Autonomie alimentaire : le guide pour tout comprendre

Saviez-vous que l’autonomie alimentaire n’est pas la même pour tout le monde ? Malheureusement, beaucoup de fantasmes circulent autour de cette notion. Je m’en suis rendu compte au travers des formations que je propose, et j’aimerais vous aider à y voir plus clair. Pour vous permettre de construire votre propre définition de l’autonomie alimentaire familiale, découvrez dès maintenant mon cheminement et comment je définis la mienne.

Qu’est-ce que l’autonomie alimentaire ?

Une base pour l'autonomie alimentaire, les pommes de terre
La pomme de terre est sans aucun doute une base pour le régime alimentaire d’une famille autonome

Avant tout, une petite définition s’impose : liée aux exploitations d’élevage, l’autonomie alimentaire est définie comme le rapport entre les aliments produits sur l’exploitation et les aliments consommés par le troupeau. C’est cette base qui m’a permis d’élaborer ma propre définition de l’autonomie alimentaire, afin de mieux l’évaluer par la suite.

Une autonomie alimentaire familiale comparable au fonctionnement d’une ferme

Pour simplifier les choses, voici ce que j’entends par autonomie alimentaire familiale : imaginons que votre famille c’est le troupeau, et votre terrain et votre maison correspondent à la ferme. Votre niveau d’autonomie est donc égal à votre alimentation produite, tout en étant compatible avec une santé durable. Il suffit ensuite de diviser le tout par votre alimentation consommée plus ce qui est nécessaire pour la produire.

Définir son autonomie alimentaire grâce à une équation

Vous êtes perdu ? Accrochez-vous encore quelques instants avec cette équation qui vous aidera à tout comprendre ! Comme dans toute formule mathématique, il faut raisonner avec la même unité pour que l’équation soit cohérente.

Le niveau d’autonomie étant un rapport entre deux variables, on peut donc parler en pourcentage. Il faut ensuite trouver une unité commune pour le numérateur et le dénominateur, et c’est ici que les choses se compliquent. Pour l’instant, si on met la notion de bonne santé de côté, l’alimentation produite peut être exprimée en kilogramme, en kilocalorie, ou en équivalent monétaire. Le dénominateur (ce qui est nécessaire pour produire l’alimentation consommée) peut également s’exprimer en équivalent monétaire pour plus de simplicité.

Si vous êtes à l’aise en mathématiques, voici la formule de l’autonomie alimentaire qu’on obtient : Niveau d’autonomie alimentaire en % = valeur de l’alimentation produite en € / valeur de l’alimentation consommée + ce qu’il faut pour la produire en €

En résumé, si vous êtes en dessous de 100 %, vous dépensez de l’argent pour votre alimentation, donc vous n’êtes pas autonome. À 100 %, vous êtes autonome, et au-dessus, vous êtes excédentaire.

L’importance du régime alimentaire pour tendre vers l’autosuffisance

Dans une recherche d'autonomie alimentaire, les légumes sont le pl.us facile a produire
Les légumes est sûrement la part de l’autosuffisance la plus facile a produire

Maintenant que nous avons vu la théorie, il faut appliquer cette formule sur une journée. Pour estimer au mieux votre autonomie alimentaire, il est primordial de passer en revue toutes vos habitudes alimentaires.

Nos modes de consommation sont-ils incompatibles avec l’autonomie alimentaire ?

L’idéal, c’est d’éplucher votre journée alimentaire type, repas par repas. À titre d’exemple, voici la composition de mes assiettes :

  • Le petit-déjeuner : flocons d’avoine mélangés avec quelques raisins secs, un peu de poudre de cacao, une banane, le tout chauffé dans du lait de riz. En bref, mon niveau d’autonomie alimentaire est proche de zéro pour le petit-déjeuner, puisque je suis incapable de produire ces aliments.
  • Le déjeuner : des lentilles avec des carottes, de l’ail, des oignons et deux œufs durs. Comme nous sommes en avril, rien ne vient de mon potager. Mon niveau d’autosuffisance alimentaire est donc toujours proche de zéro.
  • Le dîner : c’est la même chose que pour le repas du midi.

Ces simples exemples nous montrent bien que nous sommes nombreux (que ce soit les individus, les collectifs, les communes, les régions ou les pays) à être très loin de l’autonomie alimentaire. Certains tirent même la sonnette d’alarme en nous alertant sur l’insécurité alimentaire. Si vous voulez en apprendre plus, n’hésitez pas à télécharger le livre de Stéphane Linou sur la résilience alimentaire.

Revoir nos habitudes alimentaires pour se rapprocher de l’autonomie alimentaire familiale

Comme nous l’avons vu avec mon régime alimentaire sur une journée, je ne produis pas une grande partie de ma nourriture. Et c’est justement sur ce point que ça coince ! Si nous voulons améliorer le coefficient de notre autonomie, il ne suffit pas de faire croître notre production : il faut aussi diminuer la consommation des aliments que nous ne pouvons pas produire. Malheureusement, nos mauvaises habitudes alimentaires sont bien ancrées. Quoi de plus facile que de verser des céréales toutes prêtes dans un bol de lait, pour les manger en toute vitesse avant de partir au travail ?

Sachez que le concept d’autonomie familiale est surtout un argument marketing déconnecté de la réalité. On promet souvent (et moi le premier d’ailleurs) des potagers luxuriants qui permettraient de se rapprocher de l’autosuffisance. Les méthodes d’optimisation de la production sont également de plus en plus vantées. Le problème ? On en oublie complètement le dénominateur : l’alimentation que nous consommons !

Finalement, le facteur le plus difficile à faire évoluer dans l’équation, c’est bien notre régime alimentaire. Il faudrait revoir toute notre alimentation afin qu’elle puisse correspondre à ce que nous sommes en mesure de produire : adieu les bananes et le cacao pour le petit-déj’ ! Est-on prêt à franchir cette étape pour l’ensemble de notre alimentation ?

Quelle est la réelle fonction de notre alimentation ?

Vous l’avez compris, la recherche d’une autonomie alimentaire impose de revoir en profondeur notre régime alimentaire. Toutefois, ce changement n’est pas si facile à mettre en place. En effet, notre alimentation répond aujourd’hui plus à un besoin psychologique (compensation face au stress, juguler les angoisses, apaiser un mal-être…) qu’à un besoin physiologique. On ne se nourrit plus seulement pour être en bonne santé, mais aussi pour répondre à nos émotions. Avant d’être autonome en nourriture, il est donc important de remettre en question notre propre fonctionnement. Sinon, au vu de nos capacités de production familiale, il est bien évidemment impossible de produire une alimentation à vocation psychologie.

À quoi ressemblerait le régime alimentaire d’une famille autonome ?

Pour plus de précisions, n’hésitez pas à lire le dossier complet de Fermes d’avenir sur l’autonomie alimentaire. Découpé en 3 parties, il répondra à toutes vos questions : Quels sont nos besoins alimentaires ? Comment nourrir durablement les humains ? À quoi ressemble une ferme autonome ? Vous y retrouverez toutes ces informations.

Quelle est la part de la viande dans un projet d’autosuffisance alimentaire ?

Si vous voulez tendre vers une autonomie alimentaire familiale, la question des produits animaliers dans votre régime est capitale. Vous mangez de la viande à tous les repas ? Vous commencez d’emblée avec une valeur importante dans votre équation ! En effet, en additionnant la valeur de votre alimentation carnée et la valeur de ce qui est nécessaire pour produire cette viande, l’équation est difficile à équilibrer.

L’élevage de quelques poules semble à notre portée, mais ce sera beaucoup plus compliqué si vous comptez manger du poulet à tous les repas ! Rien qu’avec un poulet par semaine, il vous faudra un élevage d’une cinquantaine de poulets qui vous demandera un investissement considérable de départ. De plus, vous allez devoir acheter une quantité importante de céréales, puisque vous ne serez pas en mesure de produire la quantité nécessaire à cet élevage. Dans une perspective d’autosuffisance alimentaire familiale, optez plutôt pour un élevage d’une douzaine de poulets et de quelques poules pondeuses.

Que faudrait-il cultiver en situation d’urgence ?

Comme nous l’avons vu, il est nécessaire de remanier la notion de plaisir dans notre alimentation. Plutôt que de chercher à produire la nourriture qui nous fait plaisir, ne vaut-il pas mieux adapter notre projet ?

Pour répondre à une situation d’urgence, les besoins ne seront pas les mêmes et nos plaisirs alimentaires sont mis à rude épreuve. Selon moi, la production de céréales (blés, orge, seigle, etc.) n’est pas indispensable dans ces conditions, puisqu’elle est plus adaptée à l’autonomie alimentaire collective. En revanche, le maïs peut être envisageable. Dans l’idéal, il faudrait se concentrer sur :

  • Les oléagineux (noix, noisettes, graines de courge, de tournesol, de pavot, de colza…)
  • Les fruits et légumes (pommes, poires, raisins, carottes, oignons, poireaux, céleris…)
  • Des tubercules comme les pommes de terre ou les châtaignes
  • Des choux (chou-fleur, brocolis, navets, rutabagas…)
  • Les légumineuses (haricots, petits pois, fèves)

Pour vous proposer cette liste, je me suis appuyé sur le dossier de Fermes d’avenir, en supprimant simplement les céréales.

Pourquoi devrait-on être autonome en nourriture ?

Si l’autonomie alimentaire a le vent en poupe, c’est en grande partie dû au contexte anxiogène de nos sociétés. Que ce soit pour compenser la chute à venir de nos sociétés, ou pour faire face à une notion d’urgence, cette sécurité alimentaire est là pour réduire d’éventuelles pénuries de denrées alimentaires de base. Le but principal étant de nous maintenir en bonne santé, tout en répondant à nos besoins physiques.

Bien évidemment, l’autonomie alimentaire ne s’envisage pas seulement sous le prisme de la peur. Elle peut aussi être l’occasion de faire évoluer durablement la société vers un mode de consommation plus éthique et soucieux de l’environnement. Mais avant de tendre vers ce modèle, il faut être serein sur la question de la sécurité alimentaire. Peut-on vraiment compter sur l’État pour assurer cette sécurité ? Dans ce contexte, faire le choix d’un modèle autonome en nourriture me semble opportun.

Comment vivre de façon autonome sans jardin ?

Vous n’avez pas ce qu’il faut pour produire vos propres légumes ? Vous ne voulez pas renoncer à votre autonomie alimentaire ? Rassurez-vous, il existe plusieurs solutions !

Se rapprocher des producteurs locaux

Le premier réflexe à avoir serait de vous rapprocher des producteurs et d’adhérer aux AMAP de votre région. Votre niveau d’autonomie sera bien meilleur si vous êtes dépendant de producteurs proches de chez vous, plutôt que de sociétés délocalisées. Si vous n’avez pas de terrain, mais que vous visez une autonomie en légume, vous aurez plus de chance d’y parvenir en vous adressant à un maraîcher. Eh oui, le supermarché du coin ne vous sera pas d’une grande aide !

Favoriser les circuits courts

Vous n’êtes pas en mesure de vous rapprocher des producteurs ? Essayez au moins de faire vivre les producteurs locaux par votre pouvoir d’achat. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le niveau d’autonomie collective est influencé par ce type d’action. Pour faire simple, retenez ceci : si mes voisins, ma commune, ma région ou mon pays ont un quotient d’autonomie élevé, alors mon propre niveau d’autonomie augmente automatiquement.

Profiter des jardins partagés

De plus en plus de villes et de villages proposent des jardins à louer, qu’on appelle aussi jardins ouvriers. C’est un premier pas vers une consommation plus durable : vous commencez à cultiver un peu de terre pour produire vos propres légumes, même si elle ne vous appartient pas. Ces jardins n’existent pas dans votre ville ? Ne baissez pas les bras ! Formez un collectif et cherchez des terres en friche ou des prairies non exploitées autour de chez vous.

Ce qu’il faut retenir sur l’autonomie alimentaire

Si chacun se responsabilise sur cette question, nous pourrons accéder plus facilement à une sécurité alimentaire !

  • Au centre, nous avons l’autonomie alimentaire familiale d’urgence (celle qui me convient le mieux)
  • Juste après, nous avons le cercle de l’autonomie de ma commune
  • Et le dernier cercle concerne l’autonomie de mon pays

Tout ce que vous avez pu lire ici correspond à ma propre définition de l’autonomie alimentaire. Finalement, je la vois comme une succession de cercles :

Si chacun se responsabilise sur cette question, nous pourrons accéder plus facilement à une sécurité alimentaire !

Alors, avez-vous réussi à construire votre définition pour mieux évaluer votre autonomie ?

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Réponses

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  1. La réflexion traduite en cercles concentriques autour de l’autosuffisance le va’ bien.
    On peut aussi remplacer les céréales par une tartine de beurre et de confiture … sourire

Formez-vous en vous amusant pour récolter l’abondance dans votre potager

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