Surprenez vos invités avec un mesclun de plantes sauvages !
Bonjour à tous et merci à Loïc de m’avoir invité à écrire sur son blog !
Je m’appelle Jérémie et je suis l’auteur du blog L’Avis Des Plantes, où je partage mes connaissances sur les utilisations des plantes sauvages et cultivées, notamment des recettes de cuisine.
Comme beaucoup d’entre vous sont jardiniers, peut-être connaissez-vous déjà un certain nombre de ces plantes sauvages comestibles, que l’on qualifie (trop) facilement de « mauvaises herbes ». Vous les voyez sans doute dans vos potagers ou au bord des chemins…
J’ai choisi de vous en présenter 8 qui peuvent composer de succulents mescluns pour surprendre vos invités ! Elles sont communes et faciles à identifier.
Avant de passer à la cueillette, assurez-vous de connaître les quelques règles élémentaires de « savoir-cueillir » !
Rassurez-vous tout de suite : ces 8 plantes ne présentent aucun risque de confusion avec des plantes toxiques de notre flore ! Personne ne devrait poster de commentaire pour se plaindre d’une intoxication ;-D Je vais vous donner quelques indications illustrées de photos pour les reconnaître à coup sûr.
Pissenlit (Taraxacum officinalis)
Tout le monde connaît ses fleurs jaunes d’or et sa rosette de feuilles glabres (s’il y a des poils, ce n’est pas du pissenlit !), mais peu savent que le pissenlit a autrefois été cultivé comme plante à salade dans de nombreux potagers. Les feuilles ont une grosse nervure centrale et une forme très variable, parfois entières, le plus souvent découpées en forme de dents. Ce que l’on appelle « fleur » est en fait un ensemble de petites fleurs, serrées les unes contre les autres, dont le nom botanique est « capitule » (comme l’artichaut !).
Les jeunes feuilles tendres sont excellentes crues tandis que les autres sont amères (pour ceux qui aiment). On peut accommoder ses bourgeons floraux dans du vinaigre comme des câpres et ses fleurs agrémentent joliment les salades ou peuvent être préparées en confiture (on parle de Miel de fleurs de pissenlit).
Pâquerette (Bellis perennis)
La jolie pâquerette, proche parente du pissenlit, est construite sur la même structure : une rosette de petites feuilles et des capitules solitaires à l’extrémité de leur tige, avec des fleurs jaunes au milieu et des fleurs blanches teintées de pourpre sur le pourtour.
Feuilles, boutons floraux et fleurs sont consommables comme ceux du pissenlit, les feuilles en quantités modérées et mélangées à d’autres plantes car elles ont tendance à irriter la gorge si on en mange beaucoup.
Stellaire (Stellaria media)
Sans conteste, la meilleure salade sauvage : douce et tendre, avec de petites feuilles ovales et un léger goût de noisette. Elle forme d’épais tapis verts dans les lieux frais et ombragés (en sous-bois par exemple).
Appelée également mouron blanc à cause de la couleur de ses petites fleurs, le critère infaillible pour la reconnaître est une ligne de poils blanchâtres qui court le long de ses tiges. S’il n’y pas de poil, que les fleurs sont rouges et que les feuilles sont ponctuées de taches brunes au-dessous, c’est du mouron rouge, légèrement toxique.
On consomme la plante entière, feuilles, fleurs, tiges. Vous pouvez en manger en grande quantité.
Ombilic (Umbilicus rupestris)
Egalement connu sous le nom de Nombril de Vénus à cause de la forme caractéristique de ses feuilles, l’ombilic pousse dans les zones fraîches et humides, dans les sous-bois et entre les pierres des vieux murs (d’où son nom latin : rupestre).
Les feuilles sont consommables en grandes quantités : tendres et charnues, elles possèdent une fine saveur acidulée. Par contre, ne cueillez pas les fleurs qui ont un goût amer prononcé !
Roquette jaune (Diplotaxis tenuifolia)
Avec son goût piquant, cette plante de la famille de la moutarde relèvera agréablement votre mesclun, que ce soit par ses feuilles glabres divisées en lobes allongés ou par ses grappes de fleurs jaunes à 4 pétales disposés en croix (j’en croque régulièrement quand je me promène en bord de mer).
Si elle a des fleurs blanches, il s’agit de la roquette blanche ou fausse roquette (Diplotaxis erucoides), de la roquette cultivée (Diplotaxis sativa) ou encore d’un autre genre de roquette (Eruca vesicaria) dont il existe une version cultivée (Eruca sativa). Toutes les 4 sont très bonnes.
Mauve (Malva sylvestris)
Cousine du lavater et de la rose trémière, la mauve se reconnaît à la forme de ses feuilles qui ont 5 lobes pointus avec une nervure clairement visible. Les feuilles inférieures sont plutôt rondes mais on y distingue quand même les lobes et les supérieures sont divisées. Elles sont riches en mucilage, une substance qui leur donne une texture fondante quand on les mange.
C’est cette particularité qui fait des feuilles une base possible pour les salades. Les fleurs délicates peuvent y être ajoutées ou être cuites avec du sucre pour constituer un très doux sirop de fleurs ou des bonbons.
Plantain (Plantago major, media et lanceolata)
Les feuilles de ces plantes en rosette ont des nervures parallèles caractéristiques et dégagent une odeur de champignon de Paris quand on les froisse plusieurs secondes entre les doigts.
Les jeunes feuilles sont particulièrement tendres et bien indiquées pour le mesclun, les feuilles âgées étant plus amères et un peu fibreuses.
Achillée millefeuille (Achillea millefolium)
Comme son nom l’indique, on dirait qu’elle a mille feuilles. Ce sont en fait des feuilles au limbe extrêmement découpé. Prenez seulement les jeunes feuilles tendres et ajoutez-les en petites quantités pour aromatiser votre mesclun.
Les capitules de fleurs blanches ou rosées font d’excellentes infusions.
Il est également possible de cuisiner de délicieuses recettes avec les feuilles de pissenlit et de plantain (j’en parle dans mon livre de recettes gratuit), d’accommoder des poissons avec de l’achillée ou de préparer les feuilles de mauve et d’ombilic en « fondue végétale ».
J’espère que cet article vous aura donné des idées !
Si vous avez des questions sur l’identification des plantes, n’hésitez pas. Et s’il y a pour vous une plante sauvage comestible qu’il faut absolument rajouter à cette liste, dites-le !
Conception graphique : Kahina LOUMI – Loumi Studio.
Bonjour, J’ai une sorte de mesclun mauve et vert qui a de petites épines en dessous. Est-ce bon? Quelle est cette sorte? Merci!
Je en savais même pas que le mesclun se mangeait.
Merci pour l’article.
Bonjour,
Je me pose une question car Stellaria media n’est pas la seule stellaire ayant les critères que vous indiquez. Toutes les stellaires ayant un aspect similaire à stellaria media sont comestibles ? Pratiquant la botanique j’avoue que je ne me risque que rarement à consommer les plantes sauvages car je sais à quel point la détermination à l’espèce peut être ardue pour certains taxons, et je me retrouve quasiment toujours dans le cas que j’ai pris en exemple ici.
Merci de votre réponse
Superbe sujet et superbe article. Notre assiette est dans la nature. Il suffit d’avoir les connaissances pour s’initier à une nouvelle palette de saveurs. Un blog comme le vôtre ne peut que donner envie de se lancer.
Bonjour,
Effectivement comme vous le dites si bien, “notre assiette est dans la nature” ! Il y a une grande diversité de saveurs à portée de main. Ces connaissances ont été pour un temps quelque peu dédaignées quand notre agriculture intensive a pris son essor en produisant de plus grosses quantités. Manger des plantes sauvages est devenu synonyme de famine en temps de guerre ou de menu de sanglier…
Heureusement, beaucoup de personnes s’occupent actuellement de rediffuser ces connaissances et les gens y reviennent par plaisir et pour leur santé.
Content que le sujet vous ait plu !
Jérémie
je possède un jardin de 1700m2 où poussent toutes sortes de plantes dont plus de 80 plantes aromatiques;j’en ai peu utilisé en cuisine et vous me donnez des idées pour le faire.Félicitations pour ce blog et bonne continuation.
Bonjour Capell,
80 aromatiques, super ;-D Il y a effectivement de quoi faire d’excellentes recettes ! Si vous aimez cuisiner, je vous conseille le livre du cuisinier Julien Gasté “La cuisine nature aux plantes médicinales”.
Jérémie
Nous nous sommes retrouvés chez un ami ethnobotaniste. Nous étions une dizaine début septembre : beaucoup de plantes avaient disparu du fait de la sécheresse, mais dans le jardin et dans le bois, nous avons trouvé ces plantes qu’ensuite nous avons triés, cuisinées et mangées pour le repas de midi :
Aegopode
Amaranthe
Bourrache
Capucine
Chénopode
Chicorée
Cirse fleurs
Consoude
Laiteron
Luzerne en petites quantités
mauve
mouron ses oiseaux
œillet d’inde
onagre ou œnothère : tout y compris les racines
origan
oxalis
plantain lancéolé
plantain major (à feuilles larges)
réséda (très aromatique)
romarin
rose trémière
sedum matronalis
tournesol
trèfle fleurs
vergerette du Canada
Bon appétit
Bonjour Dorigord,
Merci pour le partage de cette longue liste de comestibles.
Effectivement, l’après-été n’est pas le moment le plus propice pour la cueillette mais ton commentaire prouve que l’on peut encore trouver de nombreuses plantes.
Pour ma part, j’aime beaucoup la tarte à l’égopode !
Jérémie
salut Jérémie , servir un cocktail de plantes sauvages a ses invités sa va les surprendre pour sur , en tout cas merci pour l idée .
Bonjour,
quand je pense que j’ai des TONNES de pissenlit, de plantain, etc,…. dans mon pré jardin. C’est décidé je vais faire mes premières salades sauvages, j’aime ce terme,….
Une question cependant sur la paquerette,….. une vielle tante se promenant dans mon jardin m’indiquait ces feuilles comme étant de la “doucette” que je croyais être de la mâche sauvage…. Mais peut-etre la mache sauvage est aussi la paquerette??? Votre avis?? Merci 🙂
Bonjour Patrice,
La “doucette” est bien le nom de la mâche sauvage, Valerianella locusta, une sauvage comestible à rajouter à ma liste (merci) dont on cultive une variété dans les potagers ainsi qu’une espèce du même genre : la mâche d’Italie, Valerianella eriocarpa.
Elles font partie de la famille botanique des Valérianacées, alors que la pâquerette fait partie des Astéracées. Les 2 plantes ont effectivement une rosette de feuilles de forme spatulées, mais il y a des différences qui ne trompent pas 😉 :
Les mâches ont des fleurs bleues groupées au sommet de tiges ramifiées pourvues de 2 feuilles à chaque ramification, alors que les pâquerettes ont des fleurs blanches et des fleurs jaunes groupées en une capitule qui est unique au sommet de sa tige qui n’est ni ramifiée ni munie de feuilles.
J’espère avoir apporté une clarification à votre question et à votre tante !
Jérémie
Merci de cette réponse botanique, cela dit je pense que j’aurais du mal à différencier les jeunes rosettes si elles n’ont pas de fleurs….et si les 2 espèces sont présentes et proches…
tant pis j’attendrai la floraison pour les identifier mais c dommage car les feuilles seront plus agées….
Patrice,
Tout espoir n’est pas perdu hors floraison 😉
La pâquerette a ordinairement le bord des feuilles crénelé alors que la mâche a des feuilles entières (= au bord droit). Les feuilles de la pâquerette sont plus épaisses et charnues que la mâche qui est vraiment tendre.
Il suffit de goûter un petit fragment de la plante pour les identifier sans danger car aucune plante toxique n’a une forme de feuille similaire.
De plus, même sans être sûr de les différencier, les 2 plantes sont comestibles.
Jérémie
Bonjour Jérémie et bonjour à tous,
Je trouve ton article vraiment très intéressant et très riche, ton blog aussi d’ailleurs 😉 j’ai écrit un premier article sur ces “mauvaises herbes” et leur utilité au jardin si tu veux y apporter tes connaissances voici le lien : http://au-potager-bio.com/des-mauvaises-herbes-pas-si-mauvaises/
En tout cas je vais maintenant suivre ton blog de près afin d’en savoir un peu plus sur ses adventices comestibles.
Merci.
A bientôt
Yannick
Bonjour Yannick,
Merci pour ton commentaire et pour le lien vers ton article.
Effectivement, ces “mauvaises herbes” peuvent avoir bien des utilités pour le jardin, la biodiversité, la santé et la cuisine, et il peut être intéressant de remettre en cause la vision habituelle pour les considérer autrement.
J’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet où j’aborde l’origine de cette expression et surtout de l’adjectif “mauvaises”.
A bientôt !
Jérémie