Jus de mégots, bouillie nantaise, eau de cuisson… les trucs de grand-mère, faits maison sont-ils bio ?
Oyez chers jardiniers au naturel : plus besoin d’horribles produits chimiques !
Non seulement on le lit dans les forums sur le net, mais on l’affirme dans des médias très populaires, à la radio comme dans les journaux. Une vraie caution, non ?
Ainsi contre les atroces pucerons, pulvérisez votre jus de nicotine maison (une macération de mégots, pas ragoutante mais, bon, c’est du recyclage et le recyclage c’est bio, c’est bon). Contre les mauvaises herbes, ébouillantez avec de l’eau de cuisson (de pommes de terre de préférence) ou saupoudrez le sol de gros sel : les liserons vont en baver ! Et connaissez-vous la bouillie nantaise, ce produit formidable qui, d’après un magazine de jardinage hebdo, lutte contre tout ce qui affecte les arbres fruitiers ? Elle n’est pas commercialisée mais inutile de se demander pourquoi : on vous donne la recette. En vous précisant tout de même qu’il vous faut un récipient résistant à la chaleur, un masque de protection et des gants vu que vous allez devoir éteindre une dizaine de kilogrammes de chaux vive…
La lecture de la recette de la bouillie nantaise, la semaine dernière, a été pour moi la goutte d’eau… Dans la lignée du dernier article de Loïc, j’avais envie de vous présenter mon propre poil à gratter. Le jardinier d’aujourd’hui est bio, bien sûr. Plus question d’acheter des produits chimiques, d’engraisser Monsanto et autres firmes phytosanitaires. Mais les remèdes de grand mères, ces préparations maisons sont-ils bio pour autant ?
Papi et mamie ne jardinaient pas bio !
De tout temps l’homme a élaboré des produits pour lutter contre les ravageurs et maladies qui affectaient ses cultures. Avant l’industrie de la chimie de synthèse, il élaborait des pesticides à base de tabac, de pyrèthre, de soufre, de cuivre… Des produits naturels donc mais contenant des molécules actives redoutables. Tant que nombre de paysans et de jardiniers s’intoxiquaient eux-mêmes en les préparant ou en les appliquant. Il faut dire que l’utilisation de ces produits était bien souvent empirique, leurs mécanismes d’action n’étant pas connus. On n’en savait d’ailleurs pas plus sur les maladies et ravageurs (dont on pensait souvent qu’ils apparaissaient spontanément) : on observait qu’ils succombaient et c’est tout ce qui comptait.
Mais je vous parle d’un temps que les moins de 150 ans ne peuvent pas connaître. Depuis, après de nombreux abus et aberrations (DDT, agent orange…) non seulement on connaît exactement les cycles de vie des quelques ravageurs et maladies enquiquinant les jardiniers mais aussi le mode d’action des produits phytosanitaires qui leur sont vendus (pour ceux autorisés à la vente, de moins en moins nombreux). Des informations essentielles, précisées sur l’emballage : contre qui lutter, quand, comment, à quelle dose, en respectant certaines précautions…
Les plus anciens des jardiniers d’aujourd’hui ont connu cette évolution, l’utilisation de pesticides issus de la chimie de synthèse. Leur motivation était d’avoir un jardin propre : pas une seule mauvaise herbe ne devait pointer entre les légumes, aucune petite tache ne devait apparaître sur les feuilles, les pucerons étaient boutés hors des massifs. Au moindre problème constaté, le pulvérisateur était sorti et le produit phyto brandi. Mais au moins la plupart du temps celui-ci était adéquat : pas forcément bien appliqué (notamment surdosé) mais adapté au problème visé.
Faire pire que le pire des jardiniers conventionnels
Lorsque l’on fait une recette de pesticide maison, on suit des recommandations à la lettre. On ne connaît pas le mécanisme d’action de la mixture que l’on prépare (agit-elle sur les larves ou les adultes ? En prévention d’un champignon ou est-elle curative), on ne maîtrise absolument pas la concentration en molécules actives, on n’a bien souvent aucune idée de quand le produit s’applique, de s’il va laisser des résidus sur les fruits et légumes, de son impact sur l’environnement. Sans connaissances de ce que nous préparons, nous n’avons aucun contrôle, aucune maîtrise et aucune conscience du traitement que nous appliquons. Ben si c’est pas de l’empirisme et de l’obscurantisme ça !
Jardiner bio c’est apprendre la tolérance
L’agriculture d’aujourd’hui est « raisonnée ». Essentiellement pour des raisons économiques (les produits phyto sont une lourde charge), les agriculteurs ne traitent que lorsque le « seuil de tolérance » d’un ravageur ou d’une maladie est atteint. C’est-à-dire lorsque leur présence est suffisamment importante pour entraîner des pertes de récoltes. En deçà… il ne perdent ni argent ni temps à pulvériser des pesticides.
Au minimum, le jardinier devrait donc « raisonner », appliquer son seuil de tolérance : ok mes choux sont envahis de pucerons, est-ce que ceux-ci vont dépérir (la réponse est NON ! Une semaine après les bestioles ont dégagé… à condition que les savons noirs et autres produits n’aient pas décapés les auxiliaires). Je récolte les courges dans un mois, est-ce que l’oïdium sur les feuilles est un problème ?
Je ne dis pas qu’il ne faut pas parfois appliquer du soufre, de la bouillie bordelaise ou du BT mais simplement que jardinier bio c’est accepter la présence de quelques bestioles et mauvaises herbes. C’est ne pas faire comme papi en dégainant le pulvérisateur au moindre problème supposé. Surtout c’est de ne pas faire pire que papi, en préparant des cochonneries que même son père à lui n’utilisait plus depuis belle lurette
à propos du jus de mégot, de nicotine
Le tabac produit un alcaloïde, la nicotine, qui est fortement insecticide. Dès le 18ème siècle la plante est utilisée pour cet usage, notamment pour lutter contre les pucerons. On enregistrait alors de fréquents empoisonnements par les utilisateurs. Pourquoi ? Parce que la nicotine a une fâcheuse facilité à pénétrer par les pores de la peau. Et 40 à 60 mg d’alcaloïde suffisent à tuer un homme. Bref, lorsque l’on prépare une macération de mégots, on concentre la nicotine (ainsi que le chlore et autres cochonneries franchement pas sympas pour la santé et l’environnement) dans le jus obtenu. Ce « purin de tabac » est donc dangereux à manipuler. Et tout cela pour quelques pucerons….
Bonjour,
Mon amie maraichère conspue la bouillie bordelaise. Elle refuse de l’utiliser car cela ferait du tort aussi aux mychorises, et elle s’étonne que ce soit admis en bio. Depuis je regarde mon produit avec circonspection et culpabilité pour l’avoir utilisé précédemment. Seulement, voilà qu’un orage s’annonce après 3 jours de bonne chaleur. Je crains donc pour mes patates (les tomates sont en serre, ouf!). Je suis donc tentée de refaire un traitement préventif avant vendredi. Suis-je un monstre? Cela va-t-il attaquer toute la vie fongique du sol? Vais-je mettre des métaux lourds dans le sol? Et que penser des traitements préventifs à la tanaisie recommandés par Brigitte Lapouge-Déjean? Merci d’avance pour vos lumières.
Bonjour Pascale
Oui la bouillie bordelaise est totalement diabolisée aujourd’hui. En bloc et effectivement sous prétexte qu’elle tue les champignons du sol. Mais là encore c’est un rejet généralisé qui se base sur la méconnaissance de ce produit naturel (ce n’est pas un métal lourd, il y a naturellement du cuivre dans le sol et nombre de micro-organismes le recherche).
Chacun fait ce qu’il veut mais voici trois arguments :
– Le cuivre de la bouillie bordelaise n’est pas “fongicide” dans le sens où il ne tue pas les champignons. Le film de cuivre déposée par la pulvérisation empêche les spores de germer sur les plantes et donc de les pénétrer. Et c’est tout : il n’a aucun effet sur les champignons installés. C’est donc un traitement préventif pas curatif. Il ne détruit pas du tout la vie du sol.
– La pollution au cuivre… c’est une réalité dans les vignobles, les vergers, les champs de légumes qui pendant des décennies entière ont reçus des traitements à la bouillie B en quantité. C’est l’excès de traitement qui a entrainé la pollution pas le produit en lui-même. Et peut-on comparer une à deux pulvérisations (la plupart du temps une suffit) sur les tomates et éventuellement les pommes de terre dans un jardin à la pratique de pulvérisation intensive d’un agriculteur. “Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison” écrivait Paracelse
– Un conseil : si vraiment on a peur de contaminer le sol, il suffit de poser un carton sur le sol, autour du pied de tomates avant de pulvériser.
– les alternatives à la bouillie bordelaise : désolée mais malgrè les livres, les articles, les trucs diffusés sur le réseau ni le bicarbonate, ni les infusions et purins ni les huiles essentielles n’ont jamais montré d’efficacité pour prévenir le mildiou. Et ce n’est pas faute d’essais : des milliers d’expérimentations ont été effectués. Le produit qui pourra remplacer le cuivre sera immédiatement adopté par tous les agriculteurs bio (et autres) et sera illico commercialisé auprès des jardiniers. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
De façon globale : plein de règles et d’interdictions circulent ces dernières années sous couvert de permaculture. On adopte certaines pratiques (généralisation des buttes, des lasagnes, paille à gogo, limitation de l’arrosage) et en rejette d’autres. Comment savoir si ces quasi dogmes sont fondées. Demandez : “pourquoi?”
Deux exemples
– Pourquoi pas de bouillie bordelaise ? Cela tue les champignons du sol. Pourquoi ? (comment agit le cuivre sur les champignons ?) en général pas de réponses. Or Le cuivre fait un film qui empêche les germes de mildiou de pénétrer dans la plante donc non il ne tue pas les champignons qui sont dans le sol. D’autant que dans le sol il est absorbé par des bactéries spécifiques.
– Pourquoi ne pas arroser les plantes ? parce le paillage limite les apports d’eau. Pourquoi ? Parce ce qu’il limite l’évaporation de l’eau du sol. Ok mais conserver un peu de fraîcheur au sol ne justifie pas de ne pas apporter d’eau aux plantes lorsque celles-ci souffrent de la canicule et de la sécheresse, lorsque les réserves en eau du sol sont épuisées par un manque de pluie sur plusieurs mois.
Je crois vraiment qu’à notre époque de réseau social qui délivre recettes et injonctions il faut essayer de comprendre (et apprendre) pour faire le tri dans celles-ci 🙂
Me voilà rassurée. Mille mercis!
Bonjour, j’aimerais savoir si l’urine d’un fumeur, utilisée diluée pour l’arrosage ou bien pure quand quelqu’un urine dans le jardin, est nocive pour le potager ? Merci.
Bonjour
non c’est pas nocif pour le potager, vous pouvez meme arroser vos légumes avec dilué 1 pour 10 volume d’eau
Bonjour ma question est.Aprés avoir préparé une décoction de mégots pour obtenir de la nicotine;a quelle dose faut il l’utiliser pour détruire les insectes exemple le ver de la cerise.PIERRE
Bonjour Pierre,
Avez-vous lu mon article ? J’y dit que la décoction de mégots est extrêmement dangereuse : la nicotine est très toxique et peut vous empoisonner par simple contact de la peau ou en la respirant.
Il n’y a aucune posologie pour ce produit car il n’est pas autorisé à la vente en raison de sa toxicité. Il est même absolument déconseillé .Tout site et article qui en ferait la promo est irresponsable !!!!
Prenons l’exemple du ver de la cerise : vous allez empoisonner vos cerises (parce que même en les lavant bien le produit est tellement toxique que vous n’aurez pas la garantie d’en éliminer les particules) pour rien : le ver est dans le fruit, protégé par celui-ci.
Faites moi plaisir, débarassez-vous de cette horreur
Vos conversations sont plus longues à lire que l’article^^ Bon sinon j’aime beaucoup l’illustration qui s’exprime d’elle même! Merci.
Non, à priori, je ne pense pas que les tomates soient capables de lutter toutes seules.
Les produits de traitement sont préventifs : les principes actifs doivent éviter que les spores du mildiou germent et pénètrent dans la plante (dans la serre, il y a moins d’eau, un abri des pluies ; or les spores ont absolument besoin de goutelettes pour germer. Cela explique que chez toi comme chez d’autres possédant des abris les tomates ne soient pas touchées).
Une fois la barrière franchie et le mycellium dans la plante il n’y a pas de produits pour éviter la maladie… sauf des fongicides systèmiques non autorisés en bio (et qui sont de toute façon pas faciles à trouver pour le jardinier amateur).
Mais je dis quand même “à priori”.
En effet cette année je ne le reconnaît pas ce fameux mildiou !
Je m’explique :
Le scénario classique est une atteinte des feuilles du bas (nécrose) puis des feuilles plus hautes (taches marrons avec halo jaune autour sur la face supérieure, duvet grisé-maronnasse dessous). Très rapidement tous les folioles sont touchés et le feuillage semble grillé. Ensuite on observe les tiges encerclées de noir puis idem sur les pétioles des grappes de fruits. Puis les tomates ont des tâches et brunissent sans mûrir. Et souvent le mildiou est foudroyant : les plants dépérissent très vite.
Ben chez moi cette année… c’est bizarre.
Les feuilles du bas ne sont pas particulièrement touchées mais des taches apparaissent de façon marginale un peu n’importe où sur le pied. Et quelques unes seulement. Le feuillage ne grille pas
Et apparaissent en même temps que sur le feuillage la nécrose des tiges.
Surtout, et là je suis assez époustouflée : le pied de tomate touché n’a pas l’air malade, ne semble aucunement dépérir !Mes tomates malades cette année… sont vigoureuses.
À un point que je me suis même demandé si c’était vraiment du mildiou. C’est bien lui mais il a un drôle de comportement.
Du coup au lieu de condamner les plants et les arracher, j’enlève les fruits et feuilles tachés, je laisse pousser les gourmands… et j’observe ce qui va se passer. Qui sait, peut-être que les tomates développent une protection vis à vis du mildiou.
Dans le chapitre de mon bouquin sur le self-défense végétal, je parle de quelques mécanismes mais on sait très peu de choses sur le phénomène. On n’a pas étudié la capacité d’autoguérison des légumes puisqu’on est depuis toujours dans une logique d’intervention sur les ravageurs et maladies !
waahouuuu Loïc : tu as inventé le vaccin contre le mildiou de la tomate !!!! ❗
Oui ! le lance flamme 🙂
Blague à part, tu crois que les tomates seraient capable de lutter seules contre le mildiou ?
Le mildiou !!! Déjà rien que le mot ça fait peur !!! C’est triste de se rendre compte à quel point on sait aussi peu de chose sur l’ennemi numéro 2 du potager. Je garde le numéro 1 pour la limace ! 🙂
J’ai parfois l’impression que le jardinier lutte contre cette maladie à l’aveugle. On essai un truc et on verra bien. Un jour un jardinier a transpercé le pied de ses tomates, et le mildiou ne s’est pas exprimé ! Conclusion ! Il faut transpercer le pied de ses tomates avec un fil de cuivre.
Moi une année j’ai brulé mes pieds de tomates au lance flamme et le mildiou ne s’est pas exprimé conclusion il faut bruler ses pieds de tomates. 😉
Dans les autres recommandations que je n’ai pas suivies, il est dit qu’il faut ne surtout pas mettre ses pieds de tomates contaminé au compost. Du coup l’année dernière j’ai pris soin de bien récupérer tous mes pieds de tomates malades pour les mettre au compost. J’ai aussi pris soin de bien étaler tous ce compost dans mes carrés et dans ma serre.
Ba vous savez quoi ! Je n’ai pas une trace de mildiou sur mes pieds de tomates dans la serre, et sur les 3 pieds à l’extérieur un seul présente une petite tache noire à la tige. Pourtant il a plu en Normandie !!!
A votre avis est ce que l’on peut tirer la conclusion qu’il faut composter ses pieds de tomates malades pour ne plus avoir de mildiou ?
Lorsque j’étais fumeur, (j’ai arrêté depuis 2 ans) je conservais mes mégots pour une amie qui traitait ses rosiers avec une mixture qu’elle faisait avec. Cela me faisait penser à ce que me racontait ma mère sur la lutte du phylloxéra qui ravageait les vignes de mon grand père Jules. (Je suis champenois) Il injectait au pied de la vigne avec un outil qui ressemblait à une grande seringue, une décoction de tabac. Après chaque traitement mon grand père était malade comme une bête.
Hum, pas facile de diagnostiquer la maladie sans la voir ! Surtout que souvent le chou n’est pas malade… ou du moins les maladies dans le jardin amateur sont rares et donc peu décrites/
Dans votre premier mail j’avais écarté d’emblée l’oïdium parce que dans mon livre source (guide pratique de défense des cultures: reconnaissance des ennemis ) on ne le site pas comme atteignant les choux. Rien trouvé ailleurs non plus. En fait j’hésite entre deux maladies causées par un champignon (mais je pencherais plus pour le mildiou). J’ai mis des liens vers des photos pour vous aider Christine à essayer de voir ce qui correspondrait mieux. Je vous copie aussi le descriptif de mon livre
“Pustules blanches, lisses à reflet nacré, puis pulvérulentes et souvent disposées en cercles concentriques”
Rouille blanche
http://www.bejo.fr/fr/produits/qualité-et-support/support-technique/descriptif—maladies-choux/rouille-blanche.aspx
“taches jaunâtres avec fructifications grisâtres à la face inférieure”
mildiou
http://www.bejo.fr/fr/produits/qualité-et-support/support-technique/descriptif—maladies-choux/mildiou-peronospora.aspx
Qu’en pensez-vous ?
Re -bonjour,
La pluie nous laissant un peu tranquille, je viens d’aller vérifier.
Les taches sont petites (+/- 0.5 cm) et blanches, les feuilles deviennent jaunes, du moins sur le choux perpétuel et, je pense, avec halo mais ça c’est sans certitude et puis se dessèchent et tombent. Les choux frisés étant pourpres, la couleur est plus difficile à déterminer mais les feuilles ont les mêmes tâches blanches et se dessèchent également avant de tomber. Sur la face inférieure des feuilles, j’ai l’impression d’avoir les mêmes images que sur la face supérieure mais plus atténuées comme si ça “traversait”, du coup je dirais que cela ressemble plus à un duvet qu’à une poudre mais sans être confluent.
J’espère que ça vous évoque quelque chose, c’est toujours un peu difficile de faire un diagnostic à distance et mon expérience en matière de potager étant très limitée, je ne suis pas sûr que la description soit tout à fait exhaustive.
Un grand merci pour votre attention,
Christine.
Bonjour Christine,
Pour savoir comment lutter contre un problème dans le jardin, il faut d’abord le connaître. Et avant tout le reconnaître !
Donc pour savoir la maladie qui affecte vos choux, pouvez-vous me décrire précisément ce que vous observez sur les feuilles : les tâches sont-elles petites et rondes ou forment-elles de larges plages ? Avant de se dessécher (si elles se dessèchent) sont-elles blanches, marrons, jaunes, avec ou sans halo ? Sur la face inférieure des feuilles voyez vous un duvet, une poudre blanche, marron ou grise ?
Bref, à quoi ressemblent vos choux malades ?
J’attend vos réponses pour essayer de déterminer quelle est la maladie. Mais dans tous les cas de figure je peux d’ores et déjà vous dire qu’il ne sera absolument pas nécessaire d’arracher les choux. En plus ces choux vivaces (j’en ai aussi dans mon potager) refont autant de feuilles qu’on en enlève (mais il ne faut pas exagérer bien sur !).
à bientôt Christine
guylaine
Un grand merci pour votre réponse. Je vais y regarder d’un peu plus près (dès que la pluie s’arrête :-)) et je vous réponds
Christine.
Bonjour,
Bon celà fait plusieurs semaines que je parcours ce blog cette fois-ci je me lance, j’ai une petite question 🙂
C’est ma première année de potager et j’essaye de faire le mieux possible, enfin de faire le moins “perturbant” possible, je n’ai mis qu’une seule fois de la bouillie bordolaise (mildiou sur tomate) après avoir hésité pendant 2 semaines et avoir perdu 20% de la récolte futur mais la couleur bleu m’a tellement fait flippé que je n’ose plus, on verra bien. Maintenant il y a un peu de soleil alors peut-être que je récolterai quand même quelque chose.
Par contre, j’ai des choux frissés et des choux perpétuels (Daubenton) et il me semble qu’il y a de l’oïdium, j’en ai sans doute eu aussi sur les courgettes mais pas grave, c’était sur les feuilles, et je ne mange que les fleurs (bcp) et les petites courgettes accrochées aux fleurs. Le choux c’est différent, je consommerai les feuilles avec les taches blanches suspectes hors il me semble avoir lu que celà pouvait les rendre impropre à la consommation.
Alors que faire ???
1)Je coupe les feuilles atteintes
2)J’enlève et je replante à la même place (plus de place ailleurs) et pour le choux perpétuels est-ce que j’essaye de bouturer en espérant partir d’une partie saine ??? Pcq pas de graine forçément 🙂
3)J’enlève et je replante plein de navets et de bettraves et de pourpier à la place (mais bon j’aurais voulu avoir quelques choux quand même…)
Un grand merci pour votre aide
Encore bravo pour tous ce travail que vous partager avec nous
Christine.
Ben vlan : voilà ce qui arrive quand on est trop affirmatif sans avoir consulter TOUTES les sources !! (mon guide ACTA de diagnostic des maladies ne traite pas celles qui sont estimées trop occasionnelles)
Donc gigantesque Mea Culpa : 😳 le mildiou des cucurbitacées (Pseudoperonospora cubensis) existe bel et bien. Il attaque surtout le concombre mais peut poser problème sur les courgettes. Suffisamment en tout cas pour avoir des produits homologués et recensés sur la base e-phy du ministère de l’agriculture.
😳 😳 😳 Promis : à l’avenir je ferais 7 fois le tour du net avant d’affirmer qu’un problème n’existe pas.
Cela n’empêche que le mildiou (éventuel , possible parce que rare certainement dans le jardin amateur) des cucurbitacées ne peut contaminer des tomates ou d’autres plantes qui ne seraient pas de la même famille.
J’vous laisse : je vais faire une petite cure d’humilité 😐
Par contre, il apparaît que le mildiou de la courgette existe bel et bien.
Merci beaucoup pour cet enseignement riche Guylaine!
Bonjour
Tout d’abord je tiens à remercier Loïc de partager avec nous sa passion ; c’est vraiment un plaisir de vous lire et d’appliquer vos conseils
Nous avons, mon mari et moi, fait construire il y a un peu plus de vingt ans une maison en bordure de prairies; aussi notre politique est “que nous devons adapter notre jardin à notre environnement plutôt que l’inverse”
Nous n’utilisons aucun des produits fabriqués par pétrochimie!
Nous ne luttons pas systématiquement contre les mauvaises herbes (nous sommes d’ailleurs la risée des voisins car nous gardons ce qu’ils appellent “les mauvaises herbes” excepté les chardons et le chiendent 🙂
Nous débroussaillons, coupons, mais ne détruisons rien
Les insectes sont chez eux dehors, donc nous les laissons, nous avons même installé un hôtel à auxiliaires dans notre carré d’aromatiques car nous déplorons l’absence de coccinelles depuis quelques années (les champs voisins sont peut-être traités?… ) nous envisageons de mettre des larves de coccinelles communes dans cet hôtel fin août…pouvez vous me dire , s’il vous plait, si c’est le bon moment pour le faire ?
D’autre part, nous utilisons des œillets d’Inde pour éloigner les insectes ravageurs, et des capucines pour détourner les pucerons des haricots; partout dans le jardin nous avons semé des soucis et autre fleurs pour attirer les abeilles….qui leur préfèrent pour le moment notre vigne vierge 😉
Vous parlez dans ce sujet des “erreurs de nos Grands Parents jardiniers”: ma Grand Mère roulait un fil de cuivre autour des pieds de tomates pour lutter contre le mildiou, j’applique cette méthode qui me parait naturelle et qui est efficace; mais est-ce dangereux pour nos amies auxiliaires????
Par ailleurs, mon gazon (enfin “pré”) et mon compost sont envahis de fourmilières; je sais que les fourmis sont utiles au jardin mais serait-il possible d’en limiter le nombre sans nuire à l’environnement?
je vous remercie de m’avoir lue, et d’avance de vos éventuelles réponses
bon jardinage, si toutefois vous avez un temps plus clément que chez nous (10° ce 16 juillet dans l’Ain )
Bonjour Helimi,
il y a beaucoup de choses dans votre message !
Tout d’abord les “erreurs” de nos grands-mères et le fil de cuivre (qui est un exemple typique)
Je ne voulais pas vraiment pointer les erreurs de nos arrières grand-mères. Elles faisaient comme elles pouvaient : leur but étant d’éradiquer la moindre bestiole, la moindre herbe. Avant la seconde guerre mondiale, les jardiniers utilisaient des techniques ou produits empiriques parce qu’ils ne connaissaient pas la biologie des ravageurs et maladies et donc ils ne pouvaient pas vérifier/comprendre comment le produit appliqué fonctionnait.
Mais depuis, nous avons pouvons facilement avoir ces informations. ce que je déplore dans mon billet d’humeur c’est que sous couvert de pratiquer un jardinage biologique, on balaie ces informations pour revenir à des méthodes et produits empiriques qui sont tout sauf naturelles et respectueuses de l’environnement.
Reprenons notre fil de cuivre. On sait depuis le 19ème que le cuivre a une action sur les champignons. Les jardiniers se sont dits qu’en transperçant un plant de tomate avec un fil de cuivre, ce métal allait se propager dans la plante par la sève (qu’il serait systémique) et qu’ainsi la tomate résisterait aux attaques de mildiou. Tout le monde le faisait et le recommandait, donc ça marchait, non ?
Et bien non ! Je sais que c’est décevant mais cette méthode ne peut absolument pas marcher.
Le mildiou de la tomate est un champignon. Il est présent dans le sol sous une forme que l’on appelle oospores, c’est à dire qu’il est là enkysté, prêt à devenir actif lorsque les conditions climatiques deviennent favorables. A savoir : une humidité importante et de la chaleur (mais pas trop). Si celles-ci sont réunies, les spores du mildiou se dispersent dans le jardin, arrivent sur les feuilles des tomates. Là elles ont un besoin absolu d’une goutte d’eau pour pouvoir germer et pénétrer dans la feuille. Elles vont s’y étendre et fructifier, envoyer des spores qui vont contaminer de nouvelles feuilles…
Quand on applique de la bouillie bordelaise, le cuivre forme un film sur la feuille qui empêche (limite) la germination des spores du mildiou. Le traitement au cuivre n’est donc que préventif.
Voilà pour la biologie. Les conséquences pratiques sont :
– Le mildiou n’est pas transporté par la pluie. Il est potentiellement là dans le potager. Mais c’est la pluie qui permet la contamination donc en période d’attaque de mildiou, quand il fait chaud et que l’orage menace il faut appliquer la bouillie bordelaise. S’il fait un cagnard pas possible, il n’y aura pas d’attaque et il est inutile de traiter. Si les feuilles sont encore toutes bleues du traitement précédent , inutile d’en rajouter.
– Le fil de cuivre dans le pied de tomate c’est comme si l’on se mettait un fil de fer dans le bras pour lutter contre l’anémie ! Cela ne sert à rien : le fil de cuivre ne libère pas de molécules de cuivre. Et quand bien même le ferait-il que celles-ci ne sont pas systémiques. La seule efficacité du cuivre c’est de faire une barrière physique contre les spores des champignons.
Maintenant, contrairement aux jus de nicotine, chaux et autres cochonneries maisons mais chimiques, le fil de cuivre n’a aucun impact sur l’environnement. S’il est enroulé autour de la plante, il ne lui fait aucun mal. Par contre transpercer celle-ci avec crée une blessure inutile et qui peut être une porte d’entrée pour les champignons !
Décevant non, ce décryptage scientifique ?
Guylaine
Bonjour Guylaine
je vous remercie pour votre réponse et vos explications et: non, je ne suis pas déçue, j’apprends beaucoup de choses sur ce blog et même si mon fil de cuivre n’est pas efficace au moins je suis maintenant certaine qu’il ne peut pas être nuisible c’est déjà ça 😉
Vous dites que le fil de cuivre entouré autour de la tige des pieds de tomates n’est pas utile contre le mildiou …. je veux bien vous croire, je ne suis pas spécialiste, loin de là, mais je suis intriguée par ce phénomène… pouvez vous me dire, sachant que l’année dernière mes pieds de courgettes qui étaient dans la même terre ont été attaqués par le mildiou et pas mes pieds de tomates ❓
serait-il possible que ce soit grâce aux feuilles d’orties que je mets dans le trou avant de planter mes tomates? auquel cas je devrais peut-être faire la même chose pour tous les plants…
j’espère ne pas être hors sujet et ne voudrais pas abuser mais auriez vous une réponse en ce qui concerne mon invasion de fourmis? Risquent-elles de faire des dégâts (galeries trop importantes, par exemple) ou puis-je toutes les laisser ?
Merci à vous
Bonjour helimidade,
Non, non vous n’êtes pas du tout hors sujet !
D’abord le mildiou.
C’est un champignon phytopathogène. Qui se décline en plusieurs espèces , chacune attaquant une plante bien particulière et pas une autre : phytophtora infestans sur la tomate et (c’est l’exception qui confirme la règle) la pomme de terre, Bremia lactucae sur laitue, phytophtora capsici sur poivron… Ce qui veut dire des tomates atteintes de mildiou ne peuvent pas contaminer les plants de poivrons et vice versa.
Vos plants de courgettes ne pouvaient absolument pas contaminer vos tomates…. tout simplement parce qu’elles n’avaient pas le mildiou. Cette maladie n’existe pas sur la courgette. Il s’agissait d’une autre maladie (Peut-être l’oïdium, un voile blanchâtre sur les feuilles qui se nécrosent et se dessèchent).
Revenons aux méthodes de prévention du mildiou. Présence d’oeillets d’Inde, feuilles d’ortie au fond du trou de plantation… autant d’astuces préconisées complètement inoffensives par rapport au jus de nicotine et autres cochonnerie. Maintenant leur efficacité… je ne me prononce pas dessus (juste que si “ça marche” ce n’est pas comme on croit). Mais ma réponse est simple : si vos tomates n’ont pas attrapé le mildiou c’est peut être bêtement parce qu’il n’y avait pas de mildiou ! Cela a été le cas l’an dernier chez moi : mes plants cultivés en bio, avec association de plantes et tout comme il faut n’ont pas été malades. Mais celles des voisins qui mettent engrais et produits chimiques non plus. Les conditions n’étaient pas favorable à la contamination par le champignon.
Pour le fil de cuivre, après discussion avec une amie je précise : les ions de cuivre ne tuent pas les champignons. Simplement ils font une barrière physique qui empêche le champignon de pénétrer dans la plante. Donc un fil de cuivre, même si les ions métalliques migraient dans la sève n’auraient aucun effet sur le champignon une fois qu’il a pénétré dans la plante.
Pour les fourmis maintenant
Dans mon jardin aussi il y en a particulièrement beaucoup cette année. On ne pas toucher la terre sans trouver des oeufs et une flopée de fourmis. Mais elles n’ont strictement aucun impact négatif dans le jardin !! Vraiment ! Si vous avez des nids avec des monticules (dans mon émission de radio, les Souris Vertes, une auditrice nous a relaté cela) et que cela vous gêne, éventuellement aplatissez le tas. Pas en tapant dessus bien sur 😉 , mais en l’aplanissant doucement.
En fait les fourmis ne me dérangent pas mais moi j’ai l’impression de les déranger chaque fois que je jardine 😆
guylaine
Merci encore à vous de partager votre savoir; je pensais, en effet, que mes courgettes avaient été atteintes de mildiou, je me coucherai moins bête ce soir 😳
En ce qui concerne les fourmis, je garde donc mes petites travailleuses alors et vais en prendre soin 😉
bon week-end à vous, je vais continuer ma balade sur le blog
Marrant Armelle ta référence à la situation de Paracelse : “Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison”. C’est avec elle que l’on nous a accueilli mes petits camarades et moi en BTS Agricole de Protection des Cultures (l’horreur : je me voyais docteur des plantes, 2 jours j’ai compris que j’étais là pour devenir technico-commerciales de produits photo !).
Pour reprendre ce que tu dis au final et résumer le message qui m’importe :
contre les pucerons et autres bébêtes, le reflexe bio n’est pas de substituer à un produit chimique de synthèse (peut-être mal évalué je te l’accorde) un produit “maison” (pas évalué du tout ni sur le plan de l’efficacité sur sur celui de sa toxicité) MAIS DE NE PAS INTERVENIR DU
TOUT .
Sauf si besoin impérieux. Ce qui est possible (par ex le mildiou) mais rare. Comment vouloir que les coccinelles, syrphe et autres auxiliaires boulottent les pucerons s’ils ont été dégommés par les fameux remèdes maison ?
Bon, je me lance pour le premier commentaire. Je pense comme toi Guylaine que certains principes actifs (de la chimie de synthèse ou naturelle) sont dangereux voire mortels non seulement pour les parasites mais aussi auxiliaires ou utilisateur. Mais c’est la dose qui fait le poison. Perso, je pense qu’il y a un facteur économique séduisant à faire ses propres produits. De la Javel, des mégots, du savon, tout le monde en a…on rejoue au petit chimiste. Moi, j’ai évité d’acheter un insecticide bio pour lutter contre les cochenilles de mes orchidées en ayant vu sur le flacon que le composant essentiel était de l’huile de colza.J’ai donc utilisé l’huile dont je me sers pour la vinaigrette.
J’ai un lointain souvenir d’avoir pulvérisé des mauvaises herbes avec du Round-up (et oui, ça m’est arrivé) et d’avoir été patraque pendant des jours…
Tu diras que je suis méfiante mais je pense que certains produits du commerce ne sont pas forcément aussi sécurisés que l’on essaie de nous le faire croire. Il est facile et c’est couramment pratiqué dans l’industrie chimique (chimie des médocs comme des produits phyto) de changer les normes comme il convient pour donner ce sentiment de ‘principe de précaution appliqué’.
Ayant investigué sur un tout autre sujet, j’ai pu constater avec stupeur que les fabricants de lampes fluo-compacts méconnaissaient la teneur précise de mercure que celles-ci contenaient et étaient dans le déni de sa dangerosité potentielle (en cas de bris ou du recyclage). J’ai eu des réponses en microgrammes et en milligrammes, un facteur mille d’écart, c’est dingue non?
Pour le jardinier, le mieux est le principe d’abstention. Et aussi de faire comme pour sa santé personnelle, soigner le terrain pour éviter les attaques. La suppression d’une plante trop malade ou parasitée me semble une bonne option.
Le sujet est en tout cas passionnant même si ouvert à de potentielles polémiques. Je rapproche toujours la santé du végétal et celle de l’humain, voyant toujours avec étonnement des adeptes du jardin bio se bourrer eux-mêmes de médocs ou d’équivalents alternatifs à la mode sans plus de réflexion que ça.
Affaire à suivre…