Jardinier des villes et jardinier des champs

A votre avis ! Entre le jardinier des villes et le jardinier des champs, lequel des deux a le plus de chance d’obtenir une belle récolte ? Selon vous, vaut-il mieux avoir son potager en ville ou à la campagne ? Comme je le répète souvent, le potager ne se limite pas à ses clôtures. Le bon jardinier que vous êtes, prend en compte l’environnement de son jardin. Alors ? Vaut-il mieux un environnement de ville ou de campagne ?

Un tour en ville

Reste à définir la ville ! Je vais faire simple, je prends exemple de mon potager à Sotteville-les-Rouen. Regardez cette photo satellite de ma vaste propriété ! 200m2 en plein cœur d’une ville de 30 000 habitants.

Vue satellite de mon potager en carrés des champs
Vue satellite de mon potager en carrés de ville

Premières observations :

  • C’est dense en habitations, mais il y a encore un peu de verdure.
  • Beaucoup d’habitations ont un petit jardin.
  • On distingue aussi très bien les pâtés de maisons plutôt imposants. J’ai délimité le mien en rouge.
  • On peut voir aussi la multitude de lignes qui représentent les clôtures, les allées et les chemins.
  • La puce en jaune représente ma maison et son petit terrain.
  • Mon terrain est cerné de toute part.

A première vue ça ne va pas être simple de transformer ce jardin en corne d’abondance.

Coté campagne

Maintenant, on va se rendre dans mon potager de campagne. La différence d’environnement est plutôt nette vous ne trouvez pas ! Nous voilà à Saint-Jacques-sur-Darnétal un petit village de 3000 habitants.

Premières observations :

  • C’est tout vert, je suis entouré de champs et de forêt.
  • Le pâté de maison est plus grand et beaucoup moins dense, avec moins de 10 habitants et une entreprise de menuiserie.
  • Les clôtures, allées et chemin sont nettement moins visibles.
  • En vert j’ai délimité mon potager en carrés, il n’apparait pas encore sur la photo satellite.

Evaluation des risques

Évaluons un peu les avantages et les inconvénients de chacune des situations.

  • Concernant la végétation et la biodiversité
    Le potager de campagne est avantagé. La présence de la forêt à proximité ainsi que les couloirs d’arbustes et de haies facilitent la circulation de la faune. En ville cette circulation est entravée par les routes, les clôtures et les murs. De plus, la végétation est plus facilement utilisable en tant que ressource. C’est plus simple de trouver du bois mort à la campagne qu’en ville. Par contre au niveau des déchets verts, c’est plus avantageux d’être en ville. Il suffit de marcher le long de son trottoir pour ramasser des sacs prêts à l’emploi.
  • Au sujet de la pollution
    C’est du cas par cas. Dans mon exemple, je suis un peu plus avantagé en ville. Car coté campagne, je suis exposé aux pollutions de l’agriculture sur 2 côtés de mon terrain et comme vous pouvez le constater, je n’ai encore aucune protection.
  • Coté climatique
    Mon potager de ville prend encore l’avantage. L’omniprésence des constructions permet de créer des microclimats dont il est possible de tirer parti. Par contre, sur le potager de campagne, c’est l’hôtel des courants d’air. C’est un facteur très limitant de mon potager sur lequel je dois encore travailler, en installant des haies par exemple.
  • Concernant les voisins
    C’est un facteur qu’il faut prendre en compte. D’ailleurs en permaculture, les voisins font partie des ressources. Encore une fois, c’est le potager de ville qui prend l’avantage. Vos voisins peuvent être de précieux alliés, pour peu qu’eux aussi cultivent leur jardin. Imaginez l’étendue des possibilités qui s’offrent à vous. En premier lieu, vous allez ouvrir la frontière entre vos 2 terrains, pour faciliter la circulation de la faune. Vous allez pouvoir mutualiser vos efforts et vos ressources. Bref ! Vous connaissez le proverbe aussi bien que moi ! L’union fait la force.

Je ne veux pas faire de ces exemples une généralité car il y a beaucoup trop de facteurs qui entrent en compte. Mais je suis quand même tenté de dire que le potentiel naturel des villes est plus grand que celui des campagnes et il ne demande qu’à exploser.

Comment libérer ce potentiel ?

Rentrez chez vous ! 😉 Et si on faisait confiance à la nature ? Et si ce potentiel était juste endormi à cause de nos actions ! Avant de cultiver votre jardin, laissez-le tranquille et livrez-le à lui-même !

Ahhhh ! Ça vous fait tiquer !!! Ça coince quelque part ! Je suis sûr que ça doit en faire flipper plus d’un ! Allez ! Je fais le malin, mais moi aussi ça m’a fait peur ! Surtout qu’il ne faut pas vous attendre à recevoir du soutien !

Bah oui, on est tous pareil !

  • On a peur que notre terrain devienne une friche pas très accueillante.
  • On a peur du regard en coin des voisins.
  • On imagine que l’on va perdre le contrôle et que la nature va prendre le dessus.

Rassurez-vous ! C’est normal ! On est conditionné pour penser comme ça ! On nous a appris à nous dissocier de la nature et les vendeurs du temple se sont empressés de nous mettre des images dans la tête qui correspondent mieux à leur catalogue.

Si vous êtes prêt à revoir votre représentation du jardin, vous pourriez être surpris de ce que la nature vous réserve. Regardez mon potager de ville !

Cette transformation a eu lieu en 5 ans de temps et sans semer ou planter quoique ce soit. A l’exception du pêcher, du poirier et des rosiers. Simplement en couvrant mon sol avec 30 cm de déchets verts ramassés sur les trottoirs de mes voisins. 5 ans de transition ou j’ai laissé le plus possible la nature s’exprimer.

Période de transition nécessaire

Selon moi, cette phase de libération du potentiel est nécessaire, avant de vous lancer véritablement dans le potager. Je m’explique : Quand j’ai pris possession de mon terrain de ville, j’ai eu de sentiment d’être propriétaire d’un petit désert. Pas véritablement de végétation, un sol aussi riche que du sable à maçonner et pas la moindre trace de vie. J’ai installé mon potager en carrés en même temps que j’ai planté aussi les rosiers, le pêcher et le poirier palissé. C’est aussi à ce moment que j’ai apporté cette grosse couche de déchet vert. Les premières années, le potager et les fruitiers n’ont pas donnés grand-chose, voir étaient malades. Mais cette année, c’est la première fois que les fruitiers ne sont pas malades. Pourtant, les pêchers en Normandie, sont rarement épargnés par la cloque du pêcher. A côté, mon poirier palissé m’a donné 10 kg de poires.

En laissant la nature pousser librement, je pense que des relations se sont installées au sein de la végétation. Ces relations, bénéfiques à l’ensemble de la flore, ont bien plus de chance de se mettre en place si on accepte de laisser la nature travailler. En voulant imposer notre modèle, on ne tiens pas compte des conditions propres à notre terrain et notre micro climat.

Durant cette période de « laissé faire », nous allons pouvoir nous rendre attentif à notre jardin et observer comment notre terrain évolue. En nous plaçant dans cet état d’esprit nous pratiquons le jardinage selon un nouveau modèle, un modèle bien plus durable que celui de l’agriculture conventionnel, celui de la permaculture.

Changer de modèle

Être attentif à la terre est une des 3 éthiques de la permaculture. Les 2 autres sont :

  • Être attentif à l’humain
  • Partager équitablement

Je sais pas pour vous, mais pour moi, l’approche de la permaculture n’est pas évident. C’est un art qui me semble complexe à mettre en application. Certains y voit simplement des règles de bon sens, d’autre y voit des techniques de cultures. La permaculture est une nouvelle façon d’envisager notre relation avec notre environnement et avec nos semblables sur la terre. Ce qui demande de revoir tous les aspects de notre vie. C’est selon moi quasiment une philosophie.

Pour entrer dans ce nouveau monde, j’ai choisi la voix du potager, et j’ai pris un raccourci 🙂 . Je me suis inscrit à la formation de l’équipe de PermacultureDesign. Si ça vous intéresse d’entrer dans ce nouveau monde, allez jeter un œil à leur formation gratuite ! Regardez bien ! C’est tout en bas de la page !

Le potager Perma+

+ de biodiversité + de production + d’autonomie

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Réponses

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  1. Bonjour
    pas simple d’habiter à la campagne,entre un voisin qui fait un immense potager “à l’ancienne”avec renforts de pesticide,d’insecticides,d’engrais, de motoculteur qui tourne en permanence ,un autre qui entretient sa pelouse comme un green de golf et un autre un peu plus loin qui brûle chaque weekend ses emballages plastiques,j’ai l’impression d’être un extraterrestre parmi eux avec mon potager bio,mes 2 poules,mon petit étang et mes 2 ruches,mes nichoirs. je pense que les citadins sont plus respectueux de la nature.mais je résiste.

    1. Bonjour,

      Comme vous, je suis jardinière de ville et des champs. A 7 kms du domicile, j’ai un terrain d’un ha initialement réservé à mes chevaux, mais qui maintenant nous sert en partie de jardin. Une dizaine de ruches, pour la pollinisation et le miel, une haie de chênes pour abriter de l’ouest, une prairie pour récupérer de l’herbe coupée, un airial pour le bois mort, les chevaux donc pour le crottin. Mon potager est constitué de planches traitées en lasagnes, car la terre, c’est du sable des Landes, acide et pulvérulent dès qu’il manque un peu d’eau, eau qui inonde ce terrain, malgré tout marécageux dès que les pluies sont trop abondantes. Bref, depuis trois ans, j’essaie d’améliorer la terre. Malheureusement, les deux dernières saisons ne m’ont pas permis d’avoir des tomates, mildiou dès les premiers jours de juillet.
      Le reste pousse bien, surtout les légumes-feuilles.
      Mais quel bonheur de voir que les petits arbres plantés autour du rucher me permettent de cueillir les essaims au printemps, font de l’ombre aux ruches en été et portent des curcubitacées sur leurs branches. La vie animale est assez intense, surtout les minuscules dans le compost et les tout petits, crapauds, lézards et couleuvres, quelques tritons dans les fossés, des grenouilles rousses, des petits passereaux comme le rouge queue noir, des mésanges qui font un peu de ménage avec les chenilles, mais un grand souci avec les campagnols qui adorent le paillage et la terre très meuble. Plus d’oiseaux de proie, donc je piège. Pas de hérissons, ni de lapins et autres petits mammifères carnassiers.

      Mon jardin de ville est surtout dédié aux plantes et arbustes à fleurs, mais j’ai craqué et il y a un mois j’ai fait une lasagne pour avoir les herbes aromatiques à portée de main.

      Pas de problème avec le voisinage, les gens deviennent assez respectueux avec la nature, pas de feux, ni de produits chimiques déversés inconsidérément, les agriculteurs sont assez loin et mes abeilles ne souffrent pas trop.

      Je préfère mon jardin de campagne, pour son calme et sa diversité, j’aimerais y vivre,mais il n’y a pas l’eau courante (puits uniquement, non potable) et pas d’électricité. Et nous sommes habitués à ce qui est pratique !

      Merci de toutes vos informations !
      F

  2. Rebonjour
    Oui, j’oubliais d’écrire que maintenant que le potager a 4 ans, je sens un équilibre qui s’installe. Je laisse des bandes “sauvages” et suis surprise des plantes qui viennent s’y installer. Je contrôle quand même les piquantes comme les ronces et chardons, c’est trop désagréable pour les mains!
    Bonne continuation
    K

    1. Bonjour,
      Je confirme:il y a bien une formation gratuite en permaculture,intitulée “les premiers pas en permaculture”,le lien fonctionne bien,merci Loïc!
      J’ai l’expérience d’un jardin de ville,étroit et bien entouré,où tout poussait y compris les belles inconnues apportées par oiseaux…
      Aujourd’hui c’est un jardin à la montagne qui m’occupe,le potager a juste un an, gagné sur la prairie à vaches et plein de cailloux…Il faut lutter quand même,sinon les plantations disparaissent sous l’herbe!! Et comme Kara je contrôle les piquantes et le rumex,incroyablement coriace! Les voisins sont sympas(autorisation de se servir en foin pour le paillage) et partageurs,un groupe de jardiniers s’est monté,histoire de mutualiser nos expériences et notre matériel.
      Donc,de mon humble point de vue je vote pour le jardin des champs…et je renchéris sur Loïc:jardiner,c’est bien un acte politique qui ouvre l’esprit!

  3. Hello Loic
    belle analyse avec photos à l’appui, j’apprécie ton article, merci!
    Effectivement, la formation permaculture est payante, il faut le signaler.
    En ville et à la campagne, selon moi, les voisins sont très importants. Si nos voisins de ville avec leurs petits jardins répandent du roundup à gogo et pulvérisent le moindre nid d’insecte ou de fourmi, c’est quand même la galère. Et si nos voisins de campagne sont des agriculteurs épandeurs de saletés sans nom, c’est pas joli joli non plus.
    Je suis installée à la campagne depuis 5 ans et suis choquée par le comportement de trop de personnes du village: ordures ménagères brûlées – bonjour les dioxines – les animaux domestiques sont parqués et maltraités, animaux sauvages combattus à coup de pierres (serpents, orvets, crapauds, hérissons…), les insectes gazés, les arbres mazoutés (“mettez un coup de fuel, et cette cochonnerie – un acacia – ne repoussera plus”) et j’en passe… mon voisin insulte même son prunier quand il tombe des feuilles sur sa voiture!
    Je déchante… bon, ce n’est pas vraiment le thème de cet article.
    ceci dit, je ne regrette pas mon choix.

    1. Bonjour Kara

      Non regardez bien tout en bas de la page ! Il y a une formation gratuite !*

      On est tellement déconnecté de la nature que l’on considéré la terre comme sale. On préfère répandre du Roundup pour avoir des allées bien propre ! Il y a du travail pour faire changer cette mentalité !

  4. Ben moi c’est encore une autre version, c’est le potager fluvial !
    En bord de Seine et recouvert par les eaux 2 mois par an … super pour fertiliser, mais pour installer des carrés en bois, c’est non, faut oublier. Ils pourriraient sous 2m d’eau, au mieux, ou se feraient embarquer.
    Je dois gérer aussi les ragondins qui grignotent tout et aussi les cygnes qui raffolent des légumes, mais à part ça, c’est super la terre est excellente

  5. Bonjour Loic,

    Je suis d’accord avec ton article, je pense effectivement que dans la démarche d’un potager respectueux il faut cette période de transition dans laquelle il faut laisser la nature s’installer et je pense que cela permet une chose essentiel : c’est de laisser un nouvel équilibre se faire entre les différentes espèces végétales et animales présentent dans nos jardins.

    Au cours des premières années, j’avais beaucoup de nuisibles mais d’un côté (selon ma théorie) je pense qu’ils venaient là pour contrôler l’intrusion des plantes potagères. Réagir avec des produits ?? Non, déjà je ne m’y connaissais pas du tout sur ces derniers donc j’ai tout simplement laissé faire. Cela a permis d’établir ou devrais-je dire de construire un nouvel équilibre car il ne faut pas oublier que le potager même naturel reste un endroit créé par un jardinier de manière complètement artificiel. De ce fait, il est tout à fait normal et compréhensible qu’au cours des premières années le jardin soit confronté à quelques problèmes.

    personnellement, je pense qu’en agissant contre les nuisibles (par exemple) via une pulvérisation de produit, cela retarde la mise en place de ce nouvel équilibre. Pourquoi un auxiliaire viendrait s’installer chez nous si nous nous chargeons d’éliminer sa source de nourriture ?
    Si cela t’intéresse, voici un article que j’ai écris dernièrement sur le sujet : http://au-potager-bio.com/les-nuisibles-les-auxiliaires-et-moi/

    Merci à toi pour ton approche
    Amitiés
    Yannick Hirel

  6. Oui Loïc, le jardin de ville possède de nombreux avantages (proximité entre le lieu d’habitation et le lieu de production, micro-climats, partage de plant mâle pour les kiwis par exemple, murs exposer sud pour y mettre des pêchers, etc.).

  7. Pourquoi parlez-vous de formation “Les 1ers pas en permaculture” GRATUITE alors que le lien proposé renvoie à une formation payante de 147 € ?

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