L’huile de neem, un insecticide naturel controversé

Huile de neem

1. L’huile de neem : origine et caractéristiques

Origine et extraction

L’huile de neem est extraite du margousier (Azadirachta indica), un arbre originaire du sous-continent indien et de certaines régions d’Afrique. Réputé pour sa robustesse et sa capacité à prospérer dans des conditions arides, le margousier est utilisé depuis des siècles en médecine ayurvédique, en agriculture et même dans la fabrication de cosmétiques naturels.

Cet arbre à feuilles persistantes peut atteindre 20 mètres de hauteur et vivre plus de 200 ans. Il est considéré comme sacré en Inde, où il est souvent planté près des habitations pour ses nombreuses vertus médicinales et sa capacité à repousser certains insectes nuisibles.

Fruit du margousier pour huile de neem

L’huile de neem est obtenue à partir des graines contenues dans les fruits du margousier, qui ressemblent à des petites olives. Son extraction peut se faire par plusieurs méthodes :

  • Pression à froid : C’est la méthode la plus naturelle et la plus efficace pour préserver les composés actifs de l’huile. Elle consiste à écraser les graines sans utiliser de solvants chimiques. L’huile obtenue est de couleur jaune à brunâtre et possède une forte odeur caractéristique, souvent décrite comme rappelant l’ail ou le soufre.
  • Extraction par solvant : Cette méthode industrielle permet d’obtenir une plus grande quantité d’huile en utilisant des solvants comme l’hexane. Cependant, elle peut altérer certains des principes actifs de l’huile et introduire des résidus chimiques.
  • Macération : Certaines préparations artisanales impliquent la macération des graines dans de l’eau ou dans une huile végétale pour en extraire progressivement les composés actifs. Ce procédé est moins efficace que la pression à froid mais peut être utilisé dans un cadre domestique.

Une fois extraite, l’huile de neem est souvent filtrée pour éliminer les impuretés, puis conditionnée sous forme liquide ou incorporée dans des formulations spécifiques pour l’agriculture, les soins de la peau ou la protection contre les insectes.

Composition chimique et principe actif

L’huile de neem est un véritable concentré de molécules aux propriétés variées. Son efficacité en tant qu’insecticide naturel repose principalement sur un composé spécifique : l’azadirachtine. Cependant, elle contient également d’autres substances actives qui renforcent son action et lui confèrent des propriétés complémentaires.

1. L’azadirachtine : l’arme principale contre les insectes

L’azadirachtine est le principe actif le plus puissant de l’huile de neem. Elle agit principalement en perturbant le cycle de vie des insectes, notamment en :

  • Bloquant la mue : Les larves d’insectes traitées avec de l’azadirachtine ne peuvent pas se transformer en adultes, ce qui réduit progressivement les populations.
  • Agissant comme un anti-appétant : De nombreux ravageurs cessent de se nourrir lorsqu’ils sont exposés à l’huile de neem, ce qui affaiblit leurs populations sans avoir recours à des produits toxiques.
  • Troublant le système hormonal des insectes : L’azadirachtine interfère avec les hormones de croissance des insectes, les rendant incapables de se reproduire efficacement.

2. Autres composés actifs et leurs effets

L’huile de neem contient une trentaine d’autres composés bioactifs, dont certains jouent un rôle complémentaire :

  • Nimbine et nimbidine : Connus pour leurs propriétés antifongiques et antibactériennes, ces composés permettent à l’huile de neem d’agir contre certaines maladies cryptogamiques du potager, comme l’oïdium ou le mildiou.
  • Salannine et méliantriol : Ces molécules contribuent à l’effet répulsif de l’huile de neem sur de nombreux insectes, notamment les pucerons, les acariens et les aleurodes.
  • Limonénoïdes et flavonoïdes : Présents en faible quantité, ils participent à l’action antifongique et renforcent l’effet protecteur de l’huile contre certaines bactéries pathogènes.
  • Acides gras essentiels (acide oléique, acide linoléique, acide palmitique) : Ces composants nourrissent les plantes et améliorent la structure des sols lorsqu’ils sont appliqués en faible concentration.

L’huile de neem se distingue ainsi par sa richesse en molécules actives aux effets variés, ce qui explique son large spectre d’action au potager. Toutefois, son effet puissant sur les insectes peut aussi affecter les espèces bénéfiques, ce qui nécessite une utilisation raisonnée.


2. Propriétés et modes d’action

Action insecticide : effet sur le cycle de vie des insectes

L’huile de neem est surtout connue pour son effet insecticide naturel, qui repose sur son principe actif principal : l’azadirachtine. Contrairement aux insecticides chimiques qui tuent instantanément, l’huile de neem agit de manière plus subtile en perturbant le développement des insectes nuisibles. Son action se manifeste principalement par deux mécanismes :

1. Blocage de la mue et inhibition du développement

L’azadirachtine interfère avec la production des hormones responsables de la croissance des insectes. Elle empêche ainsi les larves de muer correctement, ce qui les condamne à rester à un stade immature et à mourir avant d’atteindre l’âge adulte. Ce mode d’action est particulièrement efficace contre des ravageurs comme :

  • Les pucerons
  • Les doryphores
  • Les aleurodes
  • Les chenilles défoliatrices

En bloquant leur cycle de vie, l’huile de neem réduit progressivement les populations de ces insectes sans nécessiter de traitements répétés avec des produits plus agressifs.

2. Effet anti-appétant et troubles digestifs

Une autre particularité de l’huile de neem est son effet coupe-faim :

  • Après pulvérisation sur les plantes, les insectes reconnaissent l’azadirachtine comme une substance toxique et cessent de s’alimenter.
  • Ceux qui ingèrent l’huile de neem subissent des troubles digestifs qui ralentissent leur métabolisme et diminuent leur capacité à se nourrir et à se reproduire.

Cet effet est particulièrement utile contre les insectes défoliateurs et les suceurs de sève comme les cochenilles et les thrips.

Propriétés fongicides et antibactériennes

L’huile de neem ne se limite pas à son action insecticide : elle possède aussi des propriétés antifongiques et antibactériennes qui en font un allié précieux au potager.

1. Lutte contre les maladies fongiques

L’azadirachtine, combinée aux autres composés de l’huile (nimbine, salannine), perturbe la croissance des champignons responsables de maladies comme :

  • L’oïdium (taches blanches sur les feuilles)
  • Le mildiou (décoloration et flétrissement des feuilles)
  • La rouille (petites taches brunes sur les cultures)

En application préventive, l’huile de neem crée une barrière protectrice qui empêche les spores des champignons de germer sur les feuilles et les tiges des plantes.

2. Action antibactérienne et protection des cultures

Certaines bactéries pathogènes affectant les cultures peuvent être ralenties par l’huile de neem, notamment celles responsables de la gale bactérienne et du flétrissement bactérien. En renforçant la résistance des plantes aux attaques microbiennes, elle limite la propagation des infections dans le jardin.

Effet fertilisant et stimulateur de croissance

Au-delà de son action contre les ravageurs et les maladies, l’huile de neem contient des acides gras et des microéléments qui favorisent la croissance des plantes :

  • Amélioration de la structure du sol : Lorsqu’elle est utilisée en arrosage, l’huile enrichit le sol en matière organique et favorise le développement des micro-organismes bénéfiques.
  • Stimulation de la photosynthèse : Les plantes traitées avec du neem ont souvent un feuillage plus vert et plus vigoureux, probablement grâce à l’action combinée des micronutriments et de la protection contre les stress biotiques (insectes, champignons).
  • Effet sur le système racinaire : L’huile favorise l’émission de nouvelles racines, améliorant ainsi l’absorption des nutriments.

Impact potentiel sur la biodiversité et les insectes auxiliaires

Si l’huile de neem est souvent présentée comme une alternative respectueuse aux pesticides chimiques, elle n’est pas totalement sélective et peut affecter certaines espèces bénéfiques.

1. Risques pour les insectes pollinisateurs et auxiliaires

  • Effet sur les abeilles : Bien que les abeilles adultes soient peu sensibles à l’azadirachtine, les larves exposées à la substance peuvent subir des perturbations dans leur développement. Il est donc recommandé d’éviter de traiter les plantes en période de floraison pour limiter l’impact sur les pollinisateurs.
  • Effet sur les coccinelles et les chrysopes : Ces prédateurs naturels des pucerons peuvent être affectés si l’huile de neem est pulvérisée directement sur eux, notamment en bloquant leur mue et leur développement.
  • Impact sur les vers de terre et les micro-organismes du sol : Contrairement aux insecticides chimiques, l’huile de neem a un impact faible sur les organismes du sol et ne semble pas perturber les vers de terre ni les bactéries bénéfiques.

2. Réduction temporaire de la biodiversité

L’huile de neem agit sur plus de 400 espèces d’insectes, ce qui signifie qu’elle ne fait pas de distinction entre les nuisibles et certains auxiliaires. Son utilisation fréquente peut donc entraîner un déséquilibre temporaire dans l’écosystème du jardin, en éliminant aussi bien les ravageurs que leurs prédateurs naturels.


En résumé : L’huile de neem est une solution polyvalente et efficace pour protéger le potager contre les insectes et les maladies, tout en stimulant la croissance des plantes. Cependant, son impact sur les insectes auxiliaires impose une utilisation réfléchie et ciblée, en privilégiant les traitements en dehors des périodes de floraison et en évitant une application excessive.


3. Utilisation au potager : mode d’emploi et précautions

Méthodes de préparation et dilution

L’huile de neem étant hydrophobe, elle ne se mélange pas naturellement à l’eau. Pour qu’elle puisse être utilisée efficacement au potager, il faut la diluer avec de l’eau et ajouter un agent émulsifiant comme du savon noir ou du savon de Marseille liquide.

Recette de base pour une pulvérisation insecticide et fongicide

Voici une méthode simple et efficace pour préparer un traitement à base d’huile de neem :

  1. Ingrédients :
    • 1 litre d’eau tiède
    • 5 à 10 ml d’huile de neem pure et pressée à froid
    • 3 à 5 ml de savon noir liquide (ou savon de Marseille)
  2. Préparation :
    • Mélanger l’huile de neem et le savon noir dans un récipient.
    • Ajouter progressivement l’eau tiède en mélangeant bien pour obtenir une solution homogène.
    • Verser la préparation dans un pulvérisateur et utiliser immédiatement.

Préparation pour une application en arrosage

L’huile de neem peut également être utilisée en arrosage du sol pour lutter contre les nématodes et renforcer la résistance des plantes aux maladies. Dans ce cas :

  • Diluer 10 ml d’huile de neem dans 1 litre d’eau, toujours avec du savon noir.
  • Arroser le pied des plantes une fois toutes les deux semaines.

Modalités d’application (préventive et curative)

L’huile de neem peut être appliquée de manière préventive ou curative, selon les besoins du potager.

1. Utilisation préventive

L’application régulière d’huile de neem aide à éviter l’installation des ravageurs et maladies :

  • Pulvériser une fois toutes les 2 à 3 semaines sur les jeunes plants et les cultures sensibles (tomates, courgettes, choux).
  • Appliquer en fin de journée pour éviter une évaporation rapide et limiter l’impact sur les pollinisateurs.
  • Cibler surtout les feuilles (dessus et dessous) et les tiges.

2. Utilisation curative

En cas d’infestation avérée, il faut adapter l’application :

  • Pulvériser tous les 3 à 5 jours jusqu’à disparition des ravageurs ou des signes de maladie.
  • Bien insister sur les zones touchées, notamment le dessous des feuilles où se cachent souvent les pucerons et acariens.
  • Pour les infections fongiques, appliquer après une pluie pour éviter que l’humidité favorise leur développement.

Fréquence et moments optimaux de traitement

L’efficacité de l’huile de neem dépend du moment et de la fréquence d’application. Voici quelques règles à respecter :

  • Éviter les heures ensoleillées : Appliquer en fin d’après-midi ou le soir pour éviter que les feuilles brûlent sous l’effet combiné du soleil et de l’huile.
  • Respecter un délai avant récolte : Attendre au moins 7 jours après l’application avant de consommer les légumes traités.
  • Ne pas surdoser : Une trop grande concentration peut ralentir la croissance des plantes et perturber la faune auxiliaire.

En pratique :

SituationFréquence d’application
Préventif1 fois toutes les 2-3 semaines
Infestation d’insectesTous les 3 à 5 jours jusqu’à disparition
Maladie fongiqueTous les 7 jours après une pluie
Traitement du sol1 à 2 fois par mois

Précautions pour limiter les impacts négatifs (pollinisateurs, biodiversité)

Bien que naturelle, l’huile de neem peut affecter certains insectes auxiliaires et doit être utilisée avec précaution.

1. Protection des pollinisateurs

  • Ne jamais pulvériser directement sur les fleurs où butinent les abeilles et autres pollinisateurs.
  • Privilégier les applications en soirée lorsque les insectes ne sont plus actifs.
  • Ne pas traiter en pleine floraison, sauf en arrosage au sol si nécessaire.

2. Préserver les auxiliaires du jardin

  • Éviter de traiter les coccinelles et les chrysopes qui se nourrissent de pucerons.
  • Appliquer uniquement sur les zones infestées pour éviter une dispersion inutile.
  • Favoriser l’alternance avec d’autres méthodes comme le paillage et l’association de plantes répulsives.

3. Éviter l’accumulation dans le sol

  • Bien respecter les dosages pour éviter une accumulation excessive dans le sol qui pourrait perturber la microfaune.
  • Ne pas appliquer en période de forte pluie pour éviter un lessivage rapide et un gaspillage du produit.

En résumé : L’huile de neem est un outil efficace pour protéger le potager contre les insectes et les maladies, mais son utilisation doit rester raisonnée. En appliquant les bonnes pratiques, on peut maximiser son efficacité tout en minimisant son impact sur la biodiversité du jardin.

4. Réglementation et accessibilité en France

Interdiction en tant qu’insecticide : contexte réglementaire

En France, l’huile de neem n’est pas autorisée comme insecticide dans le cadre d’un usage agricole ou horticole. Cette interdiction repose sur la réglementation des produits phytosanitaires, qui impose une homologation stricte pour toute substance utilisée contre les ravageurs des cultures.

Pourquoi cette interdiction ?

  • L’azadirachtine, le principal composé actif de l’huile de neem, est considéré comme une substance biocide nécessitant une autorisation spécifique.
  • L’absence d’études suffisantes sur les effets à long terme sur la santé humaine et l’environnement a conduit les autorités européennes à refuser son homologation en tant qu’insecticide.
  • La France applique le principe de précaution, ce qui signifie que tout produit n’ayant pas reçu d’évaluation complète ne peut être commercialisé comme pesticide.

Ce que cela signifie concrètement

  • Les magasins de jardinage ne peuvent pas vendre d’huile de neem étiquetée comme insecticide.
  • Il est illégal de recommander son utilisation contre les insectes ravageurs dans un cadre commercial ou professionnel.
  • Les jardiniers amateurs peuvent en acheter, mais uniquement pour des usages cosmétiques, médicaux ou horticoles non liés à la lutte contre les nuisibles.

Usage autorisé et alternatives disponibles

Malgré l’interdiction en tant qu’insecticide, l’huile de neem reste en vente pour d’autres usages :

  • Cosmétique : huile pour la peau, le cuir chevelu, les soins anti-acné et anti-poux.
  • Usage horticole : amendement du sol ou fortifiant pour les plantes.
  • Médecine traditionnelle : traitement naturel contre certaines infections cutanées.

Alternatives légales pour lutter contre les ravageurs au potager

Si l’huile de neem ne peut pas être utilisée officiellement comme insecticide, plusieurs alternatives naturelles restent autorisées :

  1. Savon noir : efficace contre les pucerons, les aleurodes et les acariens.
  2. Macérations de plantes :
    • Purin d’ortie : fortifiant et répulsif naturel.
    • Purin de fougère : action insecticide contre les pucerons et les limaces.
    • Macération d’ail : effet antifongique et répulsif contre certains insectes.
  3. Terre de diatomée : insecticide naturel qui agit par dessiccation contre les insectes à carapace.
  4. Associations de plantes : planter des fleurs comme la capucine ou la tagète pour éloigner certains nuisibles.

Où se procurer l’huile de neem et à quel prix ?

Où l’acheter ?

L’huile de neem n’est pas vendue en jardinerie comme insecticide, mais on peut en trouver dans :

huile de neem
  • Les magasins bio et les pharmacies : vendue comme huile cosmétique ou pour les soins de la peau.
  • Les boutiques en ligne spécialisées : sur des sites de produits naturels et biologiques.
  • Les magasins d’agriculture bio : pour un usage comme amendement du sol ou soin des plantes.
  • Internet : Visiter le site

Quel prix ?

Le prix de l’huile de neem varie en fonction de sa qualité et de son mode d’extraction.

Type d’huile de neemContenancePrix moyen
Huile de neem brute (cosmétique)100 ml8 à 15 €
Huile de neem bio et pressée à froid250 ml15 à 25 €
Huile de neem en gros (agriculture)1 L30 à 50 €

À noter : privilégier une huile pressée à froid et non raffinée pour garantir une meilleure efficacité.


En résumé : Bien que l’huile de neem soit interdite comme insecticide en France, elle reste accessible pour d’autres usages. Il est donc possible de s’en procurer légalement, mais en respectant un cadre strict. Pour un usage au potager, mieux vaut se tourner vers d’autres solutions naturelles qui restent autorisées et tout aussi efficaces.


5. Débat sur l’utilisation au potager naturel

Comparaison avec d’autres méthodes de lutte biologique

L’huile de neem est souvent comparée à d’autres méthodes naturelles de lutte contre les ravageurs, mais est-elle vraiment la meilleure solution dans un potager naturel ?

1. Le neem vs les auxiliaires du jardin

  • L’huile de neem agit comme un insecticide naturel en perturbant le cycle de vie des insectes, ce qui inclut aussi bien les nuisibles que les auxiliaires.
  • À l’inverse, les auxiliaires du jardin (coccinelles, chrysopes, carabes, syrphes) permettent un contrôle biologique ciblé et durable sans nuire à l’écosystème.

2. Le neem vs les extraits de plantes

  • Les macérations d’ail, de tanaisie ou de pyrèthre ont également un effet insecticide, mais leur mode d’action est souvent plus sélectif et moins persistant.
  • Contrairement au neem, ces extraits sont autorisés en France et leur impact sur l’environnement est mieux étudié.

3. Le neem vs les barrières physiques

  • Installer des filets anti-insectes, du paillage ou des cultures associées permet de réduire naturellement la pression des ravageurs sans intervention chimique ou biologique.
  • Cette approche préventive favorise une meilleure résilience du potager sur le long terme.

Risques d’appauvrissement de la biodiversité

L’un des principaux reproches faits à l’huile de neem est qu’elle ne cible pas uniquement les nuisibles, mais affecte aussi les insectes bénéfiques.

Effets potentiels sur la biodiversité :

  • Impact sur les pollinisateurs : bien que l’huile de neem soit moins nocive que les pesticides de synthèse, elle peut tout de même perturber les abeilles et bourdons si elle est pulvérisée sur des fleurs en pleine floraison.
  • Effet sur les insectes auxiliaires : les larves de coccinelles ou de syrphes, qui se nourrissent de pucerons, peuvent être touchées, ce qui réduit l’efficacité du contrôle biologique naturel.
  • Risque de déséquilibre à long terme : en éliminant trop efficacement certains insectes, on peut favoriser la prolifération d’autres ravageurs moins sensibles à l’azadirachtine.

Approche alternative : faire confiance aux mécanismes naturels

Certains pionniers de l’agriculture naturelle ont démontré qu’un potager pouvait s’autogérer avec moins d’intervention humaine.

Sepp Holzer : imiter la nature sauvage

  • Cet agriculteur autrichien pratique une forme d’agriculture en permaculture où la biodiversité est au cœur du système.
  • Son approche repose sur des associations de plantes, des microclimats et l’introduction d’animaux auxiliaires pour équilibrer naturellement les écosystèmes.

Emilia Hazelip : la permaculture synonyme d’autonomie

  • Inspirée par les travaux de Fukuoka, elle a développé le concept de l’agriculture synergique où le sol est jamais travaillé et où les plantes s’autorégulent.
  • En intégrant des plantes répulsives et en favorisant un sol vivant, elle limite les attaques de ravageurs sans avoir recours à des traitements.

Masanobu Fukuoka : ne rien faire et observer

  • Selon lui, le sol et les cultures s’adaptent d’eux-mêmes aux perturbations si on leur laisse le temps.
  • Au lieu d’éliminer les nuisibles, il encourage un équilibre global où les ravageurs cohabitent avec leurs prédateurs naturels.

Encourager les équilibres naturels plutôt que la lutte chimique ou biologique

L’approche conventionnelle du jardinage repose sur une vision de combat contre les nuisibles (qu’ils soient éliminés par des pesticides chimiques ou biologiques comme le neem). Or, un potager plus résilient peut être obtenu en favorisant les équilibres naturels.

Quelques principes pour un potager sans traitement :

  1. Favoriser les haies et plantes sauvages pour attirer les prédateurs naturels.
  2. Multiplier les associations de cultures pour brouiller les pistes des ravageurs.
  3. Utiliser des engrais verts et du paillage pour renforcer la fertilité et la résistance des plantes.
  4. Observer et accepter une certaine tolérance aux ravageurs, car leur présence est normale dans un écosystème équilibré.

Conclusion

L’huile de neem peut être efficace dans un potager naturel, mais son impact sur la biodiversité et les auxiliaires invite à la prudence. Plutôt que d’utiliser un insecticide naturel, même autorisé, il est souvent plus judicieux de travailler avec la nature et de laisser le temps aux équilibres écologiques de s’installer.

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Réponses

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  1. J’utilise cette année et pour la première fois l’huile de neem sans grand résultat pour traiter les fruits et je donne humblement mon avis. J’applique les mêmes méthodes que j’utilisai avec des pèsticides chimiques.
    Traiter exclusivement ce qui porte fruit
    Pas de pulvérisation sur les plantes avec fleurs (tomates courges…)
    Espacer au max par temps sec
    Entretenir les auxiliaires en apprenant à les connaitre et reconnaitres (larves de coccinelles, chrysopes et autre hérissons.
    Pour le reste, pas de traitement, pas de fruit, j’ai éssayé

  2. Avez vous lu les dégâts que cette huile font sur les abeilles par exemple ? Alors attention à son usage !! Si c’est interdit en France ce n’est pas QUE pour le fric mais aussi pour sauver des espèces qui sont menacées de disparition …. il vaut mieux l’utiliser comme engrais que le pulvériser sur votre plante à fleur là ou butinent vos abeilles … merci pour ces dernières …

  3. Bonjour,
    Je desespere, comment se débarrasser des punaises vertes sur les tomates ?
    Elles piquent les fruits qui noircissent.
    Quel traitement utiliser, ormi le ramassage des insectes a la main, qui reviennent constamment.
    Comme vous déconseillé l,’utilisation de l’huile de neem , auriez vous une solution?
    Merci. Cordialement.

  4. Bonjour

    Bonjour ! Tu as oublie de dire quelque chose de tres important sur l huile de neem ! En fait cest un produit systemique comme les ” plus performants ” produits chimique ! Ce qui signifie pour les neoagronomes que le produit est transporté par la seve et donc que l action remanante du produit ne tue que les insectes dit ” piqueur suceur….” bref les ravageurs et donc ne concerne pas nos auxilliaire comme coccinelle, punaise, chrysope, abeilles …

    1. Je l’utilise pour les piqueurs suceurs dont font partie les punaises qui ont envahi cette année mon jardin, plein de biodiversité pourtant et sans traitement. Fleurs mellifères, compost, engrais verts etc…Je cherche où est le déséquilibre, il y en a forcément un!!

    2. L’ azadirachtine a très peu d’effets insecticides mais un petit effet paralysant ( inhibiteurs de la cholinestérase) sans mortalité; mais un insecte qui a des problèmes même momentanés, est à la merci des prédateurs. Les études vétérinaires effectuées au Ghana, en Australie, comme chez moi, semblent conclure que le traitement avec les extraits de feuilles ou de graines de neem affecte la productivité des insectes et a un effet phagorépulsif, même chez les oiseaux.

  5. Bonjour Loïc,
    Je suis régulièrement ton blog et tes conseils qui me sont très précieux.
    Comme la plupart d’entre nous, je pense que pour un potager naturel, le mieux est de laisser faire la nature (nature…naturel). N’oublions pas que les intrus, dans la nature, ce sont nous les humains, car nous perturbons souvent l’équilibre naturel de la chaîne alimentaire. Il faut se résigner à accepter un pourcentage de pertes diverses dans nos potagers car nos fruits et légumes permettent à la faune de se reproduire et de perdurer. Car, à force de vouloir éliminer les “indésirables”, nos enfants ne sauront pas ce qu’est un hérisson, un lézard, une coccinelle, une guêpe, une abeille, un merle, une mésange, un pic-vert etc… Donc, faisons nous tout petits, nous les jardiniers, car nous avons beaucoup à apprendre de la nature et de ses modes de survie. Même les limaces tant rejetées jouent leur rôle quand elles viennent manger les feuilles abîmées de nos salades !
    Encore merci pour tout ce partage d’idées plus judicieuses les unes que les autres!
    Maud de Haute-Savoie

  6. bonsoir
    je suis “tombee” sur votre blog par hasard je cherchais comment faire des carres certains ds mon jardin >en barriere n’ont pas resiste en ce qui concerne l’huile de neem vous en trouverez ds les sites internet de ventes de produits cosmetiques home made j’ai telecharge votre logciel pour mettre en 3D mon potager merci pour certains d evos articles qui me semblent tout à fait documente bonne soiree

  7. Oui en effet, très bonne conclusion !
    De plus, faire venir des produits d’Inde pour traiter nos potagers n’est pas une démarche très écologique… tout comme consommer des kiwis bio de Nouvelle-Zélande ! Pensons local !

  8. En novembre, nous avons eu, en Périgord, une conférence par Daniel Chollet, pommiculteur en région parisienne qui ne traite plus ses pommiers depuis de très nombreuses années. Aucun traitement, même bio.Pour avoir des pommiers et des pommes sains, il a favorisé ceci :
    -du BRF qui favorise la vie des animaux souterrains : vers de terre, carabes, champignons, crustacés, etc…
    -des abris pour insectes, crapauds, hérissons, oiseaux
    -il a planté 200 plantes différentes qui ont des floraisons toute l’année (fleurs simples)pour le pollen qui va nourrir les insectes, par exemple, le mahonia qui fleurit l’hiver et dont le pollen est une réserve pour la reine-bourdon..
    Au bout de qq années de biodiversité, il y a eu un équilibre entre les ravageurs et les prédateurs qui lui évite de traiter

  9. Bonjour Loic,
    Merci pour cette découverte mais j’ai apprécié ta conclusion.. et c’est ce que je me disais tout au long de ton exposé:)

    Encourageons, encourageons:))

    1. Bonjour Sylviane

      Oui, je pense que finalement, en tant que jardiniers amateurs, nous pouvons nous passer de tous produits. C’est bien plus motivant je trouve de chercher l’équilibre. 🙂

Jardiner debout