Les 4 principes de l’agriculture sauvage

Comment peut-on avoir la prétention de faire mieux que la nature ? Des millions d’années dévolution pour créer des systèmes harmonieux ou chaque plante chaque animal a sa place et joue un rôle dans le système. Nous, les humains, avec une grande assurance, nous croyons pouvoir faire mieux que la nature.

Champ de coquelicot

Une vision partiel des phénomènes naturels

Quand on pense à la complexité des interactions entre les êtres vivants dans un système naturel, on est bien obligé d’admettre que l’on a qu’une vision partiel de tous ces phénomènes. De plus lorsque les phénomènes sont visible et qu’il nuise à notre bien-être, notre acuité visuelle chute radicalement.

Je suis le premier à me laisser illusionner par ce que je crois savoir. Cette année en début de saison du potager, j’ai subi une attaque féroce des limaces. Elles ont bouloté tous mes jeunes plants de salade. Ma première réaction a été de vouloir éradiquer les gastéropodes, j’ai même sortie les fameux granulés. Aujourd’hui je n’en suis pas fier, mais j’ai réagi sans prendre une seconde pour réfléchir. La solution pour moi était simplement d’éliminer la source du problème sans avoir aucune idée des conséquences de cette action.

Qu’on le veuille ou non, les limaces font partie d’un système complexe, même a l’échelle de potager, elles ont une actions avec des conséquences. Seulement notre incapacité à comprendre le fonctionnement de la nature dans son intégralité nous fait oublier que chacun de nos actes ont des conséquences.

Si tu ne sais pas ne fait rien.

Posons-nous une seconde ! Et avant d’éliminer ces limaces sommes-nous capable de répondre à ces questions ?

  • Quel est le rôle des limaces dans la chaine du vivant ?
  • Quel est la place de la limace dans la chaine alimentaire ?
  • Quel sont les conséquences de l’élimination des limaces sur ces chaines ?
  • Notre méthode pour éliminer les limaces est-elle sans conséquences sur les autres êtres vivants ?

Bien sûr, on n’a aucune idée des réponses à ces questions et pourtant ça ne nous empêche pas de rependre ce poison. On le fait, non pas parce que nous sommes des êtres mauvais, mais parce que l’on ne réfléchit ni loin ni bien.

Admettons que l’on ne se sait pas grand-chose en règle générale. Ce constat devrait nous inspirer la plus grande prudence quant à nos actions. Je crois même que l’on peut dire que ne pas agir et bien souvent une meilleure réponse a l’action.

En ce moment je lis le livre de Masanobu Fukuoka «  la révolution d’un seul brin de paille ».

Fukuoka est un chercheur qui a travaillé durant 8 ans sur les maladies et les insectes dans le secteur de l’agriculture. Il a rapidement compris que nous ne pouvions pas isoler un aspect de la vie d’un autre aspect. Tous ces aspects sont profondément imbriqué les uns dans les autres et complément inter dépendant. Il est convaincu que l’agriculture prend depuis longtemps une mauvaise direction et s’installe dans la ferme de son père pour mettre en application ce qu’il appelle l’agriculture sauvage.

Les 4 principes de l’agriculture sauvage.

Premier principe : ne pas cultiver.

Ne pas labourer ou retourner la terre, car la terre se cultive d’elle-même. La faune et la flore qui la constitue fournissent un travail plus efficace que le nôtre. Veillons seulement à ne pas détruire et bouleverser la vie du sol.

Deuxième principe : pas de fertilisant ou de compost.

Laissé a lui-même, le sol entretiens naturellement sa fertilité. Les sols forestiers en sont les meilleurs exemples. Personne pour apporter de l’engrais, et pourtant des forets entières s’y développent.

Troisièmes principes : ne pas désherber.

Ni à la main et encore moins avec des herbicides ! Ces soi-disant mauvaises herbes jouent un rôle dans l’équilibre et la fertilité du sol. Tous comme pour les limaces inspirons nous de la nature pour réguler leur développement.

Quatrième principes : aucun produit chimique.

C’est le déséquilibre que l’on a provoqué par nos méthodes de culture qui nous impose l’utilisation de produit chimiques. Les insectes et les maladies sont présents dans la nature mais ils n’affectent pas les plantes avec autant de virulence. C’est parce que nos plantes sont fragiles qu’elles sont sensibles aux maladies et aux parasites.

Le cercle vicieux de l’agriculture.

Un paysan décide de cultiver une nouvelle parcelle de terrain qui était jusque-là livré à elle-même. Il sort sa charrue pour retourner la terre et préparer le sol a accueillir ses prochaines cultures. Seulement quelques temps après le labour, de solides mauvaises herbes se développent. Il se trouve alors contraint d’utiliser un herbicide pour éliminer les herbes indésirables. Seulement le poison répandu agit sur toute la faune et la flore du sol ; les équilibres sont rompus. Le sol ne pouvant plus se fertiliser de lui-même, le paysan a recours aux engrais, continuant à entretenir et a aggraver le désordre. Ce déséquilibre fini par rendre ses cultures fragile et sensible aux maladies et parasites, contraignant ce malheureux paysans à utiliser la chimie pour préserver ses récoltes.

 

Faisons confiance a la nature, prenons le temps d’observer ses mécanisme, c’est la base pour voir fleurir notre potager.

 

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Réponses

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  1. Bonjour à tous,
    Pour Fab et les autres : oui le potager tel qu’il est connu est un milieu hautement artificiel ou chaque action induit une réaction biologique : limaces ou autre.
    L’idée de Fukuoka, et c’est ce que concrétise les permaculteurs, est de penser son potager, non pas comme un environnement mono spécifique de plantes annuelles mais bien comme un environnement qui copie le modèle naturel. Nul besoin de fertilisant dans une forêt, une savane, ou autres environnement sauvage, ce sont des lieux à très forte concurrence, néanmoins ils restent les ecosystèmes terrestres les plus productifs du monde. L’idée n’est donc pas “de ne rien faire” mais bien de construire (designer) un environnement calqué sur le modèle naturel local qui va nous amener à en faire de moins en moins dans le temps au fur et à mesure que notre ecosystème cultivé se complexifie.
    Cela est impossible sans une judicieuse observation du paysage et de la succession écologique de votre biome, voire biotope. Et oui, cela veut dire qu’aucune recette est uniformisable, mais pour autant elle se trouve là sous nos yeux. Reproduire un environnement aux niches écologiques (des vrais hein, pas des hôtels à insectes) diversifiées et présentes dans votre milieu naturel est une des clés. Tout comme l’utilisation du sauvage.
    Nous pratiquons un modèle agricole et de jardin semi-sauvage depuis plusieurs années et commençons ces dernieres années à en tirer de grands profits en terme d’attraction de biodiversité, de quasi disparition d’attaque de ravageurs (y compris limaces), et de récoltes abondantes et très diversifiées…C’est possible ! Néanmoins certaines croyances issues d’habitudes et de méconnaissance de la biologie et de l’écologie seront à déconstruire entièrement…
    Fukuoka est plus qu’un agriculteur naturel ou sauvage, c’est aussi un humain qui revient vers un état plus sauvage, donc plus libre, qui se “renature”…
    Il serait grand temps de renaturer nos potagers et nos têtes pour notre bien à tous, un grand merci à Loic pour la diffusion de ce texte ! Bien à vous !

  2. Je pense que même en respectant les principes de l’agriculture sauvage, on doit de temps en temps réguler certaines populations, et tout particulièrement celles de limaces lorsque qu’on utilise des paillages ou du BRF en couverture.
    Ma technique : une tournée à la nuit noire après un bon arrosage en soirée ou après une pluie. Une bonne torche et une paire de ciseaux pour cisailler les limaces.
    Ca à l’air cruel, mais la mort me semble instantanée.
    Une sortie normale, c’est une moyenne d’une limace par carré.
    Dans l’idéal, il faudrait de temps en temps faire une sortie le matin car certaines sont des lève-tard : j’avoue qu’à cette heure là je préfère mon lit.
    Dernière chose : il faut périodiquement enlever les touffes d’herbes qui poussent à l’extérieur contre le bois des carrés car c’est là que se logent les grosses mè-mères.

  3. Ce genre d’article me fait plaisir car c’est dans cette voie que j’essaie de me diriger. Je me demande quand même comment un sol cultivé comme peut l’être un potager peut rester productif sans rien y faire ou presque. C’est juste le fait de laisser en permanence une couche de déchets végétaux? En tout cas, j’aime ce genre de démarche.

    1. Bonjour Damien

      Le potager reste productif parce que l’on veille a proteger la terre en la couvrant. Et laisser en permanence des déchets de végetaux nourrit bien plus le sol, que d’apporter une fois par an du fumier, par exemple.

  4. Pour les limaces, il suffit de prendre un seau et de les ramasser régulièrement, tout les matins et après chaque pluie. Avec un peu d’obstination, c’est très efficace. Je n’ai ni poule ni canard.
    Sinon, quoiqu’il arrive, toujours préférer perdre une récolte que d’empoisonner la terre me semble préférable à long terme. Et bien sûr, observer la nature, rechercher des infos et tenter de comprendre et découvrir les méthodes de lutte les plus douces contre les parasites. Les fermentations de plantes que je découvre depuis un ou deux ans semblent plutôt efficaces, même contre les rats taupiers qui se régalent de tout ce qui pousse dans mon jardin.

  5. Bonjour Loïc,
    ton article m’interpelle fortement, merci d’ouvrir ce champs de réflexion.
    Comme Fab, il me semble que cultiver des légumes implique forcément que nous créons un déséquilibre dans l’écosystème dans lequel nous nous insérons. Et par conséquent, que nous devons atténuer, rattraper ce déséquilibre. Alors, j’ai un peu honte de le dire, mais ne pas agir me paraît une idée surréaliste, ou tout le moins extrême.
    J’essaie déjà de limiter mes interventions, mais je vais me procurer le livre que tu nous présentes pour améliorer mes actions l’année prochaine.
    Concernant les limaces, ma grand-mère avait une solution radicale : elle lâchait ses poules tous les soirs pendant un heure dans le potager. Elle n’a jamais eu à répandre de poison.
    Encore merci de bousculer les idées reçues.

    1. Bonjour zaza

      Avant de pouvoir laisser son potager livré a lui même, il faut l’aider à reprendre le chemin du naturel. Fukuoka est très claire la dessus, il qualifie même d’inconscience le faite livrer son jardin a la nature du jour au lendemain. Il nous conseille de l’accompagner petit à petit pour retrouver son équilibre.

  6. J’essaye de réfléchir aussi, et je me rends compte que j’ai tout à apprendre. Cependant certains “voisins” qui ont des résultats exceptionnel, utilisent des techniques éprouvées sans utiliser de produits chimiques. Et pour revenir à tes 4 principes, je dirais que cela est valable dans une certaine mesure, tout dépend de ce que l’on veut obtenir comme résultat.
    Pour moi :
    Ne pas désherber mets nos plantules en concurrence avec d’autres plantes et du coup elles ne se développent pas le mieux possible.
    Si l’on désherbe un minimum au vu de la remarque ci-dessus, il faut également décompacter le sol (je ne parle pas de labour).
    Le sol de part les prélèvement que l’on opère dessus (les récoltes), ne peut se fertiliser seul. Il devient donc nécessaire de l’amender ou de lui laisser du temps de repos (et dans ce cas on est loin de 1 an sur 3 ou 4).
    Pour en revenir à tes problèmes de gastéropodes, c’est complexe est il y avait probablement un déséquilibre. Quand cela m’arrive, je part du principe que l’on peut perdre une partie de sa récolte. J’utilise bien quelques granulés de ferramol, je souhaiterais m’en passer, mais il faudrait du temps.

    1. Bonjour Fab

      Les principes énoncés dans l’article sont le fruit de 30 ans d’observation d’un paysan japonais. Il s’applique parfaitement a sa situation géographique et à ses cultures. En aucun cas ce sont des principes absolues, Fukuoka nous met bien en garde la dessus.

      Le message que je voulais faire passer avant tout c’est “Observer avant d’agir” Les réponses sont dans la nature.

      Je crois qu’il y a beaucoup a apprendre des méthodes de ce japonais.

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