Le secret a connaitre pour faire un potager
Si je jardine aujourd’hui c’est sans aucun doute grâce à mes grands-parents. C’est pendant mon enfance que j’ai été imprégné du potager. Sans m’en rendre compte, en voyant mon grand-père cultiver son potager, j’ai intégré cette pratique comme normal et naturel.
A cette époque, je ne considérais pas comme une corvée d’aller ramasser des pommes de terre avec mon grand-père car c’était l’occasion de pouvoir conduire le tracteur !!!! J Bah oui, je n’en avais rien à faire des patates ! Mais quelle fierté de se voir confier le volant du tracteur et de voir les plus vieux derrière en train de ramasser. Les engins agricoles n’étaient pas mon seul intérêt autour du potager, j’avais aussi quelques sources de convoitise bien plus concrètes : Les fraises, les framboises, tous les fruits rouges et les tomates ! Seulement pas facile de flâner l’air innocent dans le potager de mon grand-père ! Surtout que je n’étais pas le seul gamin à vouloir chiper quelques douceurs chauffées par le soleil.
J’ai appris de mon grand-père de façon inconsciente, en le regardant travailler. Comme à l’époque le potager ne m’intéressait pas vraiment, je n’ai pas eu l’occasion de discuter technique de jardinage. Aujourd’hui je me demande souvent ce que penserai mon grand-père de mon potager en carrés !
La confrontation des générations
Je crois que ça serait une source de quelques discussions engagées ! Mon grand-père a appris le travail de la terre à l’école d’agriculture d’Yvetot. Il a donc fait de vraies études dans le domaine, contrairement à moi qui ai appris sur le tas avec les livres et internet. De plus à l’époque ou mon grand-père était sur les bancs de l’école, les pratiques agricoles que l’on enseignait étaient sous l’influence de la révolution verte. On enseignait l’agriculture à grand coup de labour et d’engrais.
Sincèrement je pense que mon grand-père aurait souri en voyant mon potager. Ce sourire aurait sûrement été le mélange d’un plaisir de voir son petit-fils s’intéresser au jardin avec une pointe de moquerie en voyant ma pratique. Mon grand-père aurait considéré mon potager comme un jardin d’enfant c’est-à-dire plutôt destiné à l’amusement qu’à nourrir sa famille. Le potager en carrés l’aurait bien fait rigoler surtout avec mon idée de vouloir jardiner debout ! Quelque part il n’aurait pas tort. Dans un objectif purement alimentaire, en faisant abstraction du coté plaisir et esthétique, le potager en carrés n’est pas rentable. D’ailleurs il suffit de regarder comment les maraîcher produisent pour se rendre compte que réduire des planches de cultures a 1m20 de côté c’est du gâchis. Je
Bref, ce n’est pas dans l’organisation du potager que j’aurais été le plus en désaccord avec mon grand-père, mais dans le travail du sol. Je ne crois pas que j’aurais pu convaincre mon grand-père que le travail du sol est une pratique qui au final appauvri la terre. J’en suis quasiment certain car il me suffit de regarder mon propre père !
La résistance au changement
Dans ma famille, mes 2 sœurs et moi-même sommes comme 3 lobbyistes. Voilà des années que nous rabattons les oreilles de nos parents sur les méfaits du Roundup. Malgré une pression constante, mon père continu à rependre ce poison sur son terrain. (excusez-moi je prends 2 ou 3 lignes pour rassurer mon père ! J ) T’inquiètes Papa ce n’est pas pour te juger, c’est pour expliquer à mes lecteurs à quel point c’est difficile de changer ses habitudes). Donc de la même façon que nous ne parvenons pas à faire changer les pratiques de notre père, je n’aurais jamais réussi à convaincre mon grand-père que le labour est néfaste et nous aurions sûrement été aussi en désaccord sur l’utilisation de la chimie.
Pourquoi est-ce si difficile de revoir ses pratiques ? Premièrement, ce n’est jamais agréable d’admette que l’on est dans l’erreur. Mais au jardin c’est encore plus difficile de revoir ses pratiques car le résultat est en décalage. A titre d’exemple, si je vous montre une méthode pour produire des pommes de terre qui donne de bons résultats, vous allez reproduire ma méthodes et vous allez hésiter à en essayer une autre parce que :
- Vous n’avez pas envie de rater votre récolte
- Vous ne voulez pas perdre l’investissement que vous avez mis dans votre semis
- Vous n’avez pas la certitude que l’autre méthode fonctionnera aussi bien
De plus, avec notre méthode qui fonctionne, on passe du côté des jardiniers qui savent ou plutôt qui croient savoir. Seulement le jardinier qui croit savoir n’a aucune idée de la raison de sa réussite. Il ne fait que constater que ses patates poussent bien. Nous avons tous pratiqué de cette façon et toute notre agriculture s’y est engouffrée. On a constaté que de rependre de l’azote dans les champs boostait les récoltes, mais on n’a pas vu venir, qu’au final, on a tué nos sols à force d’y rependre ces engrais. Dans le domaine de la vie du sol, de la biologie des plantes et des interactions entre tous ces organismes vivants, nous sommes encore très ignorants. Ce constat m’amène au seul conseil de jardinage valable.
Vous n’êtes pas encore dépendant du potager
Comme pour beaucoup de jardiniers qui cultivent leur potager, leur motivation reste encore dans le domaine du loisir. Combien d’entre nous dépendent du potager pour vivre ? A partir de là, nous pouvons beaucoup plus facilement accepter les échecs. Quand bien même notre récolte de patates serait un échec, nous ne serions pas, pour autant, privé de pomme de terre. Nous ne sommes donc pas obligés de rentrer dans le clan des jardiniers qui croient savoir. Mon conseil est donc le suivant : tant que vous n’attendez pas après votre potager pour manger, restez le plus longtemps possible des débutants. Profiter de cette chance de pouvoir faire toutes les erreurs possible sans en subir les réelles conséquences. Acceptez de revoir chaque année vos méthodes, écoutez les conseils des jardiniers plus expérimentés, mais ne prenez pas pour argent comptant tout ce qu’ils peuvent vous dire ! N’oubliez jamais que les facteurs environnementaux sont rarement identiques d’un potager à l’autre.
Cet article participe à l’événement inter-blogs « Les 5 choses que j’aurais aimé que l’on me dise avant de commencer mon potager » organisé par le blog PotagerDurable.
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Salut,
Très bon article ! Je rejoins tout à fait ta manière de pense, il ne faut jamais penser que l’on a la réponse à tout. Surtout aux problèmes des autres. Évidemment, à un certains niveau d’expérience et d’apprentissage, en ayant confronté plusieurs sources et fais diverses expériences, on peut clairement dégager un chemin qui est plus préférable à un autre. Par exemple le labour, les produits chimiques etc, comme tu l’expliques très bien. Donc on peut aider d’autres personnes à évoluer, à éviter des problèmes ou tout simplement à apprendre de nos expériences.
Mais je penses primordiale de souligner, comme tu l’as fait aussi : qu’une technique qui marche dans un lieu donné, avec un contexte climatique, podologique (le sol) et humain, n’aura pas les mêmes résultats dans un autre contexte.
Il faut, comme tu le dis, rester débutant. Car nous le sommes tous au final, personne n’a une connaissance pleine et entière d’un sujet, et n’importe qui peut nous apporter un élément nouveau, ou tout simplement quelque chose à laquelle nous n’avions pas penser.
Bref, je te rejoins sur toute la ligne, merci pour ton article !
Heikel de JardinerFuté
Je fais compost et brf, j ai une serre, je n utilise plus de produits,j ai eu des patates,tomates,betteraves,choux,carottes etc etc j ai eu du mildiou sur qq patates, que j ai jeté…j ai encore de ma production, donc je n en ai pas encore acheté.je viens de me décider à faire quatre brutes de 120/280, et 4 de129/120′ mais je ne sais pas trop comment les organiser…si vous avez une expérience la dessus,besoin conseils..
Échange très intéressant ! les idées reçues ont la peau dure.
Mon beau-père retourne chaque année sont jardin au motoculteur. Il se tue à la tâche avec les corvées de désherbage, d’arrosage…utilise des produits chimiques sur ses cultures. J’ai commencé mon potager bio il y a 4 ans, et j’essaie de le convaincre qu’on n’est pas obligé de labourer, qu’il faut pailler, faire du compost, utiliser la nature contre les maladies et les ravageurs. Mais il ne veut rien changer.
Je dis aussi qu’il faut accepter de laisser sa part à la nature. J’ai chaque année des pertes dues aux limaces, aux oiseaux, aux campagnols. Je trouve des solutions pour limiter leur impact, et je fais avec.
Cette année, je me lance dans le potager en carré. Et j’ai préparé une nouvelle parcelle pour essayer la culture sur butte, l’an prochain.
Bonjour
Article interressant, de là à dire que c’est le seul valable …. ?
Chaque période a ses cycles: mes grands parents retournaient la terre, vidaient dessus le wc qui était au fond du jardin, un peu de fumier de poules, de lapin .. et basta les légumes venaient sans se poser de questions.
Depuis quelques années l’écologie a pris le dessus, il ne faut plus retourner la terre, laisser faire la nature, les vers de terre, les taupes … A moins d’être “retraité” et passer sa journée a enlever les chenilles, limaces … a la main, mettre de l’eau savonneuse sur les pucerons …Il faudra toujours utiliser des produits du commerce, certes choisir les moins nocifs s’il y en a ? mais se passer d’anti limaces si on veut cultiver ses salades me parait impossible et pourtant j’ai testé la cendre, les pièges à bierre ….
Dans ces fameux cycles de culture nous en sommes maintenant au ‘Bio’ .. Tout est bio même les produits utilisés dans les pressing !! Dire que c’est du bio quand on cultive sur une terre qui a reçu des engrais pendant 40 ans me fait doucement rire, ce n’est qu’une activité commerciale qui permet de faire monter les prix de vente.
Alors les petits jardiniers que nous sommes nous pouvons cultiver disons ” raisonnablement” nos petits légumes. Faut il retourner la terre, simplement l’aérer, laisser uniquement faire la nature ? a chacun de tester.
Pour la première fois cette année je n’ai pas retourné la terre, simplement un tapis épais de feuilles broyées , un peu de crottin de cheval et un voile de forçage dessus. Certes beaucoup de vers de terre sont apparus, je découvrirai cela le mois prochain et verrai le résultat. JJ’espère récolter comme d’hab dans mon petit carré de 30 m2, a suivre ….
Bonjour Alain
Oui j’ai un peu exagéré en disant que c’est le seul valable ! 🙂
Par contre je ne crois pas que l’utilisation des produits soit indispensable. Leur usage est un calcul a court terme.
Bonjour Alain,
je cultive mes salades sans produit contre les limaces. Quand elles sont fraichement repiquées, je les mets sous une demie-bouteille, goulot ouvert pour les protéger. En plus, ça fait mini-serre !
Ensuite, de la cendre autour et dès que la salade grandit, et bien je dirai qu’elle se défend toute seule ! Bien sûr, il faut prévoir du vinaigre dans l’eau de lavage pour éviter de retrouver des habitantes dans le saladier, mais à part ça, on se tolère … Il y a moyen de partager un peu quand même ! Ne vous arrive-t-il jamais de perdre des salades qui montent ? doit-on les traiter, les modifier pour les en empêcher ?
Surtout, évitez les pièges à bière, elles s’y noient mais ça les attire plus que cela ne les détruit !
Bonjour Loïc,
super cet article entre philosophie et nostalgie, j’aime beaucoup. Tu as tous à fait raison, pour quasiment tous, le jardinage reste un loisir mais je m’aperçois de plus en plus que pour certains il est tout de même un bon moyen d’équilibrer son budget et que sans ça la vie serait plus dure. Et puis il faut bien se rendre compte qu’il est de plus en plus difficile de trouver des fruits et légumes dignes de ce nom, avec une vraie valeur nutritive (et non du poison insidieux) et faire son jardin est une façon de pallier à ce problème.
Salut Christian, c’est pas que la vie serait plus dure sans le jardin, c’est qu’elle serait plus triste … J’ai vu il y a deux jours une cinquantaine d’abeilles sur mon parterre de marjolaine fleuries qui se régalaient …. ça suffit à me rendre heureux …
Tout est dit et très bien dit.
la conclusion en particulier….
Acceptez de revoir chaque année vos méthodes, écoutez les conseils des jardiniers plus expérimentés, mais ne prenez pas pour argent comptant tout ce qu’ils peuvent vous dire ! N’oubliez jamais que les facteurs environnementaux sont rarement identiques d’un potager à l’autre.
MERCI pour cet article qui résume si bien ce que je pense
Moi je travaille essentiellement au roundop, avec des engrais chimiques azotés et beaucoup d’OGM ! Et bien avec tout ça j’obtiens de très belles noix de coco sur mes pieds de tomates !
Lol
Ça c’est bizarre! Moi sur mes pieds de tomates j’ai des haricots verts! Encore un coup des écolos!
PS : désolé je n’ai pas pu m’en empêcher.
Bon j’arrête mon délire.
Je trouve le conseil excellent. Tester de nouvelles variétés, de nouvelles méthodes tout en respectant la nature. Dommage qu’il y ait encore tellement de réticence. Nous n’avons qu’une planète, pas de solution bis.
Très touchant, ton article, Loïc. Très personnel, j’aime beaucoup!
J’apprécie ton appel à rester humble dans sa pratique. Je suis convaincue que nous apprenons beaucoup des choix de nos aïeux, que l’on considère qu’ils aient fait des erreurs ou non. En effet, l’enjeux était tout autre lorsque l’on comptait sur le jardin pour nourrir sa famille! Quoi qu’il en soit, je crois que nous sommes nombreux a avoir puisé dans la pratique de nos parents/grands-parents notre sensibilité actuelle, de jardinier en l’occurrence. Sûrement répétons-nous certains de leurs gestes ou construisons-nous les nôtres en réaction aux leurs!
Je crois que nous attendons de nos potagers modernes certes une nourriture réelle et de qualité, mais également spirituelle, morale!
Bonsoir Émilie
C’est exactement ce qui se passe pour moi ! Le potager m’a éveillé !