Comment améliorer vos récoltes grâce à la pollinisation

Je suis Jérôme BOISNEAU, maraîcher Bio, apiculteur et auteur du Blog sur l’apiculture : MaPremièreRuche.com et Loïc m’ont proposé d’écrire cet article sur le rôle capital de la pollinisation pour vos récoltes.

Au jardin, la plupart des légumes sont des fruits !

Du point de vue du cuisinier, la courgette est un légume, mais au vu du botaniste, c’est un fruit : l’organe de la plante au sein duquel elle a caché ses précieuses graines, lui permettent de se reproduire.

Autour de ces graines investies d’énergie, la plante fabrique la chair du fruit, un régal sucré pour les gourmands !

L’objectif de la plante est de faire manger ses fruits afin de disséminer sa descendance un peu partout. Autour de cette chair, la peau sert de protection à l’ensemble, tout en rendant le fruit attirant. Si les graines ne sont pas fécondées, la plante abandonne ses fruits en formation : on parle de fleur avortée ou coulée, au stade de la “nouaison“.

Si beaucoup de plantes perdent ainsi toute la fleur, d’autres, comme la courgette ou la fraise se comportent différemment.

  • La courgette va garder quelques jours son ovaire non fécondé et le faire grossir un peu. Mais elle se rendra vite compte que cela ne sert à rien et arrêtera tout, pour donner des “courgettes pointues”. Elles ne grossiront pas plus et vont flétrir si on les laisse sur le pied d’où la nécessité de passer à la cueillette.
  • Les fraises : chaque fleur de fraise est composée de centaines de micro-fleurs assemblées, comme pour les pâquerettes, en un cœur jaune et pétales blancs. Seules les micro-fleurs fécondées grossiront vraiment. Parfois on trouve au jardin des fraises déformées, à cause de la pluie stoppant la pollinisation. Quand la micro-fleur se transforme en fruit, seule la chair rattachée à des graines fécondées se gorge d’eau et de sucre.

La fécondation est complexe et connaît des variantes innombrables. Elle peut être :

  • Autogames : les gamètes mâles fécondent les gamètes femelles d’une même fleur (cas de la tomate) ;
  • Allogame : fécondation croisée nécessaire :
    • Soit entre deux fleurs d’une même plante,
    • Soit entre deux fleurs de plantes différentes mais de même variété,
    • Soit entre deux plants de variétés différentes. Les pommiers ont souvent besoin d’être fécondés par une autre variété donnant des petits pommiers à fleurs (genre pommier du Japon) dans les grands vergers,
    • Soit entre des pieds mâles et d’autres femelles comme l’actinidia, qui donne des kiwis.

On distingue dans les allogames :

  • Les anémogames qui se chargent de transporter le pollen par le vent.
  • Les entomogames qui nécessitent un insecte jouant le rôle de taxi.

Comment font les maraîchers pour optimiser les récoltes ?

La fécondation est primordiale pour avoir de belles récoltes. Au début du printemps, les insectes n’existent pas en nombre pour faire le boulot alors les maraîchers rusent.

  • Ruse N° 1 : tous les ans ils achètent une ou plusieurs ruchettes de bourdons (entre 50 et 100 €) mises à l’intérieur de grandes serres,
  • Ruse N° 2 : les variétés autogames (tomates) poussant sous serre, ne bougent pas assez à l’abri du vent. Des vibreurs sont posés pour faire trembler les fleurs optimisant ainsi la fécondation.
  • Ruse N°3 : La parthénogenèse. Derrière ce mot barbare se cache le principe de l’auto-fécondation. Et certaines fleurs, normalement entomogames, sont devenues par sélections successives et hybridation, parthénocarpiques. Elles n’ont donc plus besoin d’insectes. Exemple la courgette Parténon F1 (obtention Hilde Samen), que j’achète en bio chez Agrosemens,
  • Ruse N°4 : Disposer de tellement d’abeilles aux alentours, de manière à garder celles qui restent (ce qui est le cas les jours de pluie au début du printemps) pour féconder la serre. Ruse que je privilégie désormais.

Et vous, comment améliorer vos résultats ?

Dans un jardin, même avec serre, on se passera facilement des 2 premières ruses (bourdons et vibreurs). En revanche :

  • Si vous voulez des courgettes précoces, essayez la “Parténon F1”. Elle a tous les inconvénients d’une hybride, mais aussi ses avantages (précoce et très forte production si elle a de quoi “boire et manger”).
  • N’hésitez pas à « secouer » un peu vos plants, vous aiderez les autogammes.
  • Accueillez le plus possible de biodiversité dans votre jardin (Loïc l’a déjà dit, mais c’est vraiment très important). Jardinez avec « zéro phyto », même pas d’anti-limaces, ni celui autorisé en Bio, afin de ni perturber le milieu, ni engendrer des déséquilibres incontrôlables.
  • Posez un toit au-dessus des fraisiers, framboisiers, et autres petits fruits, ainsi ils ne prendront pas la pluie, et seront mieux butinés.
  • Adoptez des abeilles. Contrairement à ce qu’on pense, avoir une ruche dans son jardin, même en ville, c’est plutôt facile. Et de toutes ces ruses, c’est celle que je préfère. Et de loin. Car en plus de féconder parfaitement mon jardin, les abeilles me donneront du miel durant l’été, de la propolis pour me soigner et du pollen pour ma santé. Les observer travailler reste fascinant.

A cet effet, j’ai aménagé une « fenêtre » à l’arrière des ruche et en ouvrant leurs volets, je les vois sans les déranger. Je peux donc les observer avec mes enfants sans avoir besoin d’enfiler la tenue de protection (à condition de respecter quelques consignes simples et rapides à apprendre aux enfants). J’explique sur mon blog comment commencer facilement l’apiculture.

Enfin, en m’adressant à tous ceux qui n’ont pas encore de légumes dans leur jardin, mais qui ont la chance d’avoir un petit morceau de pelouse, transformez ce magnifique désert vert en jardin luxuriant ! Franchissez le premier pas grâce à Loïc et soyez fiers de manger vos propres légumes : les meilleurs !

A bientôt, ici ou ailleurs, et merci à Loïc pour tous les conseils qu’il partage ici, et pour son accueil.

Jérôme BOISNEAU, de MaPremiereRuche.com

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