichissant le sol avec de la matière organique et en évitant les perturbations comme le labour, cette méthode participe au stockage du carbone dans le sol, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique.


Contribution à l’autonomie alimentaire

L’agriculture synergique, en favorisant des pratiques durables et accessibles, est une excellente solution pour tendre vers une autonomie alimentaire locale.

Productivité durable

  • Sol fertile à long terme : En respectant les cycles naturels et en régénérant continuellement le sol, cette méthode garantit des récoltes abondantes sur le long terme sans épuiser les ressources.
  • Diversité alimentaire : Les associations de cultures permettent de produire une grande variété de légumes, fruits et herbes aromatiques dans un espace restreint, offrant ainsi une alimentation équilibrée.

Accessibilité financière

Avec peu d’intrants nécessaires et des techniques simples à mettre en œuvre, cette méthode est particulièrement adaptée aux familles et aux petits producteurs qui souhaitent cultiver à moindre coût.

Indépendance locale

En produisant une grande partie de sa nourriture, le jardinier réduit sa dépendance aux systèmes industriels et peut résister aux crises alimentaires.


En résumé : L’agriculture synergique allie respect de la nature et efficacité pratique, offrant une alternative précieuse aux modèles agricoles conventionnels. En préservant la biodiversité du sol, en limitant les intrants chimiques, en résistant aux impacts du changement climatique et en soutenant l’autonomie alimentaire, cette méthode propose un modèle inspirant pour une agriculture durable et résiliente. Pour les jardiniers comme pour l’environnement, elle représente une véritable promesse d’avenir.


6. Comparaison avec d’autres pratiques agricoles

Pour mieux comprendre l’importance et la singularité de l’agriculture synergique, il est utile de la comparer à d’autres méthodes agricoles telles que l’agriculture conventionnelle et la permaculture. Ces approches diffèrent par leurs principes, leurs pratiques et leurs impacts sur les écosystèmes, les rendements et la durabilité.


Agriculture conventionnelle vs synergique

L’agriculture conventionnelle domine les systèmes agricoles modernes. Elle repose sur des pratiques intensives souvent opposées aux principes de l’agriculture synergique.

Approche du sol

  • Agriculture conventionnelle :
    Le sol est vu comme un support inerte pour les cultures. Les pratiques courantes incluent le labour profond, qui déstructure la vie microbienne, et l’utilisation massive d’engrais chimiques pour compenser la perte de fertilité.
  • Agriculture synergique :
    Le sol est un écosystème vivant qu’il faut préserver et nourrir. L’absence de labour et l’apport constant de matière organique permettent au sol de se régénérer naturellement et de rester fertile sur le long terme.

Utilisation des intrants

  • Agriculture conventionnelle :
    Les intrants synthétiques (engrais chimiques, pesticides et herbicides) sont utilisés pour maximiser les rendements à court terme, souvent au détriment de la santé des sols, de l’eau et de la biodiversité.
  • Agriculture synergique :
    Aucun intrant chimique n’est utilisé. La fertilité du sol repose sur le recyclage des matières organiques, tandis que les ravageurs et maladies sont gérés grâce à la biodiversité et à l’équilibre naturel.

Rendements et durabilité

  • Agriculture conventionnelle :
    Les rendements sont souvent élevés à court terme, mais les sols s’appauvrissent, et les besoins en intrants augmentent avec le temps, compromettant la durabilité.
  • Agriculture synergique :
    Les rendements sont plus modestes dans les premières années, mais ils augmentent à mesure que le sol s’enrichit et que les écosystèmes se stabilisent. Cette méthode est durable, car elle maintient la fertilité des sols et réduit l’impact environnemental.

Permaculture et agriculture synergique : points communs et divergences

La permaculture et l’agriculture synergique partagent de nombreux principes, mais elles se distinguent par leurs approches et leurs finalités.

Points communs

  1. Respect des écosystèmes naturels
    Les deux méthodes s’inspirent des processus naturels et cherchent à travailler avec la nature plutôt que contre elle.
  2. Couverture du sol
    Les deux pratiques privilégient la couverture permanente du sol pour protéger la vie microbienne, limiter l’évaporation et enrichir le sol en matière organique.
  3. Diversité et associations de cultures
    Les deux systèmes mettent en avant la polyculture et les associations de plantes pour créer un écosystème résilient et productif.

Divergences

  • Approche globale vs spécifique :
    • La permaculture est une philosophie plus large qui inclut la gestion des ressources, la conception des habitats humains et la création de systèmes autosuffisants.
    • L’agriculture synergique se concentre principalement sur la production alimentaire et la régénération du sol.
  • Design des espaces :
    • En permaculture, le design est souvent axé sur des zones (zone 0 à 5) pour gérer les interactions entre les différents éléments d’un site.
    • En agriculture synergique, la conception repose surtout sur des buttes de culture et l’organisation des plantes en fonction de leur compatibilité et de leurs besoins.
  • Philosophie des intrants :
    • La permaculture peut inclure l’usage limité d’intrants extérieurs au début (comme du fumier ou du compost), en attendant que le système devienne autosuffisant.
    • L’agriculture synergique privilégie une autosuffisance immédiate grâce aux processus naturels de fertilisation et de régénération.

Impact sur les rendements et la durabilité

Rendements

  • Agriculture conventionnelle :
    Les rendements sont souvent élevés mais nécessitent des investissements croissants en engrais, pesticides et machines. Ce modèle est vulnérable aux chocs économiques et écologiques.
  • Permaculture :
    Les rendements varient selon la maturité du système. Une fois établi, un design permaculturel peut produire abondamment tout en étant multifonctionnel (eau, bois, nourriture, etc.).
  • Agriculture synergique :
    Les rendements augmentent avec le temps, car la fertilité du sol s’améliore naturellement. Cette méthode se concentre principalement sur les légumes, les herbes et les fruits, avec un haut degré de durabilité.

Durabilité environnementale

  • Agriculture conventionnelle :
    Les impacts négatifs incluent l’érosion des sols, la pollution des nappes phréatiques et une perte massive de biodiversité.
  • Permaculture :
    En imitant les écosystèmes naturels, elle limite les impacts environnementaux tout en régénérant les ressources locales.
  • Agriculture synergique :
    Elle excelle dans la régénération des sols et le maintien de la biodiversité tout en minimisant l’usage de ressources extérieures.

en résumé : L’agriculture synergique se positionne comme une alternative durable, capable de préserver les écosystèmes tout en produisant de manière efficace. Comparée à l’agriculture conventionnelle, elle est plus respectueuse de l’environnement et des sols. Par rapport à la permaculture, elle propose une approche plus spécialisée, idéale pour ceux qui veulent se concentrer sur la production alimentaire. En alliant simplicité, durabilité et efficacité, l’agriculture synergique se distingue comme un modèle inspirant pour un avenir plus écologique.


7. Transmission et héritage d’Emilia Hazelip

L’héritage d’Emilia Hazelip repose sur son engagement passionné à diffuser les principes de l’agriculture synergique et à inspirer une génération de jardiniers et agriculteurs soucieux de régénérer la terre. Grâce à ses écrits, conférences et formations, ses idées ont voyagé bien au-delà de l’Europe, laissant une empreinte durable sur les pratiques agricoles alternatives.


Diffusion de ses idées en Europe et ailleurs

Europe : le berceau de l’agriculture synergique

Après avoir développé ses concepts en Espagne et en France, Emilia Hazelip a largement contribué à introduire l’agriculture synergique en Europe. Ses démonstrations pratiques dans des jardins expérimentaux et ses collaborations avec des associations locales ont fait école. Elle a également organisé des ateliers et des formations dans plusieurs pays européens, attirant des praticiens curieux de découvrir une approche différente de la permaculture ou de l’agriculture biologique.

Au-delà de l’Europe

Bien que son travail ait principalement influencé le continent européen, ses idées ont également traversé les frontières. Des jardiniers en Amérique latine, en Amérique du Nord et même en Asie se sont intéressés à ses méthodes, attirés par leur simplicité et leur potentiel à restaurer des sols dégradés. La traduction de ses conférences et la publication de vidéos en ligne ont permis de toucher un public mondial.


Témoignages et expériences de jardiniers praticiens

Témoignages inspirants

De nombreux jardiniers amateurs et professionnels témoignent de l’impact transformateur des pratiques synergétiques sur leur manière de cultiver. Certains racontent comment ils ont pu régénérer des sols appauvris ou produire des légumes de qualité supérieure sans recourir à des intrants chimiques.

  • En France : Des maraîchers utilisant les méthodes de Hazelip sur des buttes permanentes témoignent d’une amélioration de la biodiversité, avec une forte présence de vers de terre et d’insectes bénéfiques.
  • En Espagne : Des jardins communautaires inspirés de son travail ont vu le jour dans plusieurs régions, intégrant ses principes à des projets sociaux et éducatifs.

Difficultés rencontrées

Cependant, les jardiniers notent aussi certains défis :

  • La mise en place initiale des buttes nécessite du temps et des efforts.
  • La gestion du paillis demande une régularité et une observation attentive pour éviter les déséquilibres, comme une accumulation excessive d’humidité ou des attaques localisées de nuisibles.

Ces témoignages montrent que l’agriculture synergique est une démarche exigeante, mais profondément gratifiante pour ceux qui s’y engagent pleinement.


Ressources disponibles

Livres et écrits

Bien qu’Emilia Hazelip n’ait pas publié de livre en son nom, ses travaux ont été relayés par des auteurs et chercheurs en agroécologie. Les ouvrages sur l’agriculture synergique incluent souvent des références à ses idées et méthodes.

  • Livres recommandés :
    • “L’Agriculture Naturelle : Théorie et Pratique” de Masanobu Fukuoka (inspiration majeure d’Hazelip).
    • “Agriculture Naturelle et Permaculture” (ouvrages généralistes intégrant des principes synergétiques).

Vidéos pédagogiques

Emilia Hazelip a laissé un précieux héritage sous forme de vidéos pédagogiques, accessibles en ligne. Ces enregistrements permettent de mieux comprendre ses techniques, avec des démonstrations pratiques et des explications détaillées.

  • Ses vidéos les plus connues, comme “Le Jardin Synergique”, montrent la construction des buttes, la gestion du paillis et l’observation des interactions naturelles.
  • Des traductions et sous-titres sont disponibles, ce qui élargit leur accessibilité à un public international.

Communautés en ligne

Les idées d’Emilia Hazelip continuent de vivre et d’évoluer grâce à des communautés actives sur Internet.

  • Forums et groupes Facebook : Des jardiniers échangent leurs expériences, partagent des photos de leurs potagers synergétiques et demandent des conseils.
  • Chaînes YouTube : De nombreux passionnés publient des tutoriels inspirés de l’agriculture synergique, rendant ces méthodes plus accessibles aux débutants.
  • Associations locales : En France et ailleurs, des groupes d’agroécologie organisent des stages pratiques pour transmettre les méthodes initiées par Hazelip.

Emilia Hazelip a laissé un héritage profondément vivant. Ses méthodes d’agriculture synergique continuent de séduire et de convaincre grâce à leur efficacité et leur respect de la nature. Qu’il s’agisse de vidéos pratiques, de témoignages inspirants ou de ressources en ligne, son travail reste une source d’inspiration pour quiconque aspire à cultiver en harmonie avec les écosystèmes. Plus qu’une simple technique agricole, son approche est un appel à reconsidérer notre rapport à la terre et à la vie.


8. Guide pratique pour débuter

Pour s’initier à l’agriculture synergique, il est essentiel de bien se préparer, tant sur le plan matériel que pratique. Ce guide propose une méthode simple et accessible pour créer un premier jardin synergique, avec des conseils pour éviter les erreurs fréquentes des débutants.


Matériel et outils nécessaires

L’agriculture synergique ne requiert pas de matériel coûteux, mais quelques outils de base sont indispensables :

Outils essentiels

  • Pelle et bêche : Pour creuser et façonner les buttes.
  • Grelinette ou fourche écologique : Pour aérer le sol sans le retourner.
  • Binette et râteau : Pour niveler et entretenir la surface des buttes.
  • Sécateur : Pour tailler les plantes ou couper les végétaux destinés au paillage.

Matériaux pour le paillage

  • Paille : Matériau classique pour protéger et nourrir le sol.
  • Feuilles mortes : Idéales pour compléter la paille et enrichir la matière organique.
  • Foin : Plus riche en nutriments, mais à utiliser avec précaution pour éviter les graines indésirables.
  • BRF (bois raméal fragmenté) : Pour améliorer la structure du sol et favoriser l’activité des micro-organismes.

Autres éléments nécessaires

  • Compost mûr : Pour enrichir le sol lors de la mise en place des buttes.
  • Graines et plants : Adaptés à la saison et à votre climat. Privilégiez des variétés locales ou anciennes.
  • Arrosoir avec pomme : Pour un arrosage délicat, respectant les jeunes semis et plants.

Étapes simples pour créer un premier jardin synergique

1. Choisir l’emplacement

  • Orientation : Installez votre jardin dans une zone ensoleillée (minimum 6 heures d’ensoleillement par jour).
  • Accessibilité : Préférez un endroit proche de la maison pour faciliter l’entretien.
  • Qualité du sol : Même un sol dégradé peut convenir, car les buttes apportent les éléments nécessaires.

2. Construire les buttes

  • Dimensions :
    • Largeur : 1,20 m pour faciliter l’accès aux deux côtés sans marcher dessus.
    • Hauteur : Entre 20 et 40 cm pour un débutant, ajustable en fonction des besoins.
    • Longueur : Variable selon l’espace disponible.
  • Étapes de construction :
    • Dégagez l’espace et dessinez les contours de votre butte.
    • Ameublissez le sol avec une grelinette pour faciliter l’activité biologique.
    • Ajoutez une première couche de matériaux grossiers (branches, tiges sèches) pour le drainage.
    • Superposez une couche de compost ou de fumier bien décomposé.
    • Recouvrez avec de la terre fine et terminez par une épaisse couche de paillage.

3. Préparer les allées

  • Délimitez les zones de passage avec des matériaux comme des copeaux de bois ou du gravier pour éviter le compactage des sols.
  • Veillez à laisser au moins 30 cm de largeur pour circuler confortablement avec des outils.

4. Semer et planter

  • Faites des petits trous ou des sillons dans le paillis pour accueillir vos graines ou vos plants.
  • Assurez-vous de respecter les distances recommandées entre les cultures pour éviter la concurrence.

5. Entretenir régulièrement

  • Vérifiez l’état du paillis et ajoutez-en si nécessaire pour conserver une bonne couverture.
  • Arrosez modérément, car le paillis aide à retenir l’humidité.

Conseils pour éviter les erreurs courantes

1. Ne pas négliger l’épaisseur du paillis

  • Une couverture trop fine n’empêchera pas les mauvaises herbes de pousser. Prévoyez au moins 10 cm dès le départ et ajustez selon les besoins.

2. Ne pas marcher sur les buttes

  • Le compactage détruit la structure aérée du sol et nuit à la vie microbienne. Utilisez les allées prévues à cet effet.

3. Observer avant d’agir

  • Prenez le temps d’observer les interactions entre vos plantes, le comportement de l’eau, et la santé du sol avant de faire des modifications majeures.

4. Introduire les cultures progressivement

  • Évitez de planter trop de variétés dès le départ. Commencez avec quelques cultures simples comme des salades, des radis, ou des courgettes, faciles à cultiver.

5. Anticiper les nuisibles

  • Favorisez la biodiversité en plantant des fleurs mellifères et en installant des abris pour les auxiliaires comme les coccinelles et les hérissons.

En résumé : Démarrer un jardin synergique demande de la préparation et une certaine patience, mais les efforts initiaux sont vite récompensés par un sol vivant, des cultures saines et un équilibre naturel. En suivant ces étapes et conseils, vous posez les bases d’un système durable qui évoluera au fil des saisons. Avec l’observation et l’expérience, votre potager deviendra un véritable écosystème en miniature, riche de biodiversité et de vie.


Articles liés

L’Agriculture Sauvage : Quand la Nature Devient le Meilleur Agriculteur

L’agriculture sauvage, fondée sur les principes de non-intervention et de régénération naturelle des sols, offre une approche durable et respectueuse de l’environnement pour cultiver nos terres. Inspirée par les travaux de Masanobu Fukuoka, cette méthode met l’accent sur la préservation de la biodiversité, l’absence de produits chimiques et la gestion des cultures sans fertilisants ni labours.

Créer un sol riche et fertile : Retour d’expérience après la création de 4 potagers à partir de zéro

Alléger une terre de jardin trop lourde : Les meilleures solutions pour un sol fertile

Découvrez comment alléger une terre de jardin trop lourde grâce à des techniques simples et efficaces. Apprenez à aérer le sol, ajouter de la matière organique, utiliser des amendements spécifiques et améliorer la structure de votre sol pour favoriser la croissance de vos plantes. Suivez nos conseils pratiques pour transformer une terre argileuse et compacte en un sol fertile et facile à travailler.

La Culture de Pomme de Terre Sans Travail du Sol : Guide Pratique et Avantages

Comment cultiver la pomme de terre sans travail du sol grâce à une méthode simple et durable. Ce guide complet vous explique les étapes clés, de la préparation minimale du terrain à la récolte, en passant par le choix des matériaux de couverture et l’entretien. Apprenez à cultiver des pommes de terre facilement dans votre potager, tout en préservant la qualité du sol et en réduisant l’effort de jardinage. Idéale pour ceux qui cherchent une solution de culture écologique et sans prise de tête.

Fabriquer un potager vertical en permaculture

Comment créer un potager vertical en permaculture dans cet article complet. Apprenez à optimiser l’espace de culture, à choisir les bonnes plantes, et à concevoir un système efficace pour un potager durable. Explorez les avantages de la culture verticale, les défis à surmonter, ainsi que des conseils pratiques pour réussir votre projet. Rejoignez l’Université du Jardinier pour approfondir vos connaissances et créer votre propre potager vertical avec des techniques de permaculture adaptées aux petits espaces.

Réponses

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Je commence la méthode halezip cet année, mais avec le printemps qu’on a eu, je suis envahie de limaces et elles m’ont mangé pratiquement tous mes plants de choux… Et des plants de tomates, salades… Tout disparaît le lendemain de mes plantations ! Je songe à me mettre à prendre un ou 2 canards (comme emilia) mais je n’y connais rien et je vais devoir mettre du grillage autour de mon terrain pour qu’ils n’aillent pas sur la route… J’avais mis de la centre autour des plants mais elles passent par la paille et commencent par manger les feuilles pour finir par la tige du pied… :-/ bon, je garde le moral en le disant que je nourris la nature vu que je nourris les limaces et espère qu’elles seront gavées à un moment et qu’elles me laisseront quelques plants intactes… Mais elles grossissent de jour en jour ^^. Alors, les canards comment ça marche ?

  2. bonjour
    je suis tres interessé par votre article sur emilie HAZELIP. cependant avant de me lancer je souhaiterai savoir comment doit etre arrosé le munch
    car j habite en provence et sans eau pas de legumes
    merci d avance
    cordialement
    celine

  3. bonjour,
    je dispose en quantité importante de cannes de provence. pensez vous que je pourrais utiliser les feuilles passées au broyeur comme paillage? merci

  4. Merci Loïc
    je pratique ce genre de culture (méthode d’Emilia) depuis bientôt 2 ans (en comparaison avec la méthode plus traditionnelle- avec labour – ou avec la méthode des lasagnes, les cultures associées…) mais toujours sans pesticides ; bref j’expérimente au jardin. Le problème le plus récurrent avec la méthode naturelle est du aux limaces et aux escargots : mais choux chinois ou mes salades sont tondus des que j’enlève les bouteilles retournées utilisées au début du repiquage comme protection. Où peut on trouver les anneaux en cuivre que l’on voit dans le film ? ou un autre système anti-limace ? J’ai testé la bière et le ferramol soit disant bio mais ce n’est pas suffisant.

    1. Bonsoir Marie-Jeanne

      Ahhh les limaces ! Moi j’ai jeté l’éponge ! 😉 En fait j’ai décidé de laisser faire. La multiplication des limaces finira par attirer quelques prédateurs. C’est un loi de la nature ! Elle cherche l’équilibre. En attendant les protections tel que les bouteilles sont, a mon sens, le meilleur système.

      1. Oui effectivement…cela fait une dizaine d’année que mon jardin est conduit selon les principes de Masanobu Fukuoka (et donc d’Emilia qui m’a appris la technique) et je n’ai aucun soucis de limaces!!!Je plante/seme au milieu des herbes sauvages que je fauche au besoin et laisse en mulch. Les limaces se nourrissent de ces herbes et laissent en paix mes salades et autres.Dans la Nature il n’y a ni mauvaises herbes ni pestes maladies etc…Il y a simplement ce qu’il ya !!!Merci Fukuoka et Emilia pour la Vie!!!

    2. Bonjour Marie-Jeanne,

      J’ai toujours entendu dire que contre les limaces rien ne valait la cendre de cheminée… cela les assèche

      1. Bonjour IsaZa

        Je n’irai pas jusqu’à dire que la cendre les assèche, mais effectivement elles n’aiment pas trop se déplacer dessus tant qu’elle est bien sèche. Une petite pluie dessus est la cendre perd son efficacité contre les limaces.

    1. Bonsoir Taous

      Vous trouverer deja pas mal d’information sur le site, mais surveillez votre boite mail, je prepare quelques vidéo pour vous aider a mettre en place les carrés de potager.

  5. merci Loic

    j’adore la méthode d’EMILIA, nous avons commencé un petit carré de 120 x120 cm avec mon ami en lasagnes dans les alpilles, nous ne connaissions pas grandchose, après avoir mis des planches sur 40cm tout autour, nous avons mis une bonne couche de carton trempé, puis de la paille puis un peu de fumier(là je diffère d’Émilia) mais notre sol est très caillouteux (vignes et oliviers)ensuite du foin sauvage cueilli au bord d’un ruisseau (NOUS L’AVONS MIS FRAIS NOUS NE SAVIONS PAS)
    puis de la terre, puis encore fumier et foin puis carton pour protéger dusoleil nous avons eu des tomates delicieuses et un basilic très parfumé, les courgettes ont souffert de nos absences (manque d’arrosage en aout)mtt notre tapis s’est tassé naturellement et nous allons remmetre des couches en enlevant aucune racine et replanter des tomates basilic, nous n’avons eu comme prédateurs que des mulots!à suivre!
    merci Loic et Bravo Emilia!

    1. Bonsoir Marie

      Je suis sur que vos efforts seront récompensés. J’ai une amie qui subi aussi les attaques des mulots. A votre place, j’essairai d’attirer les prédateurs en les incitant a s’installer sur votre terrain. Il faut leur mettre la pression ! 🙂

  6. bonjour Loic,
    je découvre ce système de culture et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, je vais envisager de recomposer mon petit potager de cette façon
    en me guidant sur votre site et je ne manquerai pas de vous questionner à
    l’occasion. Merci encore
    Michele

  7. Bonsoir Loïc,
    et un grand merci pour tes recherches, elles vont me permettre d’améliorer ce que je faisais et qui allait dans ce sens mais j’en étais encore restée à “comment trouver assez de déchets végétaux pour faire mes buttes”. Voilà un gros soucis de moins!!
    Peut-on remettre les mêmes plantes aux mêmes endroits d’une année sur l’autre, ma réponse serait oui après avoir écouté les commentaires mais peux-tu confirmer (car il est quand même dit que telle plante amène ceci et telle autre cela, donc c’est peut-être non finalement)?.
    Françoise

    1. Bonsoir Damien

      Je dirais que cette couverture peut etre faite avec ce que tu as sous la main, emilia utilisais de la laine de mouton.

      La solution des feuilles est tres pratique en ce moment, il n’y a qu’a ramasser.

Jardiner debout