Partager équitablement et restituer l’excédent : le troisième pilier de la permaculture

Sommaire
Introduction
En permaculture, on parle souvent de prendre soin de la terre et des humains. Mais on oublie parfois un troisième principe tout aussi essentiel : partager équitablement et restituer l’excédent. Ce principe nous rappelle que la nature fonctionne en cycles, en échanges constants, et que ce que nous produisons en trop peut nourrir d’autres — humains, plantes, sol, animaux.
Dans un potager, cela peut vouloir dire offrir ses surplus de légumes, composter ses déchets verts, ou simplement pailler avec ce qu’on aurait jeté. Ce sont des gestes simples, mais puissants : ils créent du lien, enrichissent le sol, réduisent les déchets et participent à une vision du monde plus juste et plus durable.
Dans cet article, découvrons ensemble comment appliquer ce principe concret de la permaculture, pour faire de notre jardin un lieu d’abondance partagée.
1. Comprendre le principe : partager équitablement et restituer l’excédent
Origines éthiques de la permaculture
La permaculture repose sur trois piliers fondamentaux :
- Prendre soin de la Terre,
- Prendre soin des êtres humains,
- Partager équitablement les ressources et restituer les surplus au système.
Si les deux premiers principes sont aujourd’hui largement reconnus, le troisième est souvent mal compris ou relégué au second plan. Pourtant, dans un monde où les ressources naturelles s’épuisent, où les sols s’appauvrissent, où la biodiversité recule et où les inégalités sociales grandissent, la question du partage devient centrale.
En permaculture, “partager équitablement” signifie que l’on reconnaît les limites naturelles (d’un sol, d’un espace, d’un climat) et qu’on choisit de ne pas accaparer plus que ce dont on a réellement besoin. Cela suppose aussi que l’on pense à redistribuer ce que l’on ne peut pas consommer ou utiliser soi-même, que ce soit sous forme de récoltes, de savoirs ou de ressources.
C’est une posture éthique : reconnaître que la vie est un système d’échanges, de dons et de contre-dons. Et que vouloir garder pour soi tout le fruit de son jardin, de son savoir ou de son travail mène à l’appauvrissement général du vivant.
Signification concrète dans le potager
Dans le cadre d’un potager, ces principes se traduisent très concrètement :
- Partager équitablement, c’est donner ou échanger ses surplus de légumes, mais aussi ses semences, ses plants, ses outils, ses connaissances. C’est organiser des temps d’échange, créer du lien autour du jardin.
- Restituer l’excédent, c’est rendre à la terre ce qu’elle nous a donné : pailler, composter, nourrir les vers de terre, favoriser les micro-organismes. C’est aussi prendre soin du système en optimisant l’eau, en limitant les déchets, en diversifiant les cultures.
Cela peut sembler anecdotique à l’échelle d’un seul jardin. Mais à l’échelle d’un quartier ou d’un village, ces pratiques régénératrices peuvent transformer durablement nos territoires.
2. Partager équitablement dans un cadre potager
Partage des récoltes alimentaires
L’un des gestes les plus simples et les plus puissants est de partager les légumes que l’on ne peut pas consommer. Car tout jardinier connaît cette situation : en pleine saison, on se retrouve parfois avec trop de courgettes, de tomates, de haricots…

Ces excédents peuvent devenir :
- Des cadeaux pour les voisins, les amis, les personnes âgées du quartier.
- Des objets d’échange lors d’un marché ou d’un troc local.
- Une contribution à une boîte à dons alimentaire installée dans un lieu public (bibliothèque, mairie, station-service…).
- Un don à une association, une cantine solidaire ou une épicerie sociale locale.
Ces gestes simples nourrissent une dynamique solidaire. Ils luttent contre le gaspillage tout en renforçant les liens sociaux. Et ils donnent du sens à notre pratique du jardinage.
Partage des savoirs, outils et ressources
Le potager est aussi un formidable lieu de transmission. On n’apprend pas à jardiner dans un livre : on apprend en faisant, en observant, en échangeant.
Voici quelques manières de transmettre :
- Organiser un atelier dans son jardin, même informel : semis de printemps, bouturage, compostage… Cela ne demande pas d’être expert, juste d’avoir envie de partager ce qu’on sait.
- Prêter ou mutualiser des outils entre voisins : râteaux, grelinettes, broyeurs, brouettes… Beaucoup d’outils sont chers et peu utilisés. Les mutualiser évite des achats inutiles.
- Échanger des semences ou des plants lors de marchés aux plantes ou de bourses aux graines. Cela permet aussi de faire circuler des variétés anciennes ou locales, souvent mieux adaptées à nos conditions.
Ces gestes, en apparence modestes, permettent de sortir de l’isolement, d’enrichir ses pratiques et de bâtir une communauté jardinière autour de soi.
Création de communautés jardinières
Aller plus loin, c’est mettre le jardin au centre de la vie collective. Cela peut prendre plusieurs formes :
- Les jardins partagés : sur un terrain municipal ou privé, plusieurs familles cultivent ensemble. Ils deviennent des lieux d’apprentissage, de fêtes, de lien social.
- Les coopératives de culture : on partage le travail, les coûts, les récoltes. Ces modèles hybrides émergent dans de nombreux territoires, entre le jardin amateur et le maraîchage professionnel.
- L’implication d’autres publics : écoles, EHPAD, centres d’accueil… Un petit potager suffit pour créer des ateliers intergénérationnels ou éducatifs.
Partager le jardin, ce n’est pas seulement partager un espace : c’est partager une vision du monde, où chacun a sa place, où le vivant est au cœur de nos priorités.
3. Restituer l’excédent au sol et au système vivant
Compostage et cycles de matière
Dans la nature, rien ne se perd, rien ne se jette. Chaque feuille tombée devient nourriture pour le sol. En permaculture, on cherche à reproduire ces cycles vertueux.
Le compost est un pilier fondamental :
- Compost individuel : dans un coin du jardin, on transforme les épluchures, les tontes, les fanes de légumes en terreau vivant.
- Compost collectif : plusieurs foyers se regroupent pour alimenter un bac commun, souvent géré par une association ou une mairie.
- Paillage direct : les tontes de gazon, les feuilles mortes, les restes de culture (tomates malades exceptées) sont posés directement au pied des plantes.
Ces techniques ont trois effets majeurs :
- Elles réduisent les déchets à la source,
- Elles nourrissent la vie du sol,
- Elles limitent l’arrosage en gardant l’humidité.
Optimisation des flux d’eau et de nutriments
Restituer l’excédent, c’est aussi gérer l’eau avec intelligence :
- Récupérer l’eau de pluie dans des cuves, des récupérateurs faits maison, ou des réservoirs enterrés.
- Utiliser des systèmes économes : oyas (pots en terre cuite enterrés), goutte-à-goutte, tuyaux microporeux.
- Éviter le lessivage des nutriments en couvrant toujours le sol.
Les engrais naturels issus de la ferme ou du jardin (purin d’ortie, compost, fientes…) sont à utiliser avec parcimonie, en fonction des besoins du sol et des plantes.
Favoriser les équilibres naturels
Enfin, restituer à la nature, c’est lui redonner sa place dans le jardin :
- Accueillir la biodiversité : haies, mares, nichoirs, bandes fleuries…
- Pratiquer les associations de cultures : les plantes se protègent mutuellement, comme le célèbre trio maïs-haricot-courge.
- Réutiliser les déchets végétaux : tiges de tournesol comme tuteurs, feuilles mortes comme abri pour les insectes utiles.
Chaque élément du jardin peut avoir plusieurs fonctions. En pensant le système dans sa globalité, on crée un équilibre durable.
4. Actions concrètes à mettre en œuvre
Action | Description | Bénéfices clés |
---|---|---|
Trocs de légumes | Échange entre jardiniers, notamment en saison de surplus | Zéro gaspillage, convivialité |
Compostage collectif | Bac commun dans un quartier ou jardin partagé | Fertilité locale, cohésion sociale |
Boîte à dons potagers | Légumes ou semences à disposition dans une boîte publique | Accessibilité, lien social |
Journées ateliers au jardin | Organisation de chantiers ou de formations | Transmission, entraide |
Dons à des associations | Distribution à des structures solidaires locales | Soutien aux plus vulnérables |
Paillage avec végétaux bruts | Utilisation directe des restes verts du jardin | Fertilité, moins d’arrosage |
Collecte d’eau de pluie | Installation de récupérateurs sur les toitures | Autonomie, économies |
Cultures tournantes | Rotation des familles de plantes | Moins de maladies, sol plus vivant |
Cultures associées | Plantes qui s’entraident (ex : tomate + basilic) | Santé des plantes, production optimisée |
5. Impacts mesurables et retours de terrain
Résilience et autonomie accrues
Un potager pensé avec ces principes :
- dépend moins des intrants extérieurs,
- produit plus régulièrement,
- est plus stable face aux aléas climatiques ou sanitaires.
La résilience devient visible : un sol vivant, une biodiversité plus présente, des récoltes régulières.
Moins de déchets, plus de fertilité
Les jardiniers constatent souvent une baisse de 40 à 60 % de leurs déchets de cuisine, une meilleure structure du sol, et un retour de la vie (lombrics, champignons, microfaune).
Les plantes y poussent mieux, les maladies sont moins fréquentes, et le jardin devient autonome en fertilité.
Lien social et ancrage local renforcés
La dynamique de partage crée des rencontres, des entraides, des amitiés. Des personnes âgées retrouvent une utilité, des jeunes découvrent des savoir-faire oubliés.
Les potagers deviennent des lieux de vie autant que de production.
Inspirations concrètes
Des initiatives comme les Incroyables Comestibles, les grainothèques en bibliothèque, ou les trocs de plants au printemps montrent que le changement est possible, localement, sans gros moyens.
Ces actions inspirent, rassemblent, donnent envie de s’y mettre. Et montrent que la permaculture, ce n’est pas seulement une technique agricole, mais un véritable projet de société.
Voici une proposition de conclusion claire, inspirante et accessible aux débutants :
Conclusion
Partager équitablement et restituer l’excédent, c’est bien plus qu’un joli principe : c’est une manière de jardiner et de vivre qui transforme en profondeur notre relation au monde. Dans un potager, cela se traduit par des gestes simples mais puissants : offrir, transmettre, recycler, nourrir le vivant sous toutes ses formes.
En appliquant ces idées, chacun peut devenir un maillon d’une chaîne solidaire, écologique et joyeuse. Le potager n’est plus seulement un lieu de production, mais un espace de lien, d’apprentissage et de régénération.
À notre échelle, avec nos moyens, nos saisons et nos excédents, nous avons tous le pouvoir de semer un peu plus de justice, de fertilité… et d’espérance.
Pour aller plus loin
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