Premier potager : 8 étapes incontournables pour bien le créer
Vous avez décidé de franchir le pas et à présent vous êtes sûr de vouloir créer votre premier potager. Fini les légumes sans goût des grandes surfaces. Finis les pesticides. Maintenant, vous voulez pour vous et votre famille des légumes avec une réelle valeur nutritive et une saveur qui va vous réconcilier avec la nourriture végétale.
Même si vous êtes débutant, sachez que le chemin du jardinier peut vous réserver quelques déconvenues. Mais dans l’ensemble, le potager vous apportera bien plus que des paniers de légumes sains et savoureux. Le potager est aussi une nourriture pour l’âme. Alors, pour que vous ayez le temps de vous en rendre compte et vous éviter d’abandonner au bout d’une saison parce que les récoltes ne sont pas au rendez-vous, ma mission est de vous donner les principales clés de la réussite.
1- Quel est l’objectif de ce premier potager ?
Avant de sortir la pelle et la pioche pour retourner la terre de votre jardin, prenez le temps de vous poser quelques questions qui vous éviteront bien des désillusions. Pourquoi voulez-vous créer ce premier potager ? quels sont vos objectifs ? Vous voulez sûrement -en priorité- manger des bons légumes et en faire profiter toute votre famille ! Mais avez-vous une idée de la quantité de légumes que vous pouvez manger par semaine ou par mois ? Selon que vous êtes plutôt « viandivore » ou « légumivore », la surface de ce potager ne sera pas la même. Mais nous y reviendrons un peu plus loin. J’imagine qu’à travers ce potager, vous cherchez une activité loisir à faire en famille. A moins que vous ayez pour ambition d’assurer toute la production végétale de la famille pour faire des économies sur le budget nourriture.
Visualisez votre potager idéal
Bref, soyez clair sur ce que vous attendez de ce premier potager. Essayez de vous projeter au plus loin dans le futur pour visualiser ce potager idéal ? Laissez aller votre imagination et vos envies. Ici l’idée, c’est d’enlever les limites ! Rassurez-vous, la réalité vous rattrapera très rapidement. Plus vous exprimerez précisément vos attentes, plus vous pourrez créer ce potager sur mesure et l’adapter pour qu’il vous donne entièrement satisfaction. Par exemple, l’aspect esthétique est peut-être important pour vous ! Donner un petit coup de pouce à la biodiversité en souffrance vous tient à cœur. Cette première phase de réflexion va vous permettre de créer la feuille de route que vous n’aurez plus qu’à suivre quand le projet sera parfaitement clair dans votre esprit. C’est ce que j’appelle l’objectif SMART.
Sans entrez trop dans le vif du sujet, voilà deux exemples. Le premier est un objectif courant qui a toutes les chances de vous mener à l’échec. Je projette de faire le tour du monde. Le second qui est un objectif smart s’exprime de la façon suivante. Je vais faire le tour du monde en 6 mois durant l’année 2022. Je visiterai des pays comme la Chine, le Pérou et le Mexique à bord d’un véhicule tout terrain. Vous voyez la différence ! Le premier vous donne beaucoup plus d’opportunités de ne pas le réaliser. Si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, je vous invite à suivre ma formation gratuite « préliminaires au potager ». Cette formation vous donnera toutes les clés pour partir sur des bases solides.
2- Quelle surface consacrer à ce premier potager ?
Une fois que votre feuille de route est établie et que vous êtes au clair sur le potager de vos rêves. Il faut maintenant trouver comment l’inscrire dans la réalité. Peut-être avez-vous imaginé un potager ambitieux, en visant l’autonomie alimentaire par exemple.
Seulement à ce jour, vous êtes encore débutant et sans expérience, alors certes votre objectif est ce potager autosuffisant mais vous n’allez pas commencer par là. Vous allez devoir découper votre projet en étape si celui-ci est trop ambitieux. Voilà un exemple avec mon premier potager en carré entre 2012 et 2014. Regardez comme ma première étape est petite ! Seulement quatre carrés de potager de 1,20 m de cotés.
Commencer petit
Je vous recommande de commencer vraiment petit ! Prenez le temps au moins une saison pour découvrir cette nouvelle activité. Vous allez peut-être déchanter et vous rendre compte que finalement, le potager ce n’est pas fait pour vous. Ou au contraire, cette première expérience va venir renforcer votre goût pour le jardinage et vous motiver pour passer aux étapes suivantes.
Sans parlez encore de méthode de jardinage, pour commencer, je vous conseille de créer ce premier potager sur une surface comprise entre 10m2 et 20m2. Dans le cas en images que je vous présente, les 4 carrés de potager avec les allées autour occupent une surface de 25m2. Juste en passant, pour vous faire prendre conscience que la méthode choisie est importante. 25m2 de surface utilisée pour 5,6 m2 de surface cultivée. Le potager en carrés utilise beaucoup de place avec ses allées. Mais on y reviendra plus loin.
3- Choisir l’emplacement du potager
Maintenant que l’on a une idée de la surface que l’on va consacrer à ce premier potager, il faut déterminer le meilleur emplacement ! Cette simple question demande à elle seule qu’on lui consacre un article entier. Cliquez ici. Je vais quand même tenter de vous résumer l’essentiel dans ce chapitre. En premier lieu, ne choisissez pas l’emplacement du potager en fonction des zones de votre terrain disponible ! Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faudra pas hésiter à déplacer un massif de fleurs s’il se trouve sur l’emplacement idéal. Pareil pour un arbre ! Soit vous trouvez comment l’intégrer au potager, soit vous le taillez sévèrement s’il fait trop d’ombre, soit vous le supprimez. Regardez, dans mon potager en carrés comme les pommiers ont été intégrés. Si j’avais eu des chênes à la place, l’intégration n’aurait sûrement pas été possible.
5 critères importants pour choisir l’emplacement de votre premier potager
La priorité pour déterminer le meilleur emplacement de votre potager privilégié :
- La proximité : Trouvez une place au plus près de votre maison ou sur le chemin entre l’entrée de votre terrain et votre maison. En permaculture, on dit que le potager doit être sans la zone 1. C’est-à-dire une zone à laquelle on va souvent rendre visite.
- L’ensoleillement : Bien évidement c’est le critère fondamental. Trouvez l’emplacement qui reçoit le plus de soleil tout au long de la journée. Autant il est possible d’apporter de l’ombre à des plantes qui souffriraient de la chaleur, autant apporter de la lumière et de la chaleur c’est complexe.
- La chaleur : Si vous avez le choix entre les zones ensoleillées, comparez-les quand le soleil se couche. Quelle zone reste la plus chaude la nuit ?
- Le vent : C’est le facteur que l’on néglige souvent ! Pourtant, le vent est un élément qui va limiter la croissance de vos plantes en refroidissant la zone et en l’asséchant.
- Le sol : Bien que ce critère soit déterminant dans la réussite de votre potager. Je vous le propose en dernier car c’est un critère que l’on peut faire évoluer.
4- Quelle est la nature de votre sol ?
Justement, il est temps de parler du sol de l’emplacement que vous avez choisi. C’est le moteur de votre production. L’élément qui peut transformer un potager de misère en potager où tout pousse. Dans un premier temps, il faut l’observer et l’étudier au fil des saisons.
Est qui a tendance à retenir l’eau et à faire des flaques durant les fortes pluies. Est-ce qu’elle sèche rapidement en été ? Y a-t-il des plantes prédominantes qui occupent l’espace ? Pouvez-vous enfoncer facilement des outils comme la bêche et la fourche ? Lorsque vous creusez un trou, voyez-vous des vers de terre ? Est-elle à tendance sableuse ou plutôt argileuse. Y a-t-il beaucoup de cailloux ?
Beaucoup d’éléments qui vont vous permettre de décider si le sol d’origine de votre potager est un support de culture acceptable ! S vous avez cette chance d’avoir un sol prêt à recevoir les cultures, vous pouvez passer à l’étape suivante et choisir votre méthode de jardinage. Sinon, il faut passer par l’étape difficile de créer un support de culture favorable en passant par les amendements.
Selon que vous êtes plus ou moins pressé, l’étape de la création du sol peut s’envisager différemment. Avec de la patience et des apports réguliers de matière organique sous forme de paillage, vous allez pouvoir aggrader votre sol avec les années. Si vous voulez un sol fertile rapidement, il faut passer par des amendements importants. C’est-à-dire en apportant au moins 20cm de matière comme le compost sur toute la surface du potager. Là encore comme vous commencez petit, 20cm de compost sur 10m2 représente 2m3 de compost, soit un investissement approximatif de 50€.
5- Quelle sont vos ressources ?
Voilà un nouveau paramètre à faire entrer dans l’équation ! Vos ressources ! Qu’est ce que vous êtes prêt à faire et à investir dans ce potager ? Ce potager peut vous demander un effort physique important lors de sa création. A titre d’exemple, si vous voulez cultiver dans un potager surélevé pour jardiner debout et ne plus avoir à vous baisser, la création des bacs surélevés ainsi que leur remplissage va vous demander un investissement physique et financier plus important que si vous envisagez un potager plus traditionnel. Dans la question du sol, je vous parle d’acheter 50€ de compost. Etes-vous prêt à faire la même chose pour un potager de 100m2 et investir dans 500€ de compost. Dans la question des ressources, il faut aussi inclure la notion du temps. Combien de temps êtes-vous prêt à donner pour cultiver ce potager ? 1h par semaine, un week-end entier ?
6- Quelle méthode de jardinage ?
C’est seulement maintenant que l’on peut aborder la question de la méthode de jardinage. Toutes les questions préalables que je vous ai amenées à vous poser, vont orienter votre choix sur la méthode de jardinage. Le paramètre qui risque d’influencer le plus votre choix est la nature de votre sol. Si vous devez passer par l’étape de la création d’un support de culture parce que votre sol d’origine est impropre à la culture, alors le choix des planches de culture surélevées peut être judicieux. Seulement est-ce que ces planches de culture sont en adéquation avec vos ressources ? Avez-vous de quoi investir dans la fabrication des planches de culture surélevées.
A ce stade de la réflexion, on n’est pas encore dans le choix de la méthode pour cultiver nos légumes, on est dans le choix de l’architecture du potager. Selon la nature de votre objectif final, comme par exemple, assurer l’autonomie alimentaire de votre famille : dans ce cas, il conviendra de préférer de longues planches de culture plutôt que des carrés de potager. Ce qui veut dire que pour commencer dans la première petite surface allouée au potager, il sera préférable d’opter pour deux planches de culture de 1,20 par 3 ou 4m de long, plutôt que de choisir 4 carrés de potager comme j’ai pu le faire dans mon potager pour commencer. J’espère que j’arrive à me faire comprendre à travers cet exemple. En gardant a l’esprit l’objectif final de votre potager, dès le commencement de celui-ci, vous ferez les bons choix.
Pour définir une méthode de jardinage
Ne choisissez pas votre méthode de jardinage, en fonction de celle de votre voisin, ou parce que vous avez vu sur internet un potager qui vous fait envie. Dites-vous que votre contexte est sûrement très différent de celui de votre voisin.
J’aimerais ouvrir une parenthèse concernant les méthodes de jardinage : il y a beaucoup de confusion autour de ce terme et l’on a tendance à y ranger beaucoup de notions différentes. Pour moi, une méthode de jardinage doit a minima vous expliquer comment cultiver et organiser vos légumes dans la planche de culture qu’elle propose. Exemple, le potager en carré vous propose des schémas de plantation et de semis dans des carrés unitaires de 40cm de côté. Le tout agencé dans des planches de culture habituellement de 1m20 de côté.
Le potager en carrés est une méthode de jardinage. A l’inverse, le potager en lasagne est essentiellement tourné vers la création d’un support de culture et d’une planche de culture. Le potager en lasagne ne vous dit pas vraiment comment planter les légumes et comment les organiser dans la planche. Pour moi, une méthode de jardinage qui se voudrait complète, devrait dans un premier temps parler du support de culture qu’elle préconise. Ensuite parler de la planche de culture qu’elle préconise pour finalement proposer un plan d’organisation des cultures dans cette planche de culture.
7- Préparer le terrain du premier potager
A petit pas, on avance dans la mise en place de votre premier potager. Déjà, si vous arrivez jusque-là en ayant clarifier toutes les questions que je vous pose au début, alors vous avez fait le plus dur. On arrive à la question de comment préparer la zone qui va recevoir votre potager. Est-ce que vous êtes sur une pelouse ? sur une friche ? Bref, il faut éliminer toute la végétation présente. Pour réaliser cette étape, vous avez plusieurs solutions selon que votre sol est prêt ou non à recevoir les cultures. Voyons ça plus en détail.
Pour un sol prêt à cultiver
Si votre sol est un support de culture acceptable et que vous avez juste à éliminer la végétation, alors vous pouvez utiliser la méthode de l’occultation. Idéalement, il faut entreprendre cette opération en automne. Passez un coup de tondeuse ou de débroussailleur pour couper au plus ras la végétation et recouvrez toute la surface avec soit une bâche noire bien épaisse, ou mieux encore avec des cartons d’emballages recouvert de 20 à 30 cm de paille ou de foin. Durant tout l’automne et l’hiver, la faune du sol va manger et digérer toute la matière organique sous les cartons ou la bâche et vous aurez une terre prête à être travaillée au printemps.
Si vous avez manqué l’opportunité de l’automne pour préparer la zone, alors il va falloir vous retrousser les manches et désherber à la main ou plus précisément à la houe. L’idée est d’éliminer les racines de surface en décapant les premiers centimètres de sol.
Pour un sol impropre à la culture
Si votre sol n’est pas un bon support de culture et qu’il nécessite des amendements importants : dans ce cas, les amendements vont faire office d’occultation. Vous devez comme dans le premier cas, couper au plus ras la végétation en place et recouvrir toute la zone avec au moins 20cm d’amendement. Si vous envisagez d’utiliser moins de compost et limiter l’épaisseur, alors je vous recommande de commencer par recouvrir la surface de cartons d’emballage. Sans ça, les plantes les plus coriaces risquent de traverser votre compost.
8- La méthode de culture
Nous voilà enfin dans le chapitre qui nous intéresse avant tout. Comment semer, planter, et organiser nos cultures. Comme je vous le disais plus haut, le potager en carrés est une méthode complète qui vous propose des schémas de plantation et d’organisation. En tant que débutant, ne vous cassez pas trop la tête avec les associations et les rotations de culture. Au regard de l’importance du sol, si vous avez des ressources à consacrer à votre potager, focalisez-les sur l’aggradation du sol.
Dans un premier temps, contentez-vous de semer et planter en ligne une même variété de légumes. Essayez d’éviter de cultiver sur la ligne voisine une variété de la même famille. Autant je vous invite à simplifier l’organisation au sien des planches de culture, autant je vous incite à travailler la planification. Je m’explique.
Travailler votre planification des cultures
Le printemps est là et vous avez semé vos premiers radis. Qu’avez-vous prévu pour remplacer la culture des radis disons dans un mois ? Faites ce travail sur toute la saison. Vous trouverez facilement sur internet les périodes de culture pour vos légumes favoris. Plus vous apprenez tôt à enchaîner les cultures dans votre potager, plus vous rentabiliserez rapidement vos efforts. Cet enchaînement de culture peut s’envisager en combiné, c’est-à-dire que vous pouvez implanter la culture suivante alors que la première est encore en place.
Sur la photo sous serre, je sème mes carottes début mars, dans les planches de culture qui doivent recevoir les tomates. Durant trois mois, les carottes ont le temps de bien se développer et continueront de le faire en même temps que les tomates qui seront repiquées mi-mai. Le temps que les tomates soient suffisamment imposantes pour faire de l’ombre aux carottes celles-ci seront récoltées.
Pourquoi je ferais tout ça ? le potager c’est du plaisir
Huit étapes avant de pouvoir commencer à installer votre potager, ça peut vous sembler beaucoup de travail, surtout si vous comptez installer seulement trois ou quatre carrés de potager. On en revient à votre objectif ! Si vous voulez juste vous faire plaisir en semant quelques radis, et que vous n’envisagez pas vous faire prendre au jeu, alors faites au plus simple.
Pour tout ceux qui sentent la passion du potager les gagner, alors dites-vous que tous les temps que vous passez à penser votre potager sera largement rentabilisé au moment de passer à l’action.
Nous avons récemment emménagé dans une maison de campagne avec mon épouse. En tant que retraités, le jardinage est une passion à laquelle nous pouvons nous consacrer sans limite. Nous suivons régulièrement os articles et merci pour cet article complet. Nous envisageons de mettre en place un potager très bientôt grâce à vous !
Je ne savais pas par où commencer afin de prendre la bonne direction pour mon premier potager, alors merci infiniment pour vos conseils précieux, votre blog est vraiment sympa et j’apprends énormément de chose, merci pour vos partages.
Je souhaite offrir un stage d’intiation à la permaculture pour potager à mes enfants adultes.
Que proposez-vous? Quand, où? et à quel tarif / couple.
merci de me répondre.
Ch. Bouquet
Bonjour, désolé mais pour le moment je ne propose rien
Oui, merci pour cet article très complet. Comme tout projet de jardin (qu’il soit potager, ornemental, en pleine terre ou sur un balcon) il est essentiel de définir ses attentes et ses objectifs pour ne pas être déçu. C’est bien de rêver, mais il faut quand même rester réaliste et comparer ses ambitions à ses compétences et à son budget (temps et argent). Comme le potager est vraiment “une nourriture pour l’âme” (c’est tellement juste !), rien n’empêche de commencer modestement.
Amicalement
Valérie
Merci pour cet article très clair qui va à l’essentiel !