Jus de tabac, bouillie nantaise, eau de cuisson… les trucs de grand-mère, faits maison sont-ils bio ?

Sommaire

Le jardinage au naturel est souvent perçu comme un retour aux sources, où les remèdes anciens, tels que le jus de tabac, la bouillie nantaise, semblent offrir une alternative aux produits chimiques modernes. Ces préparations “fait maison” sont fréquemment vantées comme des solutions écologiques et efficaces contre les ravageurs et les maladies.

Mais au-delà de leur aspect traditionnel, ces méthodes peuvent-elles vraiment tenir leurs promesses sans compromettre notre santé et l’environnement ? Par exemple, l’eau de cuisson des pommes de terre, utilisée contre les mauvaises herbes, ou encore le purin de tabac, connu pour ses propriétés insecticides, sont des pratiques courantes mais potentiellement risquées. Dans cet article, nous allons examiner ces solutions artisanales, démystifier leur efficacité et explorer les dangers potentiels qu’elles recèlent.

1. Contexte et idées reçues sur les préparations “naturelles”

L’engouement pour le jardinage naturel s’est considérablement renforcé ces dernières années, en réponse aux préoccupations environnementales et aux scandales liés aux pesticides de synthèse. Cette tendance pousse de nombreux jardiniers à chercher des alternatives aux produits phytosanitaires classiques, souvent en s’inspirant des pratiques d’antan et des conseils populaires diffusés sur internet ou dans les médias. Pourtant, derrière cette quête du “tout naturel”, se cachent de nombreuses idées reçues et confusions qu’il est essentiel d’éclaircir.

1. Le mythe du “100 % naturel et sans danger”

Une idée largement répandue est que tout ce qui est “naturel” serait automatiquement inoffensif, que ce soit pour la santé humaine, pour les cultures ou pour l’environnement. Or, cette croyance est trompeuse :

  • Naturel ne veut pas dire inoffensif. De nombreuses substances naturelles sont toxiques, voire mortelles. Par exemple, la nicotine contenue dans le tabac est un insecticide puissant, mais aussi un poison dangereux pour l’homme et les animaux. De même, certains extraits de plantes comme le pyrèthre, bien que naturels, peuvent être nocifs pour les abeilles et autres insectes auxiliaires.
  • Les plantes elles-mêmes produisent des toxines. Certaines d’entre elles, comme le ricin ou la digitale, sont extrêmement toxiques. Dans le règne végétal, la production de substances chimiques puissantes est un mécanisme de défense courant.
  • Le dosage est souvent imprécis. Contrairement aux produits commerciaux qui subissent des tests et des contrôles stricts, les préparations maison sont réalisées empiriquement, sans mesurer précisément la concentration en substances actives. Cela peut mener à des applications inefficaces ou dangereuses.

Ainsi, il ne suffit pas qu’un produit soit d’origine naturelle pour qu’il soit sûr et adapté à une utilisation au jardin. Certaines préparations “maison” peuvent être plus toxiques que les produits de synthèse qu’elles prétendent remplacer.

2. Les remèdes de grand-mère : héritage ou erreur ?

Le retour aux pratiques anciennes est souvent perçu comme une solution évidente pour jardiner de manière plus responsable. Mais faut-il suivre aveuglément les “remèdes de grand-mère” ?

  • Les anciens n’avaient pas nécessairement une approche biologique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’usage de substances naturelles n’était pas toujours raisonné. Le but était avant tout d’obtenir des récoltes abondantes, sans forcément se soucier de l’impact environnemental ou sanitaire. Des produits comme le soufre, le cuivre ou le tabac étaient utilisés de manière empirique, sans connaissance précise de leur toxicité.
  • Certaines pratiques ont été abandonnées pour de bonnes raisons. Par exemple, l’utilisation du purin de tabac était courante autrefois, mais elle a été progressivement abandonnée en raison des dangers qu’il représente pour la santé humaine et animale. De même, l’emploi de produits hautement toxiques comme l’arsenic ou le mercure a été éliminé du jardinage domestique.
  • Les connaissances modernes permettent d’éviter des erreurs du passé. Aujourd’hui, nous comprenons mieux les cycles de vie des nuisibles, l’impact des substances sur l’environnement et les mécanismes d’action des traitements. Plutôt que de reproduire des recettes du passé à l’aveugle, il est préférable de s’appuyer sur des solutions validées scientifiquement.

Si certaines recettes anciennes restent intéressantes (comme les extraits de plantes riches en principes actifs), d’autres relèvent plus du folklore que de l’efficacité réelle. Il est donc essentiel de distinguer ce qui fonctionne réellement de ce qui relève de la tradition sans fondement.

3. Diffusion des recettes maison : entre bon sens et désinformation

À l’ère d’internet et des réseaux sociaux, les recettes maison pour lutter contre les maladies et ravageurs du jardin se propagent rapidement. Mais cette diffusion massive s’accompagne d’un problème majeur : la désinformation.

  • Des conseils non vérifiés et parfois dangereux. Beaucoup de recettes circulent sans qu’aucune vérification scientifique n’ait été effectuée. Par exemple, l’usage d’eau de Javel contre le mildiou est souvent présenté comme une alternative viable, alors qu’il s’agit d’un produit chimique extrêmement agressif, interdit en agriculture et nocif pour le sol et la biodiversité.
  • Des pratiques parfois contre-productives. Certaines préparations peuvent perturber l’équilibre naturel du jardin. Par exemple, un insecticide maison trop puissant peut éliminer non seulement les ravageurs visés, mais aussi les insectes auxiliaires essentiels à la régulation des populations. De même, une application excessive de bicarbonate de soude contre les maladies fongiques peut altérer la microflore du sol et nuire aux cultures.
  • Un effet placebo trompeur. Parfois, des recettes semblent fonctionner simplement parce que le problème disparaît de lui-même (comme les pucerons qui finissent par être naturellement régulés par leurs prédateurs). Ce phénomène alimente la croyance en des solutions inefficaces, mais populaires.
  • Les médias et influenceurs jouent un rôle clé. Certains magazines, blogs et influenceurs sur YouTube ou Facebook relayent des conseils simplistes ou erronés sans réelle vérification scientifique. Leur objectif est souvent de capter l’attention du public, parfois au détriment de la rigueur.

Face à cette surabondance d’informations contradictoires, il est essentiel de prendre du recul et de croiser les sources avant d’appliquer un traitement au jardin. Vérifier les conseils auprès de sources fiables (INRAE, associations de permaculture, ouvrages de référence) permet d’éviter les erreurs et les pratiques potentiellement nocives.


Conclusion : vers une approche éclairée du jardinage naturel

Le retour aux méthodes naturelles ne doit pas être synonyme d’aveuglement. Si le rejet des pesticides chimiques est une avancée majeure pour la santé et l’environnement, il ne doit pas être remplacé par une surenchère de recettes artisanales non maîtrisées.

Jardiner de manière écologique implique d’observer, de comprendre les équilibres naturels et d’agir avec discernement. Plutôt que de rechercher des solutions miracles, il est plus pertinent d’adopter une approche raisonnée, basée sur la tolérance aux nuisibles, l’amélioration des conditions de culture et l’utilisation de traitements réellement efficaces et sécurisés.

Le défi du jardinier moderne n’est pas de reproduire les erreurs du passé, mais d’utiliser les connaissances actuelles pour cultiver en respectant à la fois la nature et sa propre santé.


2. Les préparations à base de jus de tabac : efficacité et dangers

Parmi les nombreuses préparations naturelles utilisées pour lutter contre les ravageurs au jardin, celles à base de tabac figurent parmi les plus anciennes et les plus controversées. Le tabac, riche en nicotine, possède en effet des propriétés insecticides puissantes, qui ont été exploitées pendant des siècles. Cependant, malgré son efficacité avérée, son usage soulève de sérieuses questions en matière de toxicité, aussi bien pour l’homme que pour l’environnement.

Mégots de cigarettes pour faire du purin de tabac ou jus de mégots

1. Histoire et usage traditionnel du tabac comme insecticide

Le tabac (Nicotiana tabacum) est une plante originaire d’Amérique du Sud, où il était cultivé par les peuples autochtones bien avant l’arrivée des Européens. En plus de son usage rituel et médicinal, il était aussi utilisé comme un répulsif contre les insectes, grâce à sa forte teneur en nicotine, un alcaloïde neurotoxique.

  • Au XIXe et début du XXe siècle, l’extrait de tabac était couramment utilisé comme insecticide, aussi bien dans les potagers domestiques que dans l’agriculture. On préparait des décoctions ou des macérations à base de feuilles de tabac, utilisées en pulvérisation contre les pucerons, les aleurodes, les chenilles et autres ravageurs.
  • Jusqu’aux années 1950, le tabac était l’un des insecticides naturels les plus employés. On trouvait même des poudres de nicotine en vente libre pour traiter les cultures.
  • Avec l’essor des pesticides de synthèse, notamment les organochlorés et les organophosphorés, les préparations au tabac ont progressivement été délaissées. Leur toxicité pour l’homme et leur impact sur l’environnement ont conduit à leur interdiction dans plusieurs pays.

Aujourd’hui, alors que les pesticides chimiques sont de plus en plus remis en question, l’intérêt pour les solutions traditionnelles refait surface, y compris les préparations à base de tabac. Cependant, leur usage est loin d’être anodin.

2. Recettes courantes : purin, décoction et macération de tabac

Diverses recettes existent pour extraire les principes actifs du tabac et les utiliser comme traitement insecticide au jardin. Parmi les plus répandues :

  • Le purin de tabac : obtenu par fermentation des feuilles dans de l’eau pendant plusieurs jours. Ce procédé permet d’extraire un maximum de nicotine, mais aussi d’autres substances présentes dans la plante.
  • La décoction de tabac : consiste à faire bouillir les feuilles dans de l’eau, puis à filtrer le liquide avant utilisation. Ce procédé accélère l’extraction des principes actifs, mais peut aussi les dégrader partiellement.
  • La macération de tabac : repose sur un trempage prolongé des feuilles dans de l’eau froide ou tiède, généralement pendant 24 à 48 heures. Cette technique est plus douce que la décoction et permet d’obtenir une solution plus stable.

Ces préparations sont généralement appliquées en pulvérisation sur les feuilles infestées, avec pour objectif d’éliminer les insectes ravageurs. Certaines recettes ajoutent du savon noir ou du vinaigre pour renforcer l’efficacité du traitement.

Cependant, si ces préparations peuvent sembler séduisantes, elles posent plusieurs problèmes majeurs.

3. Mécanismes d’action sur les ravageurs

La nicotine, principal composé actif du tabac, agit comme un neurotoxique puissant sur les insectes. Elle interfère avec leur système nerveux en bloquant les récepteurs de l’acétylcholine, entraînant :

  1. Une excitation nerveuse excessive, qui provoque des convulsions et une perte de contrôle des muscles.
  2. Une paralysie progressive, conduisant à la mort de l’insecte en quelques heures.

Cette action rapide explique pourquoi le tabac était si prisé comme insecticide. Il est efficace contre de nombreux ravageurs, notamment :

  • Les pucerons
  • Les aleurodes (mouches blanches)
  • Les thrips
  • Certains coléoptères

Cependant, cette efficacité n’est pas sélective. La nicotine affecte également les insectes auxiliaires, comme les abeilles, les coccinelles et les chrysopes, qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes.

De plus, la nicotine est hautement soluble dans l’eau, ce qui signifie qu’elle peut facilement contaminer le sol et les eaux souterraines. Cela pose un problème environnemental important.

4. Risques pour la santé humaine et l’environnement

Malgré son efficacité contre les ravageurs, l’utilisation du tabac au jardin comporte de nombreux dangers, qui expliquent pourquoi il est aujourd’hui interdit en agriculture biologique.

Toxicité pour l’homme

La nicotine est une substance extrêmement toxique pour l’être humain, notamment par contact cutané et inhalation.

  • Risque d’intoxication par absorption cutanée : en manipulant une décoction ou un purin de tabac sans gants, on risque d’absorber de la nicotine à travers la peau. Des symptômes comme des nausées, des vertiges et des maux de tête peuvent apparaître.
  • Danger en cas d’inhalation : la pulvérisation d’une solution à base de tabac peut provoquer des irritations des voies respiratoires et des troubles neurologiques en cas d’exposition prolongée.
  • Contamination des cultures : les légumes traités avec du tabac peuvent retenir des résidus de nicotine, ce qui pose un risque pour la consommation humaine.

Impact sur l’environnement

L’utilisation du tabac comme insecticide a des effets délétères sur l’environnement :

  • Toxicité pour la faune auxiliaire : les abeilles, papillons, coccinelles et autres insectes bénéfiques sont aussi sensibles à la nicotine que les ravageurs. Leur disparition peut déséquilibrer l’écosystème du jardin.
  • Pollution des sols et de l’eau : la nicotine est très soluble et peut contaminer les nappes phréatiques, affectant la biodiversité aquatique.
  • Effets à long terme sur les écosystèmes : l’accumulation de substances toxiques dans le sol peut perturber la vie microbienne et affecter la fertilité des terres.

Conclusion : faut-il bannir le tabac du jardin ?

Même si les préparations à base de tabac ont une certaine efficacité contre les ravageurs, leurs effets secondaires sont trop préoccupants pour les recommander. Leur dangerosité pour l’homme, leur impact sur l’environnement et leur action non sélective sur les insectes auxiliaires en font un mauvais choix pour le jardinage naturel et raisonné.

De plus, l’usage du tabac comme insecticide est interdit en France et dans l’Union européenne, car il est classé comme substance dangereuse.

Plutôt que d’utiliser du tabac, il est préférable d’adopter des solutions alternatives plus respectueuses de la biodiversité, comme :

  • Les décoctions et macérations à base de plantes non toxiques (ortie, prêle, tanaisie)
  • Le savon noir dilué, efficace contre les pucerons et aleurodes
  • L’introduction d’insectes auxiliaires comme les larves de coccinelles et les chrysopes
  • La mise en place d’une rotation des cultures et de plantes compagnes pour limiter les infestations

En fin de compte, le véritable enjeu du jardinage naturel est de trouver un équilibre avec la nature, plutôt que de chercher des solutions radicales, même si elles sont “traditionnelles”.


3. Autres solutions artisanales : efficacité et limites

Face à la volonté croissante de réduire l’usage des pesticides chimiques, de nombreux jardiniers se tournent vers des alternatives artisanales, souvent inspirées des pratiques anciennes. Parmi elles, certaines solutions sont efficaces, d’autres sont controversées, voire inefficaces ou dangereuses. Cette section explore trois catégories de traitements maison couramment utilisés et évalue leurs atouts et leurs limites.

Pulvérisation du potager

1. Bouillie nantaise et bouillie sulfocalcique : des solutions à risques

Les bouillies à base de soufre et de chaux sont des traitements traditionnels utilisés pour lutter contre les maladies fongiques et certains ravageurs. Elles sont connues pour leur efficacité, mais aussi pour les risques qu’elles présentent pour l’environnement et la santé humaine.

Bouillie nantaise : une alternative oubliée

La bouillie nantaise est une préparation à base de sulfate de fer, autrefois utilisée pour traiter les maladies fongiques comme l’oïdium et la rouille. Son action est préventive et curative, mais elle a été largement abandonnée en raison de ses effets secondaires :

  • Phytotoxicité : elle peut brûler les feuilles des plantes si elle est mal dosée.
  • Acidification des sols : le sulfate de fer modifie le pH du sol, ce qui peut déséquilibrer la vie microbienne.
  • Toxicité pour certains organismes : elle peut nuire aux micro-organismes bénéfiques du sol et à certains insectes auxiliaires.

Bouillie sulfocalcique : un fongicide puissant mais polluant

La bouillie sulfocalcique est une préparation obtenue en mélangeant du soufre et de la chaux vive dans de l’eau bouillante. Très utilisée autrefois en arboriculture pour lutter contre les maladies cryptogamiques (cloque du pêcher, tavelure, mildiou), elle possède des propriétés fongicides et acaricides.

Cependant, son utilisation présente plusieurs risques :

  • Causticité élevée : en raison de la présence de chaux vive, elle est dangereuse à manipuler (brûlures cutanées, irritations respiratoires).
  • Toxicité pour la faune du sol : les vers de terre et les micro-organismes peuvent être affectés par des applications répétées.
  • Interdiction dans l’agriculture biologique : en raison de son impact environnemental, son usage est aujourd’hui limité dans de nombreux pays.

2. Eau de cuisson et gros sel contre les mauvaises herbes : vraie efficacité ou placebo ?

Les désherbants artisanaux sont souvent recherchés pour remplacer le glyphosate et autres herbicides chimiques. Parmi eux, l’eau de cuisson et le sel sont souvent cités comme des solutions “écologiques”. Mais qu’en est-il vraiment ?

Eau de cuisson : une solution limitée

L’eau de cuisson des pâtes, du riz ou des pommes de terre est riche en amidon et en sels minéraux. Lorsqu’elle est encore chaude, elle est parfois versée sur les adventices pour les éliminer.

  • Efficacité immédiate : l’eau bouillante détruit les parties aériennes des plantes, ce qui les fait flétrir en quelques heures.
  • Limites importantes : elle n’agit que sur la partie visible de la plante et n’élimine pas les racines, ce qui permet aux mauvaises herbes de repousser rapidement.
  • Alternative utile pour les allées : utilisée sur des surfaces dures (graviers, pavés), elle peut limiter la pousse des adventices sans effet durable sur le sol.

Le gros sel : une fausse bonne idée

L’idée d’utiliser du sel comme désherbant repose sur son effet déshydratant. Saupoudré directement sur les plantes ou dissous dans l’eau, il entraîne le flétrissement des feuilles.

  • Action efficace mais non sélective : le sel tue toutes les plantes, y compris celles que l’on souhaite préserver.
  • Effet néfaste sur le sol : il rend la terre stérile sur le long terme, empêchant toute repousse, même des cultures désirées.
  • Contamination des nappes phréatiques : le sel s’infiltre facilement dans le sol et peut polluer les réserves d’eau souterraines.

👉 Conclusion : L’eau de cuisson peut être une solution ponctuelle pour désherber des petites surfaces, mais le sel est à proscrire en raison de son impact négatif sur les sols et l’environnement.

3. Plantes bouillies et extraits naturels : une alternative viable ?

Les extraits de plantes (décoctions, purins, infusions) sont utilisés depuis longtemps comme traitements naturels au jardin. Certains possèdent de véritables propriétés insecticides ou fongicides, tandis que d’autres relèvent plus du mythe que de la réalité.

Plantes aux propriétés avérées

Certaines plantes contiennent des substances actives qui leur confèrent des effets protecteurs pour les cultures. Parmi les plus efficaces :

  • Ortie : son purin est un stimulateur de croissance et un répulsif contre certains insectes.
  • Prêle : riche en silice, elle renforce les plantes contre les maladies cryptogamiques comme le mildiou.
  • Tanaisie : efficace contre les pucerons et les aleurodes, son infusion peut être utilisée en pulvérisation.
  • Absinthe : agit comme un répulsif contre les insectes et certains ravageurs du sol.

👉 Ces préparations, bien que naturelles, doivent être utilisées avec précaution : certaines plantes sont toxiques, et une utilisation excessive peut déséquilibrer le jardin.

Plantes aux effets incertains

D’autres plantes sont souvent citées comme solutions naturelles, mais leur efficacité est plus discutable :

  • Ail et oignon : leurs infusions sont censées repousser les pucerons, mais leur effet est souvent limité et temporaire.
  • Lavande et romarin : si leur parfum éloigne certains insectes, il ne suffit pas toujours à les empêcher de s’installer.
  • Camomille : réputée renforcer les plantes, mais son effet réel est difficile à mesurer.

Conclusion générale

Les solutions artisanales pour traiter les maladies et les ravageurs du jardin sont nombreuses, mais elles ne sont pas toutes efficaces ou sans danger.

Solutions viables

  • Les extraits végétaux (prêle, ortie, tanaisie)
  • L’eau de cuisson sur des surfaces non cultivées
  • Les décoctions de certaines plantes fongicides (prêle, consoude)

Solutions à éviter

  • La bouillie sulfocalcique et la bouillie nantaise, trop agressives et polluantes
  • Le gros sel, qui détruit la fertilité des sols
  • Certaines solutions inefficaces ou peu documentées (lavande, camomille)

Le jardinage naturel repose avant tout sur la prévention et l’équilibre des écosystèmes. Favoriser la biodiversité, associer les bonnes plantes et utiliser des traitements raisonnés permet d’obtenir un jardin productif sans nuire à l’environnement.


4. Les traitements chimiques et commerciaux

Si les solutions naturelles et artisanales sont privilégiées par de nombreux jardiniers soucieux de l’environnement, les traitements chimiques restent largement utilisés dans l’agriculture et le jardinage. Ils offrent souvent une efficacité rapide, mais leur impact sur la santé et l’écosystème soulève de nombreuses préoccupations. Dans cette section, nous analysons les insecticides systémiques, l’usage controversé de l’eau de Javel, et les produits homologués du commerce.

1. Insecticides systémiques : définition et action sur les plantes

Définition et principe d’action

Les insecticides systémiques sont des produits chimiques qui pénètrent à l’intérieur des plantes et circulent dans leur sève. Contrairement aux insecticides de contact, qui agissent uniquement en surface, ces produits sont absorbés par les feuilles ou les racines et restent actifs sur le long terme.

Lorsqu’un insecte suceur (comme les pucerons) ou un insecte mastiquant (comme les chenilles) se nourrit d’une plante traitée, il ingère le produit toxique et meurt.

Exemples de substances systémiques courantes

  • Néonicotinoïdes : très utilisés pour leur action prolongée, mais extrêmement nocifs pour les pollinisateurs (abeilles, papillons).
  • Imidaclopride et thiaclopride : interdits en Europe en raison de leur impact environnemental.
  • Acéphate et chlorpyrifos : utilisés en arboriculture, mais leur emploi est de plus en plus restreint.

Avantages et inconvénients

Avantages

  • Longue durée d’action (protège la plante pendant plusieurs semaines).
  • Efficace contre des insectes difficiles à atteindre avec un traitement de contact.
  • Moins sensible au lessivage par la pluie.

Inconvénients

  • Accumulation possible dans le sol et contamination des nappes phréatiques.
  • Impact désastreux sur les insectes pollinisateurs et la biodiversité.
  • Résidus dans les plantes, posant des risques pour la consommation humaine.

👉 Conclusion : les insecticides systémiques sont efficaces, mais leur utilisation pose de graves problèmes environnementaux et sanitaires. De nombreuses substances sont aujourd’hui interdites ou fortement réglementées.

2. L’eau de Javel contre le mildiou : danger ou efficacité ?

Certains jardiniers recommandent l’eau de Javel pour lutter contre le mildiou, une maladie cryptogamique qui attaque les tomates, les pommes de terre et la vigne. Mais cette méthode est-elle réellement efficace et sans danger ?

Pourquoi l’eau de Javel est-elle utilisée ?

L’eau de Javel (hypochlorite de sodium) est un puissant agent oxydant aux propriétés désinfectantes. Son action contre les champignons et les spores peut sembler intéressante pour limiter la propagation du mildiou.

Les partisans de cette méthode conseillent généralement une dilution à 1 % (soit environ 10 ml de Javel par litre d’eau) et une application en pulvérisation sur les feuilles.

Les dangers de l’eau de Javel au jardin

Phytotoxicité : même diluée, l’eau de Javel brûle les feuilles et endommage les cellules végétales, fragilisant encore plus la plante.
Déséquilibre du sol : en s’écoulant dans la terre, elle détruit la microfaune (bactéries et champignons bénéfiques), ce qui nuit à la fertilité du sol.
Impact sur la santé : en cas d’inhalation ou de contact, l’eau de Javel peut provoquer des irritations respiratoires et cutanées.

👉 Conclusion : utiliser de l’eau de Javel contre le mildiou est une fausse bonne idée. Son effet destructeur dépasse largement son efficacité supposée, et il existe des alternatives bien moins nocives.

3. Produits homologués et solutions du commerce

Les produits autorisés en agriculture biologique

Pour ceux qui recherchent des traitements efficaces tout en respectant l’environnement, plusieurs solutions homologuées existent :

  • Bouillie bordelaise (sulfate de cuivre + chaux) : traitement préventif contre les maladies fongiques, autorisé mais à utiliser avec modération pour éviter la pollution des sols.
  • Soufre : fongicide efficace contre l’oïdium et certaines maladies des légumes et fruitiers.
  • Bicarbonate de soude : utilisé en prévention contre les champignons (mildiou, oïdium).
  • Huiles essentielles et huiles minérales : certaines sont homologuées pour lutter contre les insectes.
  • Spinosad : insecticide d’origine naturelle efficace contre les thrips et certaines chenilles.

👉 Les produits biologiques sont une alternative plus respectueuse de l’environnement, mais ils doivent être appliqués avec discernement pour ne pas déséquilibrer les écosystèmes.

Les traitements chimiques conventionnels

Les jardineries et les magasins spécialisés proposent encore des pesticides chimiques de synthèse, bien que leur usage soit de plus en plus encadré. Parmi eux :

  • Fongicides à base de mancozèbe ou de myclobutanil (efficaces contre le mildiou et l’oïdium, mais toxiques pour l’environnement).
  • Insecticides à base de deltaméthrine ou lambda-cyhalothrine (action rapide, mais destructeurs pour la faune auxiliaire).
  • Désherbants sélectifs (destinés aux pelouses, mais avec un impact sur la qualité des sols et l’eau).

⚠️ Depuis 2019, la vente de nombreux pesticides chimiques est interdite aux particuliers en France.

Conclusion générale

Solutions recommandées

  • Utilisation raisonnée des produits biologiques homologués (bouillie bordelaise, soufre, bicarbonate).
  • Prévention et rotation des cultures pour éviter les maladies.
  • Protection mécanique (filets, paillage, lutte biologique).

Solutions à éviter

  • Insecticides systémiques, trop nocifs pour l’environnement.
  • Eau de Javel, dangereuse et inefficace sur le long terme.
  • Produits chimiques non autorisés, à fort impact écologique et sanitaire.

🌱 Finalement, la meilleure protection des cultures repose sur une approche globale, combinant prévention, choix de variétés résistantes et interventions limitées aux cas nécessaires.


5. Analyse scientifique et bonnes pratiques

Face aux nombreux traitements naturels, artisanaux et chimiques disponibles, il est essentiel d’adopter une approche fondée sur la science et le bon sens. Cette section vise à comprendre les mécanismes d’action des traitements, à adopter une tolérance raisonnée vis-à-vis des nuisibles et à définir les critères d’intervention pour un jardinage respectueux de l’environnement.

1. Comprendre les mécanismes d’action des traitements

Tous les traitements, qu’ils soient d’origine naturelle ou chimique, fonctionnent selon des principes biologiques et chimiques spécifiques. Comprendre leur mode d’action permet d’optimiser leur usage tout en minimisant leurs effets négatifs.

Les traitements préventifs vs curatifs

  • Préventifs : ils renforcent la résistance des plantes ou empêchent l’installation des ravageurs et maladies (ex. : décoctions de prêle, purin d’ortie, bouillie bordelaise).
  • Curatifs : ils agissent directement sur le problème une fois qu’il est installé (ex. : insecticides de contact, traitements fongicides).

Les principales actions des traitements

  1. Action mécanique : certains produits créent une barrière physique empêchant l’installation des nuisibles (ex. : argile sur les feuilles, savon noir contre les pucerons).
  2. Action chimique : des molécules toxiques pour les ravageurs ou champignons sont libérées (ex. : pyréthrines dans certains insecticides naturels).
  3. Action biologique : utilisation de micro-organismes ou de prédateurs naturels pour éliminer les nuisibles (ex. : Bacillus thuringiensis contre les chenilles).

👉 Une bonne connaissance des modes d’action permet d’éviter les erreurs comme l’application inutile de produits ou le recours excessif à des solutions agressives.

2. Tolérance et équilibre écologique : apprendre à coexister avec les nuisibles

Dans un jardin équilibré, les nuisibles ont leur place, mais ils ne doivent pas proliférer au point de menacer les récoltes. Une vision trop radicale qui cherche à éliminer toute forme d’insecte ou de maladie est contre-productive, car elle favorise l’apparition de résistances et déséquilibre l’écosystème.

Les auxiliaires du jardin : des alliés naturels

  • Coccinelles et syrphes : prédatrices des pucerons.
  • Chauves-souris et mésanges : consomment des centaines d’insectes par nuit.
  • Carabes et hérissons : efficaces contre les limaces et escargots.

Encourager ces auxiliaires en limitant les interventions trop brutales (ex. : éviter de pulvériser systématiquement du savon noir qui tue aussi les insectes utiles).

Accepter un certain seuil de dégâts

Dans un jardin naturel, il est normal que :

  • Quelques feuilles soient grignotées par des chenilles.
  • Quelques pucerons apparaissent au printemps avant que leurs prédateurs n’interviennent.
  • Des maladies fongiques affectent certaines feuilles en fin de saison.

🌿 L’important est d’observer et d’intervenir uniquement si le problème devient critique.

3. Quand et comment intervenir ? Critères pour un jardinage raisonné

Un jardinage raisonné repose sur l’application des bons traitements au bon moment, sans excès et en respectant les cycles naturels.

Les critères d’intervention

Seuil de nuisibilité : à partir de quel moment un ravageur ou une maladie menace-t-il réellement la récolte ?

  • Quelques pucerons sur une tige ? → Attendre l’arrivée des auxiliaires.
  • Un mildiou généralisé sur les tomates ? → Traiter immédiatement.

Météo et conditions d’application

  • Éviter de traiter en plein soleil pour ne pas brûler les feuilles.
  • Privilégier les traitements le matin ou en fin de journée.
  • Vérifier l’absence de pluie imminente pour éviter le lessivage.

Alterner les méthodes pour éviter les résistances

  • Varier les traitements (ex. : ne pas utiliser systématiquement du cuivre contre les maladies fongiques).
  • Privilégier les rotations culturales et les associations de plantes.

Pratiquer la prophylaxie (prévention avant tout)

  • Éliminer les parties malades des plantes pour limiter la propagation.
  • Aérer les cultures pour éviter les excès d’humidité favorisant les champignons.
  • Utiliser du compost sain et des amendements naturels pour renforcer les plantes.

Conclusion générale

👉 Comprendre comment fonctionnent les traitements permet de les utiliser efficacement et d’éviter des pratiques inutiles ou nuisibles.
👉 Accepter un certain équilibre écologique permet de laisser la nature jouer son rôle et limite l’usage de produits, même naturels.
👉 Intervenir de manière raisonnée en fonction du seuil de nuisibilité, des conditions météo et des méthodes alternatives assure un jardin plus durable et productif.

🌱 Le jardinage raisonné repose sur l’observation, la patience et l’adaptation aux cycles naturels.


6. Réglementation et alternatives viables

De nombreux jardiniers cherchent à éviter les pesticides chimiques en se tournant vers des solutions artisanales ou biologiques. Toutefois, certaines pratiques sont encadrées par la loi et ne sont pas toujours aussi efficaces ou sans danger qu’on pourrait le penser. Cette section aborde la réglementation en vigueur, les alternatives biologiques et les bonnes pratiques culturales pour limiter les traitements.

1. Légalité des préparations maison : ce qui est autorisé et interdit

La réglementation sur les pesticides et préparations naturelles

En France, l’utilisation de substances destinées à la protection des plantes est strictement encadrée par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Depuis 2019, l’usage des pesticides de synthèse est interdit pour les jardiniers amateurs, mais cela ne signifie pas que toutes les préparations maison sont permises.

Quelques points clés de la réglementation :
Les PNPP (Préparations Naturelles Peu Préoccupantes)

  • Certaines préparations naturelles (comme le purin d’ortie) sont autorisées, mais elles doivent être homologuées pour être commercialisées ou recommandées publiquement.
  • D’autres solutions comme la décoction de prêle ou la macération d’ail sont tolérées tant qu’elles ne sont pas vendues sous forme de produit phytosanitaire.

Interdiction des substances non homologuées

  • Les préparations contenant des produits toxiques (comme le tabac ou l’eau de Javel) sont interdites.
  • Certaines recettes artisanales peuvent être considérées comme des pesticides illégaux si elles ne sont pas validées par les autorités sanitaires.

💡 Conseil : Avant d’utiliser une préparation maison, il est important de vérifier sa légalité et son impact potentiel sur la santé et l’environnement.

2. Lutte biologique et auxiliaires du jardin

La lutte biologique repose sur l’introduction ou la préservation de prédateurs naturels pour contrôler les populations de nuisibles. Contrairement aux insecticides, elle agit sur le long terme et favorise un équilibre écologique durable.

Les principaux auxiliaires du jardin

  • Coccinelles et larves de syrphes : dévorent les pucerons.
  • Chrysopes : très efficaces contre les pucerons et autres petits insectes nuisibles.
  • Nématodes : parasites naturels de nombreux insectes du sol (vers blancs, larves de hannetons).
  • Oiseaux insectivores : mésanges, rouges-gorges et hirondelles régulent les populations d’insectes.
  • Chauves-souris : une seule chauve-souris peut manger des centaines de moustiques et papillons nocturnes en une nuit.

👉 Attirer ces auxiliaires

  • Installer des haies variées et des plantes mellifères.
  • Mettre en place des abris (hôtels à insectes, nichoirs à oiseaux et chauves-souris).
  • Limiter les interventions qui détruisent ces alliés (pesticides, travail du sol intensif).

3. Techniques culturales préventives : un jardin en bonne santé sans traitements

La meilleure façon de réduire les traitements est d’adopter des pratiques culturales qui renforcent la résistance naturelle des plantes.

Rotation et association des cultures

  • Rotation des cultures : évite l’accumulation des maladies et ravageurs spécifiques à une famille de plantes.
  • Associations bénéfiques : planter des fleurs ou des légumes qui se protègent mutuellement (ex. : œillets d’Inde et tomates contre les nématodes).

Soins du sol et fertilisation naturelle

  • Un sol bien structuré et riche en matière organique améliore la santé des plantes.
  • Utiliser du compost, du paillage et des engrais verts pour favoriser l’activité biologique du sol.

Barrières physiques et techniques alternatives

  • Paillis : limite l’apparition des adventices et conserve l’humidité.
  • Voiles anti-insectes : empêchent la ponte des ravageurs sur les cultures sensibles.
  • Pièges et répulsifs naturels : permettent de limiter la pression des nuisibles sans traitements chimiques.

Conclusion : un jardin autonome et résilient
👉 La réglementation impose des limites aux préparations maison, mais de nombreuses solutions naturelles restent disponibles.
👉 La lutte biologique et la préservation des auxiliaires sont des alternatives efficaces aux traitements chimiques.
👉 Un sol fertile et des techniques culturales adaptées permettent de cultiver avec moins d’interventions.

🌱 Un jardin bien conçu et respectueux des équilibres naturels limite naturellement la pression des maladies et ravageurs, rendant les traitements – même naturels – rarement nécessaires.

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Réponses

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  1. Bonjour,
    Mon amie maraichère conspue la bouillie bordelaise. Elle refuse de l’utiliser car cela ferait du tort aussi aux mychorises, et elle s’étonne que ce soit admis en bio. Depuis je regarde mon produit avec circonspection et culpabilité pour l’avoir utilisé précédemment. Seulement, voilà qu’un orage s’annonce après 3 jours de bonne chaleur. Je crains donc pour mes patates (les tomates sont en serre, ouf!). Je suis donc tentée de refaire un traitement préventif avant vendredi. Suis-je un monstre? Cela va-t-il attaquer toute la vie fongique du sol? Vais-je mettre des métaux lourds dans le sol? Et que penser des traitements préventifs à la tanaisie recommandés par Brigitte Lapouge-Déjean? Merci d’avance pour vos lumières.

    1. Bonjour Pascale

      Oui la bouillie bordelaise est totalement diabolisée aujourd’hui. En bloc et effectivement sous prétexte qu’elle tue les champignons du sol. Mais là encore c’est un rejet généralisé qui se base sur la méconnaissance de ce produit naturel (ce n’est pas un métal lourd, il y a naturellement du cuivre dans le sol et nombre de micro-organismes le recherche).

      Chacun fait ce qu’il veut mais voici trois arguments :

      – Le cuivre de la bouillie bordelaise n’est pas “fongicide” dans le sens où il ne tue pas les champignons. Le film de cuivre déposée par la pulvérisation empêche les spores de germer sur les plantes et donc de les pénétrer. Et c’est tout : il n’a aucun effet sur les champignons installés. C’est donc un traitement préventif pas curatif. Il ne détruit pas du tout la vie du sol.

      – La pollution au cuivre… c’est une réalité dans les vignobles, les vergers, les champs de légumes qui pendant des décennies entière ont reçus des traitements à la bouillie B en quantité. C’est l’excès de traitement qui a entrainé la pollution pas le produit en lui-même. Et peut-on comparer une à deux pulvérisations (la plupart du temps une suffit) sur les tomates et éventuellement les pommes de terre dans un jardin à la pratique de pulvérisation intensive d’un agriculteur. “Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison” écrivait Paracelse

      – Un conseil : si vraiment on a peur de contaminer le sol, il suffit de poser un carton sur le sol, autour du pied de tomates avant de pulvériser.

      – les alternatives à la bouillie bordelaise : désolée mais malgrè les livres, les articles, les trucs diffusés sur le réseau ni le bicarbonate, ni les infusions et purins ni les huiles essentielles n’ont jamais montré d’efficacité pour prévenir le mildiou. Et ce n’est pas faute d’essais : des milliers d’expérimentations ont été effectués. Le produit qui pourra remplacer le cuivre sera immédiatement adopté par tous les agriculteurs bio (et autres) et sera illico commercialisé auprès des jardiniers. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.

      De façon globale : plein de règles et d’interdictions circulent ces dernières années sous couvert de permaculture. On adopte certaines pratiques (généralisation des buttes, des lasagnes, paille à gogo, limitation de l’arrosage) et en rejette d’autres. Comment savoir si ces quasi dogmes sont fondées. Demandez : “pourquoi?”
      Deux exemples
      – Pourquoi pas de bouillie bordelaise ? Cela tue les champignons du sol. Pourquoi ? (comment agit le cuivre sur les champignons ?) en général pas de réponses. Or Le cuivre fait un film qui empêche les germes de mildiou de pénétrer dans la plante donc non il ne tue pas les champignons qui sont dans le sol. D’autant que dans le sol il est absorbé par des bactéries spécifiques.

      – Pourquoi ne pas arroser les plantes ? parce le paillage limite les apports d’eau. Pourquoi ? Parce ce qu’il limite l’évaporation de l’eau du sol. Ok mais conserver un peu de fraîcheur au sol ne justifie pas de ne pas apporter d’eau aux plantes lorsque celles-ci souffrent de la canicule et de la sécheresse, lorsque les réserves en eau du sol sont épuisées par un manque de pluie sur plusieurs mois.

      Je crois vraiment qu’à notre époque de réseau social qui délivre recettes et injonctions il faut essayer de comprendre (et apprendre) pour faire le tri dans celles-ci 🙂

  2. Bonjour, j’aimerais savoir si l’urine d’un fumeur, utilisée diluée pour l’arrosage ou bien pure quand quelqu’un urine dans le jardin, est nocive pour le potager ? Merci.

    1. Bonjour

      non c’est pas nocif pour le potager, vous pouvez meme arroser vos légumes avec dilué 1 pour 10 volume d’eau

  3. Bonjour ma question est.Aprés avoir préparé une décoction de mégots pour obtenir de la nicotine;a quelle dose faut il l’utiliser pour détruire les insectes exemple le ver de la cerise.PIERRE

    1. Bonjour Pierre,

      Avez-vous lu mon article ? J’y dit que la décoction de mégots est extrêmement dangereuse : la nicotine est très toxique et peut vous empoisonner par simple contact de la peau ou en la respirant.
      Il n’y a aucune posologie pour ce produit car il n’est pas autorisé à la vente en raison de sa toxicité. Il est même absolument déconseillé .Tout site et article qui en ferait la promo est irresponsable !!!!
      Prenons l’exemple du ver de la cerise : vous allez empoisonner vos cerises (parce que même en les lavant bien le produit est tellement toxique que vous n’aurez pas la garantie d’en éliminer les particules) pour rien : le ver est dans le fruit, protégé par celui-ci.

      Faites moi plaisir, débarassez-vous de cette horreur

  4. Non, à priori, je ne pense pas que les tomates soient capables de lutter toutes seules.
    Les produits de traitement sont préventifs : les principes actifs doivent éviter que les spores du mildiou germent et pénètrent dans la plante (dans la serre, il y a moins d’eau, un abri des pluies ; or les spores ont absolument besoin de goutelettes pour germer. Cela explique que chez toi comme chez d’autres possédant des abris les tomates ne soient pas touchées).
    Une fois la barrière franchie et le mycellium dans la plante il n’y a pas de produits pour éviter la maladie… sauf des fongicides systèmiques non autorisés en bio (et qui sont de toute façon pas faciles à trouver pour le jardinier amateur).

    Mais je dis quand même “à priori”.
    En effet cette année je ne le reconnaît pas ce fameux mildiou !
    Je m’explique :

    Le scénario classique est une atteinte des feuilles du bas (nécrose) puis des feuilles plus hautes (taches marrons avec halo jaune autour sur la face supérieure, duvet grisé-maronnasse dessous). Très rapidement tous les folioles sont touchés et le feuillage semble grillé. Ensuite on observe les tiges encerclées de noir puis idem sur les pétioles des grappes de fruits. Puis les tomates ont des tâches et brunissent sans mûrir. Et souvent le mildiou est foudroyant : les plants dépérissent très vite.

    Ben chez moi cette année… c’est bizarre.
    Les feuilles du bas ne sont pas particulièrement touchées mais des taches apparaissent de façon marginale un peu n’importe où sur le pied. Et quelques unes seulement. Le feuillage ne grille pas
    Et apparaissent en même temps que sur le feuillage la nécrose des tiges.

    Surtout, et là je suis assez époustouflée : le pied de tomate touché n’a pas l’air malade, ne semble aucunement dépérir !Mes tomates malades cette année… sont vigoureuses.
    À un point que je me suis même demandé si c’était vraiment du mildiou. C’est bien lui mais il a un drôle de comportement.

    Du coup au lieu de condamner les plants et les arracher, j’enlève les fruits et feuilles tachés, je laisse pousser les gourmands… et j’observe ce qui va se passer. Qui sait, peut-être que les tomates développent une protection vis à vis du mildiou.
    Dans le chapitre de mon bouquin sur le self-défense végétal, je parle de quelques mécanismes mais on sait très peu de choses sur le phénomène. On n’a pas étudié la capacité d’autoguérison des légumes puisqu’on est depuis toujours dans une logique d’intervention sur les ravageurs et maladies !

  5. Le mildiou !!! Déjà rien que le mot ça fait peur !!! C’est triste de se rendre compte à quel point on sait aussi peu de chose sur l’ennemi numéro 2 du potager. Je garde le numéro 1 pour la limace ! 🙂

    J’ai parfois l’impression que le jardinier lutte contre cette maladie à l’aveugle. On essai un truc et on verra bien. Un jour un jardinier a transpercé le pied de ses tomates, et le mildiou ne s’est pas exprimé ! Conclusion ! Il faut transpercer le pied de ses tomates avec un fil de cuivre.

    Moi une année j’ai brulé mes pieds de tomates au lance flamme et le mildiou ne s’est pas exprimé conclusion il faut bruler ses pieds de tomates. 😉

    Dans les autres recommandations que je n’ai pas suivies, il est dit qu’il faut ne surtout pas mettre ses pieds de tomates contaminé au compost. Du coup l’année dernière j’ai pris soin de bien récupérer tous mes pieds de tomates malades pour les mettre au compost. J’ai aussi pris soin de bien étaler tous ce compost dans mes carrés et dans ma serre.

    Ba vous savez quoi ! Je n’ai pas une trace de mildiou sur mes pieds de tomates dans la serre, et sur les 3 pieds à l’extérieur un seul présente une petite tache noire à la tige. Pourtant il a plu en Normandie !!!

    A votre avis est ce que l’on peut tirer la conclusion qu’il faut composter ses pieds de tomates malades pour ne plus avoir de mildiou ?

  6. Lorsque j’étais fumeur, (j’ai arrêté depuis 2 ans) je conservais mes mégots pour une amie qui traitait ses rosiers avec une mixture qu’elle faisait avec. Cela me faisait penser à ce que me racontait ma mère sur la lutte du phylloxéra qui ravageait les vignes de mon grand père Jules. (Je suis champenois) Il injectait au pied de la vigne avec un outil qui ressemblait à une grande seringue, une décoction de tabac. Après chaque traitement mon grand père était malade comme une bête.

  7. Hum, pas facile de diagnostiquer la maladie sans la voir ! Surtout que souvent le chou n’est pas malade… ou du moins les maladies dans le jardin amateur sont rares et donc peu décrites/

    Dans votre premier mail j’avais écarté d’emblée l’oïdium parce que dans mon livre source (guide pratique de défense des cultures: reconnaissance des ennemis ) on ne le site pas comme atteignant les choux. Rien trouvé ailleurs non plus. En fait j’hésite entre deux maladies causées par un champignon (mais je pencherais plus pour le mildiou). J’ai mis des liens vers des photos pour vous aider Christine à essayer de voir ce qui correspondrait mieux. Je vous copie aussi le descriptif de mon livre

    “Pustules blanches, lisses à reflet nacré, puis pulvérulentes et souvent disposées en cercles concentriques”
    Rouille blanche
    http://www.bejo.fr/fr/produits/qualité-et-support/support-technique/descriptif—maladies-choux/rouille-blanche.aspx

    “taches jaunâtres avec fructifications grisâtres à la face inférieure”
    mildiou
    http://www.bejo.fr/fr/produits/qualité-et-support/support-technique/descriptif—maladies-choux/mildiou-peronospora.aspx

    Qu’en pensez-vous ?

  8. Re -bonjour,

    La pluie nous laissant un peu tranquille, je viens d’aller vérifier.
    Les taches sont petites (+/- 0.5 cm) et blanches, les feuilles deviennent jaunes, du moins sur le choux perpétuel et, je pense, avec halo mais ça c’est sans certitude et puis se dessèchent et tombent. Les choux frisés étant pourpres, la couleur est plus difficile à déterminer mais les feuilles ont les mêmes tâches blanches et se dessèchent également avant de tomber. Sur la face inférieure des feuilles, j’ai l’impression d’avoir les mêmes images que sur la face supérieure mais plus atténuées comme si ça “traversait”, du coup je dirais que cela ressemble plus à un duvet qu’à une poudre mais sans être confluent.
    J’espère que ça vous évoque quelque chose, c’est toujours un peu difficile de faire un diagnostic à distance et mon expérience en matière de potager étant très limitée, je ne suis pas sûr que la description soit tout à fait exhaustive.

    Un grand merci pour votre attention,

    Christine.

  9. Bonjour Christine,

    Pour savoir comment lutter contre un problème dans le jardin, il faut d’abord le connaître. Et avant tout le reconnaître !

    Donc pour savoir la maladie qui affecte vos choux, pouvez-vous me décrire précisément ce que vous observez sur les feuilles : les tâches sont-elles petites et rondes ou forment-elles de larges plages ? Avant de se dessécher (si elles se dessèchent) sont-elles blanches, marrons, jaunes, avec ou sans halo ? Sur la face inférieure des feuilles voyez vous un duvet, une poudre blanche, marron ou grise ?

    Bref, à quoi ressemblent vos choux malades ?

    J’attend vos réponses pour essayer de déterminer quelle est la maladie. Mais dans tous les cas de figure je peux d’ores et déjà vous dire qu’il ne sera absolument pas nécessaire d’arracher les choux. En plus ces choux vivaces (j’en ai aussi dans mon potager) refont autant de feuilles qu’on en enlève (mais il ne faut pas exagérer bien sur !).

    à bientôt Christine

    guylaine

    1. Un grand merci pour votre réponse. Je vais y regarder d’un peu plus près (dès que la pluie s’arrête :-)) et je vous réponds

      Christine.

  10. Bonjour,

    Bon celà fait plusieurs semaines que je parcours ce blog cette fois-ci je me lance, j’ai une petite question 🙂

    C’est ma première année de potager et j’essaye de faire le mieux possible, enfin de faire le moins “perturbant” possible, je n’ai mis qu’une seule fois de la bouillie bordolaise (mildiou sur tomate) après avoir hésité pendant 2 semaines et avoir perdu 20% de la récolte futur mais la couleur bleu m’a tellement fait flippé que je n’ose plus, on verra bien. Maintenant il y a un peu de soleil alors peut-être que je récolterai quand même quelque chose.

    Par contre, j’ai des choux frissés et des choux perpétuels (Daubenton) et il me semble qu’il y a de l’oïdium, j’en ai sans doute eu aussi sur les courgettes mais pas grave, c’était sur les feuilles, et je ne mange que les fleurs (bcp) et les petites courgettes accrochées aux fleurs. Le choux c’est différent, je consommerai les feuilles avec les taches blanches suspectes hors il me semble avoir lu que celà pouvait les rendre impropre à la consommation.
    Alors que faire ???
    1)Je coupe les feuilles atteintes
    2)J’enlève et je replante à la même place (plus de place ailleurs) et pour le choux perpétuels est-ce que j’essaye de bouturer en espérant partir d’une partie saine ??? Pcq pas de graine forçément 🙂
    3)J’enlève et je replante plein de navets et de bettraves et de pourpier à la place (mais bon j’aurais voulu avoir quelques choux quand même…)

    Un grand merci pour votre aide

    Encore bravo pour tous ce travail que vous partager avec nous

    Christine.

  11. Ben vlan : voilà ce qui arrive quand on est trop affirmatif sans avoir consulter TOUTES les sources !! (mon guide ACTA de diagnostic des maladies ne traite pas celles qui sont estimées trop occasionnelles)

    Donc gigantesque Mea Culpa : 😳 le mildiou des cucurbitacées (Pseudoperonospora cubensis) existe bel et bien. Il attaque surtout le concombre mais peut poser problème sur les courgettes. Suffisamment en tout cas pour avoir des produits homologués et recensés sur la base e-phy du ministère de l’agriculture.

    😳 😳 😳 Promis : à l’avenir je ferais 7 fois le tour du net avant d’affirmer qu’un problème n’existe pas.

    Cela n’empêche que le mildiou (éventuel , possible parce que rare certainement dans le jardin amateur) des cucurbitacées ne peut contaminer des tomates ou d’autres plantes qui ne seraient pas de la même famille.

    J’vous laisse : je vais faire une petite cure d’humilité 😐

  12. Bonjour

    Tout d’abord je tiens à remercier Loïc de partager avec nous sa passion ; c’est vraiment un plaisir de vous lire et d’appliquer vos conseils

    Nous avons, mon mari et moi, fait construire il y a un peu plus de vingt ans une maison en bordure de prairies; aussi notre politique est “que nous devons adapter notre jardin à notre environnement plutôt que l’inverse”
    Nous n’utilisons aucun des produits fabriqués par pétrochimie!
    Nous ne luttons pas systématiquement contre les mauvaises herbes (nous sommes d’ailleurs la risée des voisins car nous gardons ce qu’ils appellent “les mauvaises herbes” excepté les chardons et le chiendent 🙂
    Nous débroussaillons, coupons, mais ne détruisons rien
    Les insectes sont chez eux dehors, donc nous les laissons, nous avons même installé un hôtel à auxiliaires dans notre carré d’aromatiques car nous déplorons l’absence de coccinelles depuis quelques années (les champs voisins sont peut-être traités?… ) nous envisageons de mettre des larves de coccinelles communes dans cet hôtel fin août…pouvez vous me dire , s’il vous plait, si c’est le bon moment pour le faire ?

    D’autre part, nous utilisons des œillets d’Inde pour éloigner les insectes ravageurs, et des capucines pour détourner les pucerons des haricots; partout dans le jardin nous avons semé des soucis et autre fleurs pour attirer les abeilles….qui leur préfèrent pour le moment notre vigne vierge 😉

    Vous parlez dans ce sujet des “erreurs de nos Grands Parents jardiniers”: ma Grand Mère roulait un fil de cuivre autour des pieds de tomates pour lutter contre le mildiou, j’applique cette méthode qui me parait naturelle et qui est efficace; mais est-ce dangereux pour nos amies auxiliaires????

    Par ailleurs, mon gazon (enfin “pré”) et mon compost sont envahis de fourmilières; je sais que les fourmis sont utiles au jardin mais serait-il possible d’en limiter le nombre sans nuire à l’environnement?

    je vous remercie de m’avoir lue, et d’avance de vos éventuelles réponses

    bon jardinage, si toutefois vous avez un temps plus clément que chez nous (10° ce 16 juillet dans l’Ain )

    1. Bonjour Helimi,

      il y a beaucoup de choses dans votre message !

      Tout d’abord les “erreurs” de nos grands-mères et le fil de cuivre (qui est un exemple typique)

      Je ne voulais pas vraiment pointer les erreurs de nos arrières grand-mères. Elles faisaient comme elles pouvaient : leur but étant d’éradiquer la moindre bestiole, la moindre herbe. Avant la seconde guerre mondiale, les jardiniers utilisaient des techniques ou produits empiriques parce qu’ils ne connaissaient pas la biologie des ravageurs et maladies et donc ils ne pouvaient pas vérifier/comprendre comment le produit appliqué fonctionnait.
      Mais depuis, nous avons pouvons facilement avoir ces informations. ce que je déplore dans mon billet d’humeur c’est que sous couvert de pratiquer un jardinage biologique, on balaie ces informations pour revenir à des méthodes et produits empiriques qui sont tout sauf naturelles et respectueuses de l’environnement.

      Reprenons notre fil de cuivre. On sait depuis le 19ème que le cuivre a une action sur les champignons. Les jardiniers se sont dits qu’en transperçant un plant de tomate avec un fil de cuivre, ce métal allait se propager dans la plante par la sève (qu’il serait systémique) et qu’ainsi la tomate résisterait aux attaques de mildiou. Tout le monde le faisait et le recommandait, donc ça marchait, non ?

      Et bien non ! Je sais que c’est décevant mais cette méthode ne peut absolument pas marcher.

      Le mildiou de la tomate est un champignon. Il est présent dans le sol sous une forme que l’on appelle oospores, c’est à dire qu’il est là enkysté, prêt à devenir actif lorsque les conditions climatiques deviennent favorables. A savoir : une humidité importante et de la chaleur (mais pas trop). Si celles-ci sont réunies, les spores du mildiou se dispersent dans le jardin, arrivent sur les feuilles des tomates. Là elles ont un besoin absolu d’une goutte d’eau pour pouvoir germer et pénétrer dans la feuille. Elles vont s’y étendre et fructifier, envoyer des spores qui vont contaminer de nouvelles feuilles…
      Quand on applique de la bouillie bordelaise, le cuivre forme un film sur la feuille qui empêche (limite) la germination des spores du mildiou. Le traitement au cuivre n’est donc que préventif.

      Voilà pour la biologie. Les conséquences pratiques sont :
      – Le mildiou n’est pas transporté par la pluie. Il est potentiellement là dans le potager. Mais c’est la pluie qui permet la contamination donc en période d’attaque de mildiou, quand il fait chaud et que l’orage menace il faut appliquer la bouillie bordelaise. S’il fait un cagnard pas possible, il n’y aura pas d’attaque et il est inutile de traiter. Si les feuilles sont encore toutes bleues du traitement précédent , inutile d’en rajouter.

      – Le fil de cuivre dans le pied de tomate c’est comme si l’on se mettait un fil de fer dans le bras pour lutter contre l’anémie ! Cela ne sert à rien : le fil de cuivre ne libère pas de molécules de cuivre. Et quand bien même le ferait-il que celles-ci ne sont pas systémiques. La seule efficacité du cuivre c’est de faire une barrière physique contre les spores des champignons.

      Maintenant, contrairement aux jus de nicotine, chaux et autres cochonneries maisons mais chimiques, le fil de cuivre n’a aucun impact sur l’environnement. S’il est enroulé autour de la plante, il ne lui fait aucun mal. Par contre transpercer celle-ci avec crée une blessure inutile et qui peut être une porte d’entrée pour les champignons !

      Décevant non, ce décryptage scientifique ?

      Guylaine

      1. Bonjour Guylaine

        je vous remercie pour votre réponse et vos explications et: non, je ne suis pas déçue, j’apprends beaucoup de choses sur ce blog et même si mon fil de cuivre n’est pas efficace au moins je suis maintenant certaine qu’il ne peut pas être nuisible c’est déjà ça 😉

        Vous dites que le fil de cuivre entouré autour de la tige des pieds de tomates n’est pas utile contre le mildiou …. je veux bien vous croire, je ne suis pas spécialiste, loin de là, mais je suis intriguée par ce phénomène… pouvez vous me dire, sachant que l’année dernière mes pieds de courgettes qui étaient dans la même terre ont été attaqués par le mildiou et pas mes pieds de tomates ❓
        serait-il possible que ce soit grâce aux feuilles d’orties que je mets dans le trou avant de planter mes tomates? auquel cas je devrais peut-être faire la même chose pour tous les plants…

        j’espère ne pas être hors sujet et ne voudrais pas abuser mais auriez vous une réponse en ce qui concerne mon invasion de fourmis? Risquent-elles de faire des dégâts (galeries trop importantes, par exemple) ou puis-je toutes les laisser ?

        Merci à vous

        1. Bonjour helimidade,

          Non, non vous n’êtes pas du tout hors sujet !

          D’abord le mildiou.
          C’est un champignon phytopathogène. Qui se décline en plusieurs espèces , chacune attaquant une plante bien particulière et pas une autre : phytophtora infestans sur la tomate et (c’est l’exception qui confirme la règle) la pomme de terre, Bremia lactucae sur laitue, phytophtora capsici sur poivron… Ce qui veut dire des tomates atteintes de mildiou ne peuvent pas contaminer les plants de poivrons et vice versa.

          Vos plants de courgettes ne pouvaient absolument pas contaminer vos tomates…. tout simplement parce qu’elles n’avaient pas le mildiou. Cette maladie n’existe pas sur la courgette. Il s’agissait d’une autre maladie (Peut-être l’oïdium, un voile blanchâtre sur les feuilles qui se nécrosent et se dessèchent).

          Revenons aux méthodes de prévention du mildiou. Présence d’oeillets d’Inde, feuilles d’ortie au fond du trou de plantation… autant d’astuces préconisées complètement inoffensives par rapport au jus de nicotine et autres cochonnerie. Maintenant leur efficacité… je ne me prononce pas dessus (juste que si “ça marche” ce n’est pas comme on croit). Mais ma réponse est simple : si vos tomates n’ont pas attrapé le mildiou c’est peut être bêtement parce qu’il n’y avait pas de mildiou ! Cela a été le cas l’an dernier chez moi : mes plants cultivés en bio, avec association de plantes et tout comme il faut n’ont pas été malades. Mais celles des voisins qui mettent engrais et produits chimiques non plus. Les conditions n’étaient pas favorable à la contamination par le champignon.
          Pour le fil de cuivre, après discussion avec une amie je précise : les ions de cuivre ne tuent pas les champignons. Simplement ils font une barrière physique qui empêche le champignon de pénétrer dans la plante. Donc un fil de cuivre, même si les ions métalliques migraient dans la sève n’auraient aucun effet sur le champignon une fois qu’il a pénétré dans la plante.

          Pour les fourmis maintenant
          Dans mon jardin aussi il y en a particulièrement beaucoup cette année. On ne pas toucher la terre sans trouver des oeufs et une flopée de fourmis. Mais elles n’ont strictement aucun impact négatif dans le jardin !! Vraiment ! Si vous avez des nids avec des monticules (dans mon émission de radio, les Souris Vertes, une auditrice nous a relaté cela) et que cela vous gêne, éventuellement aplatissez le tas. Pas en tapant dessus bien sur 😉 , mais en l’aplanissant doucement.
          En fait les fourmis ne me dérangent pas mais moi j’ai l’impression de les déranger chaque fois que je jardine 😆

          guylaine

          1. Merci encore à vous de partager votre savoir; je pensais, en effet, que mes courgettes avaient été atteintes de mildiou, je me coucherai moins bête ce soir 😳

            En ce qui concerne les fourmis, je garde donc mes petites travailleuses alors et vais en prendre soin 😉

            bon week-end à vous, je vais continuer ma balade sur le blog

  13. Marrant Armelle ta référence à la situation de Paracelse : “Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison”. C’est avec elle que l’on nous a accueilli mes petits camarades et moi en BTS Agricole de Protection des Cultures (l’horreur : je me voyais docteur des plantes, 2 jours j’ai compris que j’étais là pour devenir technico-commerciales de produits photo !).

    Pour reprendre ce que tu dis au final et résumer le message qui m’importe :

    contre les pucerons et autres bébêtes, le reflexe bio n’est pas de substituer à un produit chimique de synthèse (peut-être mal évalué je te l’accorde) un produit “maison” (pas évalué du tout ni sur le plan de l’efficacité sur sur celui de sa toxicité) MAIS DE NE PAS INTERVENIR DU
    TOUT .
    Sauf si besoin impérieux. Ce qui est possible (par ex le mildiou) mais rare. Comment vouloir que les coccinelles, syrphe et autres auxiliaires boulottent les pucerons s’ils ont été dégommés par les fameux remèdes maison ?

  14. Bon, je me lance pour le premier commentaire. Je pense comme toi Guylaine que certains principes actifs (de la chimie de synthèse ou naturelle) sont dangereux voire mortels non seulement pour les parasites mais aussi auxiliaires ou utilisateur. Mais c’est la dose qui fait le poison. Perso, je pense qu’il y a un facteur économique séduisant à faire ses propres produits. De la Javel, des mégots, du savon, tout le monde en a…on rejoue au petit chimiste. Moi, j’ai évité d’acheter un insecticide bio pour lutter contre les cochenilles de mes orchidées en ayant vu sur le flacon que le composant essentiel était de l’huile de colza.J’ai donc utilisé l’huile dont je me sers pour la vinaigrette.
    J’ai un lointain souvenir d’avoir pulvérisé des mauvaises herbes avec du Round-up (et oui, ça m’est arrivé) et d’avoir été patraque pendant des jours…
    Tu diras que je suis méfiante mais je pense que certains produits du commerce ne sont pas forcément aussi sécurisés que l’on essaie de nous le faire croire. Il est facile et c’est couramment pratiqué dans l’industrie chimique (chimie des médocs comme des produits phyto) de changer les normes comme il convient pour donner ce sentiment de ‘principe de précaution appliqué’.
    Ayant investigué sur un tout autre sujet, j’ai pu constater avec stupeur que les fabricants de lampes fluo-compacts méconnaissaient la teneur précise de mercure que celles-ci contenaient et étaient dans le déni de sa dangerosité potentielle (en cas de bris ou du recyclage). J’ai eu des réponses en microgrammes et en milligrammes, un facteur mille d’écart, c’est dingue non?
    Pour le jardinier, le mieux est le principe d’abstention. Et aussi de faire comme pour sa santé personnelle, soigner le terrain pour éviter les attaques. La suppression d’une plante trop malade ou parasitée me semble une bonne option.
    Le sujet est en tout cas passionnant même si ouvert à de potentielles polémiques. Je rapproche toujours la santé du végétal et celle de l’humain, voyant toujours avec étonnement des adeptes du jardin bio se bourrer eux-mêmes de médocs ou d’équivalents alternatifs à la mode sans plus de réflexion que ça.
    Affaire à suivre…

Jardiner debout