Comment capter et stocker l’énergie dans un potager : une application concrète du 2e principe de la permaculture

Tournesol capter et stocker énergie potager

1. Ce que signifie « capter et stocker l’énergie » en permaculture

En permaculture, le 2e principe formulé par David Holmgren est : “Capter et stocker l’énergie”. C’est un principe fondamental qui nous invite à profiter des ressources disponibles au bon moment, et à les conserver pour les périodes où elles seront moins abondantes.

Dit autrement : quand le soleil brille, quand il pleut, quand la matière organique abonde ou que votre énergie personnelle est au top, c’est le moment de préparer l’avenir. Comme les fourmis qui font leurs réserves, nous cherchons à créer des réserves d’énergie : eau, chaleur, fertilité, diversité, outils, connaissances, etc.

Ce principe est essentiel pour rendre son potager résilient, c’est-à-dire capable de continuer à produire même quand les conditions deviennent difficiles : sécheresse, fatigue, manque de temps, coupure d’eau, appauvrissement du sol…


2. L’eau : première source d’énergie à capter et conserver

Sans eau, pas de potager. Et pourtant, de nombreux jardiniers dépendent entièrement du réseau d’eau potable, ce qui rend leur jardinage vulnérable… et parfois très coûteux. Voici quelques manières simples de capter, stocker et économiser l’eau.

Récupérer l'eau de pluie dans une mare est un moyen de capter et stocker l'énergie sur son terrain.

Récupérer l’eau de pluie

L’un des gestes les plus simples et puissants consiste à installer une cuve ou un bidon sous une gouttière. Même une petite toiture (abri, serre, cabanon) peut fournir des centaines de litres à chaque pluie. Si vous n’avez pas de toit, une bâche tendue entre 4 piquets peut aussi récupérer l’eau dans un récipient placé dessous.

Astuces :

  • Prévoir un filtre grossier (moustiquaire, tamis…) pour éviter que feuilles et insectes ne bouchent la gouttière.
  • Utiliser une cuve opaque pour éviter le développement d’algues.
  • Prévoir un trop-plein redirigé vers une zone utile : mare, haie, verger…

Créer des formes qui retiennent l’eau

Certaines formes de sol permettent de ralentir l’écoulement et de favoriser l’infiltration :

  • Les cuvettes de plantation autour des arbres captent l’eau au pied des racines.
  • Les buttes en travers de la pente ou les rigoles dévient l’eau vers des zones de stockage ou d’irrigation lente.
  • Un sol couvert infiltre mieux l’eau qu’un sol nu battu par la pluie.

Pailler pour limiter l’évaporation

Le paillage est une forme de stockage indirect de l’eau : il évite que l’humidité s’évapore trop vite. En plus, il protège le sol, nourrit la vie du sol et réduit le désherbage.

Matériaux simples pour pailler :

  • Tontes de pelouse
  • Feuilles mortes
  • Foin, paille
  • Déchets de récolte (fanes, feuilles de chou, etc.)
  • Carton brut (non imprimé)

3. Le soleil : chaleur et lumière à valoriser au maximum

Le soleil est une source d’énergie puissante mais éphémère. Il ne brille pas pareil en été et en hiver, et sa lumière est vite perdue si on ne la capte pas efficacement.

Bien orienter ses cultures

Les plantes ont besoin de lumière, surtout les légumes-fruits (tomates, aubergines, poivrons). Un bon positionnement du potager permet d’en capter le maximum :

  • Installer les bacs potagers au sud ou sud-est, si possible.
  • Éviter les zones ombragées par des murs ou des arbres toute la journée.
  • Planter les légumes les plus gourmands en soleil au premier plan (côté sud) pour qu’ils ne soient pas ombragés par les autres.

Créer ou utiliser des microclimats

identifier les micro climats pour capter et stocker l'énergie. Principe 2 de permaculture

Un mur exposé au sud capte la chaleur le jour et la restitue la nuit. Il agit comme une batterie thermique. Tu peux :

  • Planter à son pied des tomates, basilic, melons…
  • Coller un bac de culture ou un chassis contre le mur

Les serres, tunnels et châssis froids capturent la chaleur du soleil et permettent :

  • Une production plus précoce (semis en avance)
  • Une saison prolongée (récoltes plus tardives)
  • Des plantes plus sensibles au froid (basilic, piments…)

Multiplier les petits capteurs passifs

Pas besoin de panneaux solaires pour capter le soleil :

  • Une cloche en verre ou en plastique posé sur une plante capte l’effet de serre.
  • Une bouteille d’eau noire exposée au soleil peut réchauffer une mini-serre.
  • Un mur peint en noir accumule encore plus de chaleur en hiver.

4. La biomasse : stocker l’énergie sous forme organique

La biomasse, c’est tout ce qui est matière vivante ou morte : feuilles, tiges, branches, paille, restes de cuisine… C’est une source d’énergie fertile qui peut être valorisée au jardin au lieu d’être jetée.

Le compost, réserve d’énergie pour le sol

Un bon compost est une véritable batterie de fertilité. Il concentre l’énergie de la matière organique sous forme de nutriments assimilables par les plantes.

Ce qu’on peut composter facilement :

  • Épluchures, restes de légumes, marc de café, coquilles d’œuf
  • Fanes, herbes, tailles légères
  • Carton, papier non imprimé

Conseil : alterner les couches vertes (azotées) et brunes (carbonées) pour un compost équilibré.

Tas de bois, haies sèches, BRF

Les branches, trop grosses pour le compost, sont une ressource souvent sous-estimée :

  • En tas : elles offrent un abri pour la faune utile (hérissons, carabes…)
  • En haie sèche : elles délimitent, protègent du vent et se décomposent lentement
  • En BRF (bois raméal fragmenté) : broyées, elles nourrissent le sol, favorisent les champignons et limitent les herbes indésirables

Utiliser les déchets comme paillage

Tout ce qui peut couvrir le sol est une forme de biomasse utile :

  • Les fanes de carottes, de betteraves, de haricots
  • Les feuilles mortes
  • Les restes de récolte (pieds de haricots, maïs…)

5. Semences et biodiversité : des formes d’énergie vivante à conserver

L’énergie n’est pas seulement matérielle : elle est aussi génétique et vivante. Conserver ses graines, accueillir les auxiliaires, préserver la biodiversité, c’est stocker des ressources pour demain.

Récolter ses propres graines

Certaines plantes sont très faciles à reproduire :

  • Tomates, pois, haricots, salades, courges…

C’est une manière de se libérer de l’achat annuel de graines, de s’adapter à son climat, et de transmettre un patrimoine vivant.

Conservation :

  • Graines bien sèches, stockées à l’abri de la lumière et de l’humidité
  • Sacs en papier ou pots en verre

Offrir un refuge aux auxiliaires

Les coccinelles, carabes, abeilles solitaires, hérissons sont des alliés du potager. Leur offrir un habitat, c’est stocker une énergie biologique protectrice :

  • Tas de pierres, haies, buissons
  • Plantes à fleurs mellifères
  • Pas de pesticides ni de produits répulsifs

Garder des zones sauvages

Dans un coin du jardin, laisser la nature s’exprimer : c’est une réserve de biodiversité spontanée. Ce qui peut sembler désordonné est souvent un réservoir de vie : insectes pollinisateurs, plantes nourricières pour les oiseaux, refuges pour les micro-organismes.


6. L’énergie humaine : la ressource à ne pas épuiser

Le jardinier lui-même est une source d’énergie. Mais cette énergie est précieuse et limitée. Il faut donc apprendre à la canaliser, l’optimiser et la ménager pour que le jardinage reste un plaisir.

Bien choisir ses outils

Des outils durables et ergonomiques vous feront gagner du temps et de la santé :

  • Grelinette plutôt que bêche
  • Serfouette pour désherber sans fatigue
  • Sécateurs de qualité, affûtés régulièrement

Mieux vaut peu d’outils, mais bien choisis.

Organiser son espace

Un potager bien organisé permet de :

  • Réduire les allers-retours inutiles
  • Centraliser les outils, la réserve d’eau, le compost…
  • Faciliter l’entretien et la récolte

Astuce : placer les cultures les plus gourmandes et les plus visitées près de la maison.

Planifier ses tâches

Étalonner les travaux évite les coups de stress :

  • Semis groupés par saison
  • Arrosage optimisé (matin ou soir, goutte à goutte si possible)
  • Journées spécifiques : compost, désherbage, paillage

Prendre des notes, faire un calendrier du potager, aide à anticiper sans s’épuiser.


7. Passer à l’action : 3 idées simples pour démarrer aujourd’hui

Pas besoin de tout mettre en œuvre d’un coup. Le secret de la permaculture, c’est la progression douce. Voici trois idées classées par niveau d’implication.

Un petit geste immédiat (moins d’une heure)

Installer un paillage sur une planche de culture nue.

Matériaux simples à trouver : tontes, feuilles, carton. C’est déjà un geste de stockage d’eau et de biomasse.

Un projet week-end

Installer une récupération d’eau de pluie avec un bidon et une gouttière.

C’est un vrai pas vers l’autonomie hydraulique. Et un bon prétexte pour organiser l’espace autour.

Un objectif long terme

Créer une zone de biodiversité dans un coin du jardin.

Haie, tas de bois, fleurs mellifères, abri à insectes : cette “zone libre” vous apportera des services écosystémiques durables.


Conclusion

« Capter et stocker l’énergie » n’est pas un concept abstrait réservé aux experts. C’est un état d’esprit, une invitation à observer les ressources disponibles autour de soi, et à les valoriser intelligemment.

Chaque geste compte : un seau de compost, une cuve d’eau, un coin fleuri, un paquet de graines… En adoptant ce réflexe, on renforce la résilience de son potager, on allège son effort personnel, et on crée peu à peu un écosystème nourricier, autonome et joyeux.



Pour aller plus loin

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